Dans les grandes enquêtes criminelles la gestion des fuites vers les médias peut constituer un atout considérable pour les protagonistes. Comme en France rien n’est véritablement appliqué autour du fameux secret de l’instruction on se retrouve avec des arrangements avec les principes qui fait que tout l’art des personnes impliquées consiste à ne pas se faire pincer dans ces « confidences interdites ». Les conférences de presse des Procureurs tentent d’enrayer cette propension à mettre sur la place publique des pans entiers de procédures réputées secrètes. C’est ainsi que récemment autour de la dramatique affaire de la petite Maëlys on assiste à une véritable guerre entre… la justice et la Gendarmerie nationale. Étrange situation que celle qui vient de conduire le Procureur de Grenoble à ouvrir (fait rarissime) une enquête pour violation du secret de l’instruction.
Or quand on fait l’analyse de la situation sur le plan légal on en arrive vite à soupçonner les enquêteurs puisque les journalistes auraient pu être concernés par une enquête pour recel de violation du secret de l’instruction. Ce n’est pas le cas ! Les avocats sont eux soumis au secret professionnel et on ne peut pas mettre en doute ce principe. Seuls les enquêteurs, les experts et les magistrats sont donc tenus au secret de l’instruction. L’affaire de la disparition, à la fin août lors d’un mariage à Pont-de-Beauvoisin (Isère), de la petite Maëlys ayant été confiée à des gendarmes, le nombre de suspects est donc déjà clairement délimité : ce sont eux qui sont dans le collimateur de la justice !
Tout commence quand l’AFP relaie l’annonce de l’ouverture, dans le cadre de l’affaire de cette disparition, d’une enquête pour « violation du secret de l’instruction en raison des multiples fuites parues dans la presse ». Et le procureur de la République de Grenoble n’y va pas par quatre chemins en précisant avoir confié l’enquête préliminaire à la direction centrale de la police judiciaire ! Une saisine tout sauf anodine : il déclare avoir des soupçons sur des fuites dans l’enquête « au niveau local et parisien, au niveau de la direction de la gendarmerie, de la section de recherches et de l’Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie (IRCGN) ». C’est précis et sans fioritures.
Le Procureur confie donc à la Police une enquête sur la Gendarmerie ce qui est vraiment peu banal ! Et ainsi évité les fameuses enquêtes internes qui ne débouchent que rarement sur des coupables identifiés ! Confier cette enquête sur des gendarmes à un service judiciaire de la police nationale est cependant un signal clair de défiance à l’égard du système actuel. En fait ces fuites constituent un vrai handicap pour le processus judiciaire puisque le suspect est plus ou moins directement informé sur les éléments en possession des enquêteurs.
Le patron de la gendarmerie, le général Richard Lizurey, a qualifié, de « scandaleuses » les « accusations péremptoires » du procureur de Grenoble. « On est déjà condamné avant même qu’il y ait enquête. Mes enquêteurs, jusqu’à preuve du contraire, n’ont pas fait de fautes », a-t-il ajouté. Ce qui promet une explication musclée dans les jours à venir. On en arrive à une situation de conflit qui risque de rendre justement l’affaire encore plus symbolique du malaise actuel dans ce type d’affaire. Le Procureur affirme de son coté qu’il « ne met pas en cause l’enquête des gendarmes », mais qu’il considère, simplement qu' »il ne doit pas y avoir de fuite dans une enquête comme celle-ci, sinon, on assiste à n’importe quoi ». « Si les auteurs sont identifiés, il y aura des sanctions », a-t-il averti. Le torchon brûle et ces envolées médiatisées laisseront des traces durables.
En fait tout est parti d’une révélation concernant l’existence d’une photo capitale : celle de la fillette dans une rue au moment de sa disparition. C’était déjà malsain mais en plus des précisions ont été fournies avec l’affirmation que les clichés étaient peu exploitables ce qui pourrait faciliter grandement la défense du principal suspect lors de ses prochaines auditions. On a atteint les limites du système français. Tout le monde est soumis au secret mais tout le monde s’accorde le droit de laisser filtrer ce qu’il pense utile à son camp.
Chaque jour ou presque de multiples entorses sont faites à ces règles édictées en une époque où les médias n’avaient pas le retentissement qu’ils ont à l’heure actuelle. Il faut cependant admettre que les journalistes ne font que leur boulot et qu’ils ne peuvent diffuser que ce que l’on veut bien leur confier. Le Procureur de Grenoble a parfaitement résumé sa pesnée en ajoutant dépité : « « J’ai l’impression que l’affaire Grégory n’a servi de leçon à personne »… J’ai plutôt tendance à lui donner raison !
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Quelle lamentable et inhumaine histoire !
Et dans cette querelle de chiffonniers, pas un mot à propos de la mortelle angoisse et de l’immense peine des parents et des proches.
Que le silence serait le bienvenu.
Est protégée que l’espèce animale.
La nature humaine n’est pas protégée.
Sans connaître les motivations du fuiteur, il faut reconnaître que parfois les pressions sont considérables. Pour faire acquitter un ancien ami du PS poursuivi au tribunal par l’ ancienne équipe de la mairie de Bordeaux, j’ ai dû taire ce que j’avais fourni à la justice ainsi que les moyens réellement employés pour obtenir mes renseignements. Si le cet ami a été innocenté, je vous assure que le ripoux utilisé par la mairie de Bx a profité mon mutisme forcé pour me faire traîner dans la boue par des collègues béats. Ça m’ a coûté très cher et je recommencerais quand même mais je comprends que parfois…Ce qui n’ empêche pas que la faute soit sanctionnée si elle est avérée. Maintenant,que la police aille enquêter chez la gendarmerie, je leur souhaite bien du plaisir. Ça peut être un moyen de dire que l’ on fait en souhaitant ne pas avoir de résultat!
La question est qui a tué la petite Maelys comment et pourquoi
Si j’étais un homme ou une femme publique de haut niveau, j’interdirai formellement les médias d’intervenir