Dès que les pyromanes les plus habiles passent à l’action ou les inconscients de tous ordres (60 % des causes) se lâchent les médias s’enflamment et découvrent que, sans le système français très organisé de défense incendie, bien des espaces naturels ou habités partiraient en fumée (1). Durant de siècles dans toutes les cités le feu « dévoreur » des constructions humaines a constitué la hantise sociale. On y revient dès que les flammes le plus souvent intentionnelles ou parfois seulement accidentelles partent dans des zones proches des villes. L’étalement urbain souhaité par une forme d’accession à la liberté via la construction dans des secteurs boisés ou au minimum en lisère de ces derniers accentue davantage les difficultés. Les criminels existent mais personne ne souhaitent l’entendre (2 % des incendies sont réellement accidentels-verre, foudre-) car c’est compliqué d’expliquer que des millions d’euros disparaissent à cause de faits imputables à des malveillance. Bien des départs de feu sont en effet « calculés » en fonction de l’inaccessibilité des lieux par les sapeurs-pompiers ou de l’intensité et de l’orientation du vent. Les besoins des enquêtes conduisent les pouvoirs publics à ne jamais livrer les analyses effectuées après chaque intervention. La priorité étant donnée sur le plan stratégique à la prise en charge massive et aussi rapide que possible du « départ de feu » on atteint 90 % de maîtrise de l’incendie forestier dans ses premières heures sauf conjonction d’éléments défavorables. La difficulté essentielle qu’ont rencontré dans le sud-Est de la France les intervenants réside dans cette conjonction de 3 facteurs aggravant : sécheresse, violence et orientation du vent, urbanisation diffuse! Et là la pression devient colossale.
Des grands espaces disparaissent chaque jour ou presque sur la planète par le feu. C’est dramatique mais comme les réalisations humaines de sont pas menacées les médias en diffusent moins les images. L’Europe du sud brûle. Partout dans le monde en cette période la tension monte chaque année d’un cran. Il faut toujours plus de moyens (on a en France seulement… 8 avions « Canadair » disponibles…) mais surtout les moyens humains s’amenuisent. Deux raisons à cette réalité : faiblesse de l’engagement citoyen solidaire et manque de moyens financiers. Le système actuel recouvre une grande disparité sur le terrain mais comme tout le monde compte sur le voisin pour faire face aux engagements indispensables à une vraie sécurité civile on ferme les yeux. Des rustines sont posées sur des lois n’ayant pas évolué sur le financement depuis 2002 mais à aucun moment compte-tenu de cette fracture entre les zones du Nord et du Sud en matière de risques rien ne bougera. On réagit aux circonstances mais jamais sur le fond !
La double annonce de la nécessité de baisse des effectifs de la fonction territoriale (les pompiers sont des fonctionnaires) et des économies de 13 milliards à réaliser constitue une aberration dans une période où la course incessante à la réponse aux risques devient obsédante. Il faut être plus efficaces avec une sécheresse terrible, face à des comportements criminels croissants, en réponse à des contraintes urbanistiques démesurées avec un Etat qui se désengage toujours plus ! C’est inaudible en temps ordinaires. Ça le devient durant quelques heures ou quelques jours surtout par celles et ceux qui ont leurs maisons menacées puis ça s’envole comme les paroles d’un ministre durant les vacances.
Il faut savoir qu’actuellement les communes ou des intercommunalités ne participent à la sécurité incendie et aux secours aux personnes que sur la base de populations totalement obsolètes… Des élus locaux se réfugient derrière une loi dépassée (2) renvoyant le problème sur les départements. Ces élus locaux qui arrivent ventre à terre pour s’extasier sur le dévouement des sapeurs-pompiers et qui réclament toujours plus de moyens humains et de matériels pour garantir la sécurité de leurs électrices et les électeurs se défilent quand on leur demande de mettre leurs actes en accord avec la réalité de leurs positions. Plus que des louanges permanentes (qu’ils méritent) les sapeurs-pompiers professionnels ou volontaires voudraient l’assurance qu’on leur donnera les moyens indispensables aux missions d’intérêt général dans lesquelles on leur demande de s’engager. Et là dès que les flammes cessent, la fumée s’évanouit ou les ambulances sont rendues à l’hôpital on passe à autre chose. Il faut un Grenelle de la sécurité civile pour la France… car il y a le feu !
(1) Je suis et je reste administrateur du SDIS 33 depuis bientôt 16 ans ! J’ai vécu au plus près de la réalité les incendies de Lacanau et saint jean d’Illac.
(2) Il y a actuellement en Gironde 300 000 habitants NOUVEAUX arrivés depuis 2003 qui ont construit ou qui se logent dans des bâtiments neufs qui ne contribuent pas au SDIS via leur commune d’accueil
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Là encore, on constate l’effet dévastateur de la suppression du service militaire, qui , dans cette lutte contre les incendies de forêt permettait de disposer rapidement d’effectifs d’intervention : j’ai terminé mon service à Blanquefort, notre unité était intégrée au plan ORSEC. Quand nous étions d' »alerte ORSEC », nous couchions tout habillés, le sac au pied du lit, prêts à partir. De nuit comme de jour, le « peloton d’alerte » avait moins de 10 minutes pour être dans les camions, derrière le volant, moteur tournant, prêt à aller embarquer les renforts à Souges pour monter au feu.
En moins d’une heure, environ 200 hommes étaient prêts à entrer en action.
J’ai eu la chance de n’avoir jamais eu à intervenir.
La lutte contre les feux de forêt nécessite une formation spécifique, apprentissage à intervenir intervenir en parfaite coordination entre les différents groupes d’intervention. Ces méthodes sont issues des retours d’expérience, en particulier après les feux tragiquement célèbres de la Forêt des landes de Gascogne en 1949 qui avait provoqué le décès de 89 personnes dont des militaires venus de Chatellerault et des civils. Tout cela pour dire que l’on peut pas engager des personnes non initiées sur ces « chantiers ». Seules la formation et l’expérience cautionnent l’engagement. Les militaires sont engagés sur ces opérations par l’intermédiaire des « Unités d’instruction et d’intervention de la Sécurité Civile » (UIISC) dont les plus connues sont basées à Nogent le Rotrou, dans l’Eure et à Brignolles, dans le Var. Ces unités sont rompues à toutes les missions d’incendie de forêt, de secours aux populations,et technologiques. De plus les acteurs de la Sécurité Civile peuvent mettre en oeuvre des mesures de prévention, mettre en place des plans d’intervention pour des sinistres accidentels, mais ils est compliqué d’appliquer ces plans lorsque les sinistres sont la conséquence de la négligeance des citoyens (megots, barbecue) ou de la malveillance.
Le gros problème est le manque d’eau pour éteindre le feu dans les immenses massifs forestiers. Il y a bien des véhicules et des pompiers mais sans eau leur rôle est très diminué.
L’assèchement des marais et la privatisation des cours d’eau empêchent les moulins de fonctionner laissant les eaux stagner voire disparaître. Beaucoup de cours d’eau sont à secs.
Le rôle des pompiers est d’assurer la sécurité civile sur les routes par cause d’accidents et chez les habitants lors d’incendie de maison ou autres.
Les pompiers ne se déplacent plus pour détruire un nid de frelons c’est un particulier qui assure le remplacement.
Le problème de l’eau est cruciale.