Je n’ai jamais cessé de ressasser que nous vivons dans un pays artificialisé par la confection permanente, dans tous les domaines, d’une opinion dominante sans aucune base de réflexion solide. Pour éviter de s’interroger sur ses propres responsabilités la majorité des gens consomme des idées toutes faites et ce que j’appelle le « prêt à porter » idéologique qui les rassurent. Partant d’une erreur, d’une mauvaise appréciation, d’une information fausse répétée tellement souvent qu’elle devient une vérité. La réforme des rythmes scolaires était une bonne réforme : je le maintiens et je l’assume. Elle ne perturbait que la vie des enseignants et de quelques familles ayant les moyens de proposer à leurs enfants le « plus » indéniablement décisif de la sensibilisation à des activités ouvrant les esprits et favorisant une autre approche du comportement de soumission sociale.
Bien entendu tout n’était pas parfait ! Bien entendu il fallait adapter les horaires ou les pratiques. Bien entendu des municipalités faute de moyens humains et financiers, démunies au niveau de l’organisation ne proposaient rien d’enrichissement. Mais avec le temps, des solutions intelligentes (groupements d’employeurs, soutiens au milieu associatif rural, participation accrue des acteurs locaux-retraités notamment-) auraient émergées… sauf qu’idéologiquement il fallait tuer ce qui dérangeait un système éducatif crispé sur ses certitudes. On a alors trouvé l’argument suprême : les enfants sont terriblement fatigués et donc les résultats scolaires s’en ressentent ! Alors que tous les spécialistes crédibles prétendent le contraire : c’est le système à 4 jours qui épuisent les écoliers car leur vie dans les familles est conforme à celui des adultes !
La meilleur solution pour les rythmes scolaires est inapplicable en raison de considérations sans rapport avec l’intérêt de l’enfant. C’était lundi, mardi, jeudi, vendredi, samedi matin avec une matinée banalisée pour une vie des établissements différentes de celle totalement désuète (ouverture aux familles, ouverture sur la citoyenneté, ouverture sur des pratiques indispensables -coopérative, communication via les technologies présentes…). Oui, je sais c’est totalement irréalisable puisque c’est remettre en cause la place de l’enfant dans la vie sociale qui est actuellement accessoire par rapport au week-end des parents, des personnels, du milieu économique… La fatigue des jolies têtes blondes ou brunes n’est qu’un prétexte fallacieusement imputée aux rythmes scolaires ! D’ailleurs il faudrait m’expliquer comment un élève du Cours moyen 2° année peut être épuisé par 4 jours et demi de classe au début de l’année civile et être en parfaite forme sur cette durée en entrant deux mois après en sixième au collège en prenant un ramassage scolaire le contraignant à se lever beaucoup plus tôt que dans sa commune ! Comment imputer à l’école le fait que des enfants de maternelle soumis aux contraintes du travail de leurs parents arrivent à 7 h 30 à l’accueil périscolaire quand d’autres en repartent à 18 h 45 ou 19 h ? C’est d’une mauvaise foi affligeante !
En fait de manière honnête selon une étude menée par des chercheurs des universités de Tours et Orléans et révélée par Le Parisien, les élèves de grande section de maternelle et de CP (donc les enfants de 5 à 6 ans) ont perdu en moyenne « 15 à 20 minutes de sommeil par nuit ». Et selon une autre étude récente, les enfants qui ne dorment pas assez, s’exposent à des troubles cognitifs et comportementaux lorsqu’ils deviennent adultes. Les chercheurs ont été missionnés en 2016 par le ministère de l’Education nationale pour évaluer les effets des nouveaux rythmes scolaires sur les enfants. L’étude relève ainsi un écart de « 30 à 50 minutes » entre le temps de sommeil nécessaire estimé par les parents et celui effectivement constaté. Ce ne sont pas les rythmes scolaires qui sont en cause mais plutôt la présence des écrans dans la chambre et plus encore l’incapacité des familles à gérer le temps de vie de leur progéniture. Entre 6 et 13 ans, les enfants devraient dormir entre 9 h et 11 h par nuit de manière régulière. L’heure du coucher doit rester assez fixe, y compris le weekend, car des horaires réguliers favorisent leur développement cérébral…
Les élus locaux qui veulent se débarrasser du souci que représente une organisation intelligente des activités entourant l’école ne se soucieront guère de ce constat… Les parents n’envisageront guère d’assumer leur responsabilité et les enseignants verront arriver un jeudi matin, lendemain d’un match du Paris Saint Germain en coupe d’Europe des garçons endormis. Les génies fatigués passent malheureusement plus de temps sur les écrans qu’ils en passaient au terrible désastre que sont les TAP !
Des professionnels de la santé et de la petite enfance, ont en vain alerté l’opinion publique des graves effets d’une exposition massive et précoce des bébés et des jeunes enfants à tous types d’écrans : smartphone, tablette, ordinateur, console, télévision. Stimulés principalement par les écrans, ces gosses, à 3 ans, ne regardent pas quand on s’adresse à eux, ne communiquent pas, ne parlent pas, ne recherchent pas les autres, sont très agités ou très passifs. La gravité de ces troubles conduit les professionnels à réinterroger les éléments déjà exposés dans des articles précédents.
Captés ou sans cesse interrompus par les écrans, parents et bébé ne peuvent plus assez se regarder et construire leur relation. Les explorations du bébé avec les objets qui l’entourent, soutenues par les parents, sont bloquées ou perturbées, ce qui empêche le cerveau de l’enfant de se développer de façon normale. Ces deux mécanismes – captation de l’attention involontaire et temps volé aux activités exploratoires – expliquent à eux seuls les retards de langage et de développement, présents chez des enfants en dehors de toute déficience neurologique.
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Bonjour Jean Marie,
Reste à la communauté éducative du village en partenariat avec les élus d’écrire un petit article pour le bien être quotidien des enfants.
Bien à vous
Et @+
La valorisation du journal municipal en ce sens
Voilà un bel article qui relaie ce que j expliqué aux parents depuis 5 ans. La semaine à 4 jours 1/2, je suis complément d accord : lundi mardi jeudi vendredi et samedi matin. Que de bons souvenirs pour cette matinee : atelier cuisine avec parents, atelier photo … des compétences travaillées et qui prenaient du sens.
Je souscris à 120% à tes propos et tiens à témoigner de l’efficacité de cette demi-journée du samedi matin : les parents avaient l’occasion et le temps d’accompagner leur enfant à l’école, ils ne le jetaient pas de la voiture, n’étaient pas contraints de le confier à la garderie, ils prenaient le temps, un temps précieux pour l’enfant. Parents et enseignants échangeaient quelques mots, arrêtaient les dates de futurs RV…
En matière d’éducation l’évolution à toujours progressé selon le rythme des 3 pas en avant et 2 en arrière… mais là nous sommes plutôt sur un rythme de 2 pas en avant et 4 en arrière !
Je partage ta publication
Bertrand
Jean Marie, je partage votre point sur les elus qui n’ont rien à faire du temps d’activités des enfants scolarisés.
Il me semblerait très bien de mettre en garde les parents par la communauté éducative accompagnée des elus locaux.
Bonne journée
Ça me fait doucement rigoler la fatigje de ces petits chéurbains imputée à la semaine de 5 jours !
De temps de ma folle jeunesse, et longtemps après encore, le temps de classe durait du lundi matin neuf heures, au samedi 16 heures trente. Ça représentait 30 heures de présence, pas de ramassage scolaire, parfois une heure d’étude en plus(candidats au « certif ») et pour certains, 4 ou 5 km à pied matin et soir). Une seule coupure, le jeudi, dont la matinée était sabotée pour certains par la corvée de catéchisme et le dimanche matin, par la messe obligatoire.
Et personne ne se plaignait de fatigue.
Il est vrai que l’on était pas distrait par les étranges lucarnes……
C’est vraiment une vacherie, ces claviers automatiques !
Il faut être super attentifs :
fatigjue fatigue
Chérubains chérubins !
bonsoir?
Absolument d’accord avec vous, j’ai également connu ces horaires, classe du lundi au samedi 17 h, catéchisme le jeudi matin, patronage l’après midi, messe le dimanche matin (celle de 10 h car dans ma paroisse elles commençaient à 7 H, puis 8 h, 9 H, 10 H et grand messe à 11 h)).
Pas de télé, pas de radio dans la chambre, lire un peu et c’est tout. chemin à pieds horaire des classes : matin 8 h 30 -, 11 h 30 puis – 14 h – 17 h. 4uatre aller-retour, c’était en ville donc pas trop long. Peu d’enfant déjeuner à la cantine, dans mon école une vingtaine (?).
Même en 4ème au lycée j’ai eu classe le samedi après midi de 14 à 18 h. là c’était long, alors le lundi matin pas classe.
je suis toujours en vie !
Oh! Combien je suis d’accord avec J.J. Du temps où j’allais à l’Ecole Primaire de Targon (1947-1954), je faisais 7 km aller et retour par jour pour aller à l’école quelque soit le temps, et je n’étais pas le seul. C’était très dur pour moi car je souffrais de graves séquelles d’une polio à une jambe, que l’on appelait paralysie infantile, maladie mortelle à l’époque qui a complètement disparue, grâce la vaccination devenue obligatoire, tristement contestée aujourd’hui. Les transports scolaires n’existaient pas à l’époque et personne ne manifestait. A la maison, il n’y avait pas d’écran, mais on lisait sûrement plus qu’aujourd’hui. J’arrête parce que je vais être pris pour un vieux couillon attardé.
« C’était très dur pour moi car je souffrais de graves séquelles d’une polio à une jambe, que l’on appelait paralysie infantile, maladie mortelle à l’époque qui a complètement disparue, grâce la vaccination devenue obligatoire, tristement contestée aujourd’hui. »
Les anti-vaccins (pseudo écolos, bobos, petits malins à qui « on ne la fait pas » etc..),qui se croient très forts, ne veulent pas se rendre pas compte de la catastrophe qu’ils risquent de faire courir à leurs semblables.
Le jour où une épidémie se déclarera, il sera trop tard pour vacciner et on se rendra compte que les vieux couillons avaient raison de s’alarmer.
Moi également, j’ai vécu dans la crainte de la polio, interdiction de se baigner en rivière par exemple. Et j’ai connu bien des gens affligés de cette terrible maladie.
La réforme des rythmes scolaires aurait pu être une bonne réforme si elle n’avait pas été bâclée. D’abord en fixant pas un socle minimum sur ce que devaient être les fameux TAP afin de limiter les distorsions énormes sur les activités proposées: pour les uns du cheval, pour les autres du macramé.. . Puis, elles ont perdu tout leur sens quand on a autorisé les communes a les regrouper sur une ou deux journées dans la semaine ce qui revenait à supprimer leur intérêt même ne réduisant en aucun cas la durée journalière des enfants. Le problème de la fatigue est hélas plus profond et multiple puisqu’il touche aussi à la l’organisation de la journée des parents qui pour beaucoup travaillent loin de chez eux, pour certains sur des horaires hebdomadaires calqués sur ceux de l’école et pour d’autres sur des horaires décalés le soir ou en fin de semaine. Les familles monoparentales sont hélas les plus touchées car c’est dans ces familles que l’on trouvent le plus d’enfants laissés seuls le soir où en week end pendant que le parent essaie de gagner la pitance de la famille. La télé et les écrans servent alors de parents de substitution avec toutes les dérives que cela comportent. Le travail du dimanche et l’ouverture tardives des commerces doivent être combattus non pas pour des raisons économiques, mais parce-qu’il détermine un choix de société dont les effets pervers sont nocifs à bon nombre d’enfants et de familles. Les familles aisés travaillent rarement le dimanche et la nuit (en dehors des propriétaires de magasins bien sûr).
Enfin, l’utilisation des écrans dans les chambres est une des causes importantes de la fatigue de nos enfants et la responsabilité des parents est énorme en la matière. Il faut mener une guerre difficile contre les ados de maintenant et savoir résister à la tentation de céder devant le « mus » de sa progéniture et accepter de ne pas être aimé momentanément par ceux-ci. Mais il vous en seront toujours reconnaissant ultérieurement. Mais pour cela il faut être armé et en bonnes conditions, ce qui renvoie à mon propos du début sur une société où les parents eux mêmes, ne doivent pas êtres eux-mêmes « fatigués ».
Les parents ont qu’à être plus stricts sur l’utilisation des tablettes, jeux électroniques, télés, et vérifier que dans leurs chambres tout soit éteints, et ceux qui habitent à moins d’un km, chemin à pieds et pas en voiture comme c’est le cas pour une majorité. ramassage scolaire en vélo, ou chenille pédestre.
bonne soirée.
Bonjour Martine,
Est ce que vous éteignez la TV très tôt pour mieux dormir ?
Hier la grêle s’est invitée dans mes vignes. C’est mon problème et pas le vôtre. J’ai intensément dormi parce qu’il fallait que je dorme. Les chocs émotionnels sont ainsi et les petits enfants ont dans leur vie quotidienne des tas de chocs emotionnels comme les vieux
@+
Bonjour Martine, yvon, JJ & Jacques,
Je partage vos points de vue sur l’époque. C’était une autre époque.
Ce qu’il est demandé est de faire évoluer l’enfant dans son espace avec sa famille. L’enfant avec les jeux
d’ éveil évolue plus rapidement. Il a besoin d’être reconnu. Le petit enfant à besoin de grandir avec l’amour de papa et maman. Besoin de discuter raisonnablement en groupe. C’est l’enfant qui évolue dans l’espace.
Belle journée
Classe de 6ème: 32 heures de cours par semaine, du lundi 8h au samedi 17h, jeudi libre, 38 élèves par classe.
Interne à Libourne, dortoirs de 32 élèves, étude de 17h30 à 19h, repas 19h à 19h30, 19h30 à 20h dans la cour (interdiction de rentrer dans les salles d’étude même en plein hiver), étude 20h à 21h (avec contrôle des devoirs par le pion…, autorisation de lire si travail fait…, il y avait une bibliothèque par salle d’étude adaptée au niveau), dortoir 21h, extinction de la lumière 21h30, lever 7h…
Et comme ça de la sixième à la terminale avec en plus les cours le jeudi matin à partir de la 3ème.
Deux bonnes nuits de sommeil le week-end (malgré la télé déjà installée depuis 1959 à la maison), et je n’ai aucun souvenir d’une quelconque fatigue.
Comment se fait il que de votre époque les établissements secondaires se sont deconstruits ?
Si le lycée de Libourne reçoit 2000 élèves par an. Combien d’élèves en internat ?
En1963 après l’arrivée des élèves pieds-noirs nous étions environ 2400 élèves pour environ 400 internes (dortoirs portés de 32 à 40 internes).
A l’époque on entrait en 6ème sur dossier scolaire ou examen, les autres allaient jusqu’au certificat d’étude dans les écoles primaires; l’école était obligatoire jusqu’à 14 ans . La 6ème pour tous date de la fin des années 60 avec l’apparition du collège unique.
Il faut relativiser avec nos souvenirs d' »anciens combattants ».
Il y a quelque temps, un de mes vieux copains, un vieux machin comme moi me disait, en parlant des gens de la génération de son fils : ils sont tout le temps à se plaindre, il sont fatigués, quand on était jeunes …(air connu).
– C’est vrai, de notre temps…etc…, mais même si c’était dur, je me demande si on n’avait pas de meilleurs conditions que les actifs actuels et si on n’avait pas l’esprit plus tranquille.
J’aimerai demander à tous les ies intervenants de ce site y compris Jean Marie : quoi penser de l’enseignement assisté par ordinateur ?