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Il leur suffira de pomper le discours de leur maître… Rocard !

Il paraît qu’Emmanuel Macron et Edouard Philippe ont été séduit dans leurs jeune âge par Michel Rocard avant de choisir des « écuries » plus rentables ou plus prometteuses. Je suis donc certain qu’ils vont s’inspirer de sa déclaration de politique générale du 29 juin 1988 après avoir accepté la cohabitation avec François Mitterrand contraint de faire vivre « l’ouverture ». Bizarrement personne ne se réfère à cette situation alors que le duo au pouvoir actuellement sait fort bine qu’il sera contraint de passer par des formes plus ou moins subtiles de coalitions circonstancielles. Le Premier Ministre avait ainsi résumé la situation : « Aucune formation ne détient la majorité absolue dans cette Assemblée. Les socialistes dont j’ai la fierté d’être y sont majoritaires mais de manière seulement relative. Ainsi en ont décidé les Français. Notre tâche, dès lors, n’est pas simplement de nous en accommoder , d’essayer tant bien que mal de rassembler des voix au hasard des projets. Les Français ont exprimé ce qu’ils voulaient, leur volonté est notre loi et j’entends l’appliquer . Cela signifie en premier lieu que la politique conduite sera conforme aux valeurs qui font les socialistes. La tolérance, la justice, le progrès, la solidarité. Tous mes amis qui siègent sur ces bancs y sont acquis. Mais ils savent aussi que les idées qu’ils défendent ne sont jamais si belles, si rayonnantes, que quand elles valent pour tous. Nos priorités ne sont pas celles d’une moitié de la France contre l’autre moitié, mais celles de tous les Français. Défaire ce que les autres ont fait, faire ce que d’autres déferont, voilà bien le type de politique dont les électeurs ne veulent plus.

Nous ne demanderons à personne de nous rejoindre par intérêt ni de trahir ses convictions. Tous les socialistes qui sont ici entendent bien le rester. Et nous comprenons donc que d’autres, qui sont centristes, communistes, libéraux ou gaullistes n’envisagent pas non plus de renoncer à l’être. Mais avec ceux qui sauront être ouverts, nos différences s’accorderont, sans que nul n’ait besoin de renoncer à ce qu’il est. C’est là ce que veulent les Français et c’est à leur égard que chacun devra donc prendre ses responsabilités ( …) » Avouez que Michel Rocard a donné les éléments essentiels au « nègre » qui écrira le discours de son disciple qui lui succédera dans des conditions identiques ! Pas certain que ce ne soit pourtant pas inversé le 23 juin prochain lors de la rentrée parlementaire mais que les mots soient exactement les mêmes. Le seul qui aura disparu des propos d’Édouard Philippe ne sera que « socialistes » car ils n’auront pas le plaisir d’être « majoritaires » dans l’Hémicycle.

Le souffre-douleur de François Mitterrand avait ajouté encore de manière prémonitoire : (…) «Nous vivons sous l’empire de l’image, et d’abord de celle de la télévision. Pas un attentat, pas une guerre, pas une catastrophe qui ne nous soient rendus immensément proches. Pas un événement qui ne nous soit connu dans le moment même où il se produit. Et pourtant, tout cela reste fort lointain de notre vie quotidienne. Une image chasse l’autre, un événement chasse l’autre. Le rythme politique auquel nous vivons tous, passant de l’élection au sondage, de la petite phrase au coup médiatique, érigera, si nous n’y prenons garde, la myopie en art de gouvernement et rabaissera la responsabilité du citoyen à l’opinion passagère du « sondé ».

Une telle paupérisation intellectuelle de la société politique et de l’Etat produit des effets graves dans la conduite de politiques et de décisions qui exigent une vision à long terme. « Donner du temps au temps », selon la belle expression du Président de la République, c’est retrouver le sens de la durée. C’est savoir ne jamais sacrifier l’avenir et le moyen terme aux opportunités du moment (…) » Là encore il n’y aura pas grand chose à changer près de 30 ans plus tard ! La situation a même empiré ! Ils s’était résolument tourné vers l’avenir en introduisant la notion essentielle de solidarité, le plus beau mot de la langue française dont ne dispose même pas les Anglophones. Il est improbable pour ne pas dire impossible que les deux ex-Rocardiens se souviennent de ce passage splendide du discours de celui qui allait créer le Revenu Minimum d’Insertion (RMI) quand tout le monde annonçait la mesure impossible ! Il annonçait en fait s’il échouait (et encore une fois certains socialistes pour des problèmes de Congrès ont tout fait pour réussir) la dérive qui menaçait la France… « C’est à -un- univers en mutation qu’il nous faut nous préparer. Et nous ne le ferons bien que si nous savons évaluer correctement ce que nous mettons en œuvre. L’évaluation des politiques publiques sera un aspect essentiel que la modernisation politique. C’est aussi une des conditions indispensables pour rendre à l’action politique la dignité qu’elle mérite. Il faut, disait Victor Hugo, que la défaite de la démagogie soit la victoire du peuple ». Ce nouvel espoir viendra si les Français constatent que l’action et le discours sont réconciliés. L’espoir c’est aussi permettre à ceux qui sont les plus durement frappés, que notre société laisse partir à la dérive, que la marginalité guette, d’avoir droit à une deuxième chance. Tel est le sens profond du revenu minimum d’insertion. Instaurer un droit au revenu minimum est une innovation d’une portée considérable. Après la création de la sécurité sociale, puis sa généralisation, après l’instauration du minimum vieillesse et des allocations chômage, c’est construire le dernier étage, franchir la dernière étape (..) La solidarité n’est pas la bonne conscience de la modernisation, elle est la condition de sa réussite. Parce qu’elle donne tout son sens au respect de l’autre, au respect de la dignité humaine ». Pourvu que les surdoués qui nous gouverneront se souviennent de l’auteur de cette prophétie politique qui a payé sa lucidité et son parler-vrai au prix fort car on n’a jamais raison avant ceux qui font tout pour conserver leurs prébendes !

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Cet article a 2 commentaires

  1. baillet gilles

    Ce n’est pas très étonnant que Macron et Philippe soient d’anciens rocardiens…

  2. Bernadette

    Dans le proche passé je m’étais intéressée à une association qui s’appelle confrontation Europe qui est devenue un think tank européen.
    Son fondateur est Philippe Herzog ancien dirigeant du PCF et le co-fondateur Michel Rocard. J’ai lu plusieurs de leurs publications sans beaucoup d’enthousiasme d’ailleurs, mais cela est un point de vue tout à fait personnel.

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