Il fait chaud… Il fait même trop chaud puisque selon les autorités il est impossible de mettre un chien dehors. La canicule nécessite des niveau d’alerte. Le réchauffement climatique préoccupe les responsables politiques dès que le climat devient excessif. Durant quelques jours ils accumulent les alertes, les conseils et les circulaires afin d’éviter que ce qu’ils n’ont pas pu éviter depuis des décennies en matière de régulation de l’évolution des températures terrestres soient le moins catastrophiques possible. On a en mémoire (enfin quelques-uns ont en mémoire) la tragique période de 2003 quand la canicule avait été à l’origine de 70 000 décès supplémentaires en Europe dont plus de 20 000 avant … le mois d’août, mois pourtant le plus chaud de cette vague de chaleur. La surmortalité avait atteint des niveaux exceptionnels au mois d’août en France, mais la France et l’Italie avaient totalisé le même nombre de décès supplémentaires au cours de l’été 2003, soir respectivement 19 490 et 20 089. On avait tenté par tous les moyens de minimiser les nombres afin d’éviter d’engager la responsabilité d’un gouvernement Chirac ayant mis un certain temps à prendre la mesure du problème.
Les 11 et 12 août furent les jours les plus meurtriers. Cette triste réalité était due à un effet d’accumulation des jours chauds précédents, à des températures nocturnes très élevées ou à l’absence de vent, le manque de ventilation engendrant des pics de taux de dioxyde d’azote qui s’ajoutent à la pollution par l’ozone. Cependant, la relation entre le couple climat-pollution et la mortalité étant encore mal connue, aucune explication définitive n’a pour l’instant été donnée. Les premières alarmes furent lancées par les responsables des services d’urgence (dont Patrick Pelloux qui deviendra célèbre en cette occasion) dans les hôpitaux qui se voient débordés . Le Président de la République, Jacques Chirac, dont le silence sera critiqué par l’opposition de gauche, s’exprimera… deux semaines après la fin de la crise, à son retour de vacances qu’il a prises en bord de mer au frais. Il nie la responsabilité de l’exécutif dans la tragédie et souligne le manque de solidarité entre citoyens, déplorant la dégradation du lien social, notamment envers les personnes âgées. On sait où on en est rendu depuis !
La canicule de 2003 avait brutalement mis en évidence une société égoïste, dépassée, fracturée qui favorise l’isolement des personnes âgées… oubliées par les familles et souvent les voisins. Il faut donc en appeler à des mesures officielles pour pallier ces carences ! Doublement dramatique. On avait amèrement constaté par exemple qu’à la date du 24 août, en région parisienne, il y avait encore 300 corps non réclamés par les familles qui attendaient une inhumation dans un hangar réfrigéré de… Rungis et dans des camions frigorifiques. Ignorés des familles. Ignorés des proches. Ignorés des vacanciers…
La réalité de ce constat a-telle réellement changé ? Non car il appartient désormais à la puissance publique de proximité (communes et Centre communaux d’action sociale, départements) de mettre en œuvre avec plus ou moins de moyens humains une solidarité destinée à atténuer la faiblesse de plus en plus crainte du lien social surtout en zones urbaines ou en zones rurales très peu denses. Il faut « organiser », « planifier », « codifier » la solidarité de proximité qui a une fâcheuse tendance à disparaître. Partout les querelles de voisinage, les conflits familiaux, l’éloignement des descendants augmentent et donnent un visage nouveau à une société qui souhaite des prises en charge publique de ses défaillances humaines. La canicule comme tous les événements climatiques repousse les frontières du vivre ensemble et pas que forcément dans le secteur intergénérationnel.
On se replie par exemple sur « SA » piscine bleu translucide (on a passé le cap des 2 millions de piscines bâties déclarées en France en 2016) derrière les murs protecteurs de ce que l’on pense être le vrai bonheur standardisé ! La croissance du marché a été à deux chiffres en 2016 pour des constructions avec un coût moyen pour un équipement basique de 50 m² (eau, entretien et impôts locaux compris) 2 500 € par an… sans que soit pris en compte l’amortissement. Et la France se situe au second rang au monde pour ce type d’équipement privé. La canicule devient alors une période bénie durant laquelle on rentabilise son investissement… pour lequel souvent on paie plus d’impôts locaux que sa taxe d’habitation selon le secteur où l’on vit sans pour autant manifester. Des millions de litres d’eau potable de plus en plus rare partent par ailleurs en France dans ces équipements directement branchés sur le réseau sans que l’on s’en inquiète outre mesure. D’ici 4 ou 5 ans en Gironde par exemple la canicule débouchera sur des restrictions inévitables durables faute d’anticipation sur les modalités de consommation du bien le plus précieux… mais on se tournera comme pour les personnes âgées vers la puissance publique : « alors vu les impôts que je paye (ou que je ne paierai plus) que faites-vous pour moi ! »
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Il me semblerait opportun de faire le tour des personnes âgées avec un pichet d’eau fraîche. Il y a des personnes âgées qui vivent seules, comment les localiser ? Réponse : avec le journal municipal
Pour la culture du bénévolat, il faut que les élus locaux l’introduisent (comité de quartier, à la campagne c’est plus facile avec un journal municipal qui s’ouvre vers la population.