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Les larmes de Zidane valent toutes les envolées sur l’intégration

Téléfoot, fêtait ses 40 ans avec comme splendide cerise sur le gâteau d’anniversaire une interview de Zinédine Zidane. Après avoir revu à l’image les principaux épisodes de sa carrière de joueur et d’entraîneur, complétés par des extraits d’interview de ses proches, celui qui est devenu Zizou fond en larmes… Les médias s’emparent de ce moment d’émotion profonde et sincère pour en faire un événement. Ils le décrivent de manière ostentatoire afin d’en faire un événement car la sincérité est vraiment devenu dans le monde actuel une denrée tellement rare qu’elle en devient précieuse. Les yeux embués par l’émotion d’une personnalité qui ne calcule pas, qui ne triche pas, qui ne communique pas constituent en fait le simple reflet d’un parcours.
Bien des Françaises et des Français ont eux-aussi essuyé une larmichette en regardant les images d’une caméra inquisitrice traquant justement la réaction d’un homme sensible face aux déclarations mais surtout aux visages de celles et ceux l’ayant accompagné sur les sentiers de la gloire ! Ils se sont reconnus dans un parcours considéré à juste titre comme exceptionnel. Ils n’ont pas forcément, au-delà de la réaction de Zidane, compris l’importance dans le contexte social actuel de ces images références de ce que devrait être une vraie société républicaine.
La réussite par le sport de cet enfant arrivé de l’autre coté de la Méditerranée n’a jamais été présentée comme un modèle d’intégration sociale. Le mérité, le talent, le génie pour les plus admiratifs des contempteurs de Zizou ne posaient aucun problème car ils appartenaient à des « dons » humains considérés comme naturels. Rien, absolument rien n’a été pourtant spontané. Surtout quand vous n’avez comme seul héritage que celui qu’il vous faut construire avec infiniment plus d’efforts qu’une multitude de gens passant leur temps à dilapider les chances que leur offre la vie.
En voyant s’exprimer son père, le berger musulman pratiquant parti de son village d’Aguemoune Ath Slimane pour traverser la mer Méditerranée et venir travailler en tant qu’ouvrier BTP il était impossible qu’il ne puisse pas mesurer le caractère vraiment exceptionnel de son parcours. Homme simple, droit, réservé, sobre, prudent Smaïl Zidane n’a jamais varié dans son comportement. Il sait encore d’où il vient et il l’a sans cesse rappelé à ses fils et à sa fille. C’est cette authenticité des hommes arrivé sur le sol français chercher un sort meilleur n’a pas forcément trouvé les conditions de vie qu’il espérait. Après l’indépendance algérienne, en 1962, il décide de rentrer au pays après neuf années passés sur les chantiers de Seine-Saint-Denis comme conducteur d’engins dont il a vite appris les techniques. Mais juste avant d’embarquer à Marseille, il rencontre Malika, une Marseillaise originaire elle aussi de Kabylie, qu’il épouse et s’installe définitivement en France.
Il ne choisira jamais la facilité pour sa famille. Il n’a que des principes et des valeurs à leur transmettre… Ce sont elles qui ont imprégné Zinédine et c’est certain qu’elles ne l’ont jamais quitté ! La réussite, la fortune n’ont rien changé : Zidane se remémore toujours ses interminables jeu de ballons au bas des immeubles de cette cité de la Castellane où se mélangeaient les races et les origines. Ces instants spontanés de plaisirs partagés restent ancrés dans un esprit lucide ou un cœur sincère et reviennent à la surface dès que l’on revoit les lieux qui les ont portés.
Les larmes de Zidane sont une peu celles de tous les fils ou filles d’immigrés acceptés sur le bout des lèvres par un village, un quartier, une usine, un bureau, un club sportif et elles portent le prix inestimable de ces racines. Elles ont donc un poids supérieur à celui de tous les propos sophistiqués sur l’intégration, ce mot magique pour de moins en moins de gens ou haï par beaucoup d’autres. Tellement de personnes ayant cheminé pas à pas vers un destin rêvé qui leur paraissait inatteignable oublient très vite ceux à qui ils doivent de les avoir mis dans la bonne direction.
Une mère, un père, un instituteur(trice), un éducateur sportif ne sont que des archers susceptibles de projeter les flèches des enfants vers une destination souhaitée mais sans aucune certitude d’atteindre la cible. En ce jour de rentrée scolaire le regard embrumé de Zizou se penchant sur son passé, contenait aussi une dose de revanche sur un système qui l’a peut-être méprisé ou au moins considéré comme voué à l’échec social et auquel il pensait. On oublie pas aisément les humiliations des jugements péremptoires sur le formatage de la réussite humaine bien différente de celle de l’école. Dans le cœur de chaque enfant se trouve le sentier vers la réussite que tous les adultes doivent avoir le temps, la volonté, la passion de dénicher. Pas facile dans ces temps où l’efficacité voudrait que la réussite emprunte des lignes droites, des autoroutes conduisant à une forme de réussite stéréotypée. Il existe des Zidane dans tous les domaines mais tous n’ont pas une caméra filmant leurs réactions face à une photo d’antan leur rappelant que seuls les conquérants peuvent pleurer en pensant à l’endroit d’où ils viennent… en en oubliant celui qu’ils ont atteint.

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Cet article a 10 commentaires

  1. François

    Bonjour !
    L’intégration est réussie si l’être humain, au delà de son nom et sa couleur de peau, parvient à éradiquer par son comportement TOUTES ses différences (pays d’origine, langue, ethnie, ascendance, incivisme (rebellion), religion, etc, TOUTES!) pour vivre en parfaite harmonie au cœur du pays qui l’accueille à bras ouverts.
    Quand on vient chez un ami, on n’impose pas ses régles. Monsieur Zidane père l’a compris et inculqué à sa descendance: il mérite cette réussite et le Respect!
    Cela demande des efforts : la Vie n’est faite que d’efforts .
    A bon entendeur, salut.
    Cordialement

    1. bernadette

      Bonjour François,

      Non François la Vie n’est faite que de Respect de celui ou celle qui est face à la Vie.
      Est ce que le Respect demande des Efforts ?
      A mon Avis c’est Non.

      Au revoir François et à bientôt

      1. bernadette

        François,

        Il est demandé de s’accepter tels que nous sommes, sans différence et bien entendu sans religion. Il est vrai que la religion est l’intime de l’Être mais l’Être peut être différent si nous l’acceptons comme un être bon violent.

  2. j.michel

    et le coup de boule ? un modèle pour M’jid El Guerrab lui aussi bien intégré puisque député ?

  3. bernadette

    Il faut lire non violent et non « bon violent »

    1. François

      Madame,
      Désolé de vous contredire (du moins je le pense, car, quand vous employez une négation -n’est faite que de- pour mettre en avant une affirmation,me semble-t-il, vous créez une faute de vocabulaire qui amène le doute dans la réflexion de vos interlocuteurs. Je vous rapporte là une leçon de français niveau CM2 en 1960!).
      Donc, si la Vie est faite d’un … échange de Respect, Elle est aussi synonyme d’Efforts (le s n’est pas une erreur typographique!) car tout demande efforts, ce qui n’est pas le seul apanage du physique …musculaire ! A moins d’être un (ou une) fonctionnaire de placard qui attend sa pitance mensuelle, chacun sait que l’effort conditionne la survie et le progrès de l’être humain donc son intégration !
      En effet, on sait très bien que le rejet de l’effort est une condition d’asservissement avant la domestication car, si l’effort de recherche de la nourriture est annihilé , le succès de l’opération est assuré.
      Je vous laisse le soin de remplacer les termes de cet exemple, mais vous arriverez au même résultat …dans tous les cas.
      C’est donc bien que les EFFORTS sont utiles à l’être humain surtout en matière d’intégration. Sinon, le système garantit la multiplication de bêtes apprivoisées, malléables donc «  taillables et corvéables à merci » car, en bonne ancienne fonctionnaire, vous êtes censées ne pas ignorer quel est le premier thème enseigné aux entrants de Sciences Po ou de l’ ENA ?
      Pardon… comment ? Vous ignorez ? Alors, prenez un siège ( et vous aussi, les profs, instituteurs et autres lecteurs ) car ce thème est le suivant et va guider (avec réussite !) toute leur carrière :
      SURTOUT NE JAMAIS ELEVER LE NIVEAU DE CONNAISSANCES DU PEUPLE.
      En clair, faites des c…s, c’est plus facile à gérer !
      Que chacun fasse son examen de conscience et il percevra son niveau de participation à l’ouvrage !
      Aussi, en ces jours de rentrée, ne perdons pas de vue que l’effort demandé aux jeunes générations n’est que la condition de leur survie et saluons respectueusement tous les enseignants qui cherchent, au péril de leur mental, à conduire le bateau enseignement à contre-courant en évitant les récifs !

      Quant au Respect, il s’agit là de l’exception à l’effort car on est en présence d’un échange (tu me respectes donc je te respectes, ou vice versa) mais il ne faut perdre de vue que l’on doit susciter ce Respect par un comportement que certains qualifieront par dégoût ostentatoires et que cela peut parfois amener … à l’effort!

      S’agissant de la religion, c’est une règle de vie intime qui ne nécessite pas d’étalage très visuel hors des lieux réservés à cet effet à charge de leurs ouailles.

      En vous demandant d’excuser la longueur de mon propos,
      Je clôture en m’imposant l’Effort de vous saluer Respectueusement.
      Cordialement

      1. bernadette

        Je vous remercie cher monsieur de l’effort que vous avez consenti pour m’expliquer ce dont vous faites au quotidien. Les tous petits enfants d’origine multiple doivent aujourd’hui intégrer l’école « obligatoire ». Pour eux c’est dure de devoir se séparer de la famille.
        Avec mes remerciements
        Bien cordialement

  4. Puyo Martine

    Bonsoir,
    d’accord avec le premier texte de François.
    Ils ont choisi la France, Ils se plient à nos règles, à notre mode de vie.
    on n’impose pas chez les autres peuples sa façon de vivre.
    Quand je vais dans les pays musulmans (j’en ai visité un certain nombre à savoir : Turquie, Égypte, Tunisie, Maroc et j’ai séjourné plus qu’une quinzaine de fois en Tunisie) je me suis adaptée à leur façon de vivre. Respectueuse par ma tenue vestimentaire, polie avec le personnel des hôtels, etc…..
    si chacun y mettait un peu de bonne volonté, tout pourrait bien se passer.

  5. Alain .E

    Il est vrai que le kabyle est habile et qu’il maîtrise parfaitement le coup de boule pour mater razzi.
    L’ italien l’ avait sacrement provoqué en insultant sa mère ,ou sa sœur, et zizou péta un plomb face à ce manque de respect, et nous perdîmes cette finale de coupe du monde.
    j’ en veux toujours a materrazzi , j’ ai pardonné à zizou !!!!

    1. François

      @ Bernadette,
      Deux petites précisions pour éviter la méprise :
      – Je ne suis qu’un petit retraité de la viticulture épris de social (et non de socialisme!) et d’humanisme, avec ma Liberté de pensée.
      – Le thème Sc. Po. m’a été confié … et certifié par un couple de hauts fonctionnaires parisiens en rupture avec le microcosme (écœurés!) émigrés dans le Bugey( mais oui franco-français!) à l’ombre des sapinières pour œuvrer dans l’intégration …délicate !
      Cordialement.

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