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On passe d’une société de conquérants à une société d’héritiers

Dans la vie sociale en général et la vie politique en particulier, il n’existe pour moi que deux catégories de peresonnes : les héritier(e)s et les conquérant(e)s ! Peu importe leurs idées, peu importe leur rang social, le constat est toujours identique  : c’est le chemin vers un but qui fait l’Homme jamais le but lui même ! Durant des décennies la République a fabriqué par le mérite des milliers de « conquérant(e)s » auxquel(le)s elle a permis d’accéder à leur sommet personnel par le travail, la volonté, la responsabilité et plus encore l’autonomie. Il y avait toujours une ouverture pour celle ou celui qui avait l’ambition saine de progresser. C’était ce que l’on appelait au sens large du terme « l’ascenseur social » qui desservait tous les étages de la société.

Il était en opposition totale avec les principes antérieures d’un monde où l’on héritait du pouvoir ou de revenus et où il il était même possible d’acheter une « charge » pour laquelle on n’avait aucune aptitude ! La transmission par le seul droit du sang d’un rôle ou d’un titre ou par le seul fait du Prince de droits de fait sur les autres avait perdu de son importance car il était réservé à une élite financière ou historique qui tournait en cercle fermé. Tout a été bouleversé quand les élites républicaines se sont érigées en castes ou en groupes de pression n’ayant pour objectif que de reprendre à leur compte les pratiques du milieu qu’elles avaient combattu. La réussite institutionnelle les a conduits à s’approprier des pans entiers du pouvoir créant ainsi de nouveaux héritiers tout aussi dangereux que les autres.

C’est particulièrement vrai en politique où les arrangements au plus haut niveau, les échanges, les compromis, les calculs ont vite conduit le système à se reproduire par marcottage. Il suffit maintenant de choisir une « écurie », de participer à des entités où la cooptation est de règle pour finir par récolter un jour le fruit de son assiduité ! La destruction du principe de la conquête dure, difficile, opiniâtre a totalement disparu. On transmet, on promeut, on protège à n’importe quel prix…sans se soucier outre mesure des conséquences de ces actes ! Le suffrage universel n’a plus aucun sens puisque l’on sait que l’opinion publique se forge sur des individualités et plus du tout sur des valeurs portées par celles et ceux qui tentent de convaincre. C’est ainsi qu’il y aura de plus en plus d’héritier(e)s en politique et que les vrais conquérants seront très rares !

Serge Le Peletier, ancien-Maire de Bourges et qui fut ministre de l’environnement et ambassadeur chargé des négociations sur le réchauffement climatique, aujourd’hui rallié à Macron me confiait un soir de discussion libre que pour lui la France était aux mains d’une centaines de députés de tous bords aui avaient la certitude « quelle que soit la tendance politique dans l’hémicycle et donc de truster les postes clés car le découpage de leurs circonscriptions et leur sociologie leur garantissait une réélection à vie. L’alternance ne les concerne jamais ! » Ce sont eux qui transmettent l’héritage à des collaborateurs méritants, à des courtisans, à des enfants, à des proches reproduisent ainsi à l’infini une caste dominante nationale n’ayant absolument aucun lien avec le peuple et ses réalités. Désormais on s’attribue des fiefs, des principautés et pas nécessairement des fonctions électives où l’on serait redevables à l’égard des l’électorat. Il n’est pas certain que la proportionnelle ne favorise pas à terme cette tendance dévastatrice pour la démocratie car elle dépend des seuls rapports de force internes à un parti ! Toutes les initiatives citoyennes ont en effet été vouées à l’échec à ce jour sauf au niveau de quelques communes. Et en passant un accord avec Bayrou, Macron va perdre un atout considérable qui était celui de son détachement de négociations financières partisanes et d’attribution de territoires électifs. Valls, Sarkozy, Juppé ont perdu car ils se sont considérés comme héritiers et ne se sont pas comportés en conquérants !

En politique il n’y a donc plus d’ascenseur social mais un retour réel et durable à l’attribution de charges électives par lettres de patentes délivrées nationalement. Il y aura de moins en moins d’ouvriers, d’instituteurs, d’agriculteurs de base aussi, convaincants, intelligents et méritants soient-il dans le Parlement. La démocratie représentative ne l’est plus dans les faits car elle est confisquée par la structuration actuelle de tous les partis. Aucun d’entre eux n’échappent à cette strangulation de la promotion par la conquête… surtout lorsqu’ils sont majoritaires car dans le fond peu de leurs adhérent(e)s sont intéressés par un combat perdu d’avance lorsque les valeurs qu’ils portent ont toutes les chances de ne réunir qu’une faible audience. Derrière le rideau de fond de la scène des présidentielles se trament des illustrations parfaites de ce constat. J’ai toujours eu beaucoup de mal mais j’ai fini par céder quand on m’expliquait que c’était pour le bien de mes idées… Avec mes 70 balais je sens que je vais nettoyer devant ma porte des certitudes !

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Cet article a 3 commentaires

  1. bernadette

    L’ascenseur social s’est arrete avec une cette de 100% du BIP et un chomage record. Mauvaise evaluation des partis politiques. Il n’y a plus rien qui puisse entrainer une dynamique economique productive.
    Oh l’ecologie est une extension des partis politiques par l’Europe.
    Il faut repenser une offre politique qui ne soit pas une ruine pour le peuple. Il doit y avoir des solutions : sortir de la globalisation.

  2. LAVIGNE Maria

    Rien à ajouter à vos propos. Tout est dit. J’ai ouvert les yeux un peu avant vous mais c’est bien de le faire. Et c’est ainsi que je me suis juré de continuer à défendre mes valeurs qui sont aussi les vôtres je crois, mais que jamais plus je ne défendrai un homme, si brillant soit-il, qui ne me semble honnête intellectuellement, qui ne soit pas une girouette qui tourne au gré du vent . Là, il y a de quoi balayer en effet

  3. LEON

    Ce que vous décrivez montre la différence profonde entre les politiciens et les hommes politiques. Il me semble bien que « l’avenir en commun » -travail collectif contient plusieurs garde-fous structurels qui peuvent prémunir le fonctionnement démocratique de nos institutions contre ces dérives catastrophiques : l’assemblée constituante qui fait remonter de la base vers le sommet le texte d’une nouvelle Constitution est une valorisation démocratique du citoyen, qui le responsabilise; le référendum révocatoire, qui permet de radier un élu qui glisserait vers l’abus de pouvoir, le passe droit, la corruption, etc. engagera l’élu à rendre des comptes Rien n’est parfait, mais on peut penser qu’un effort dans le bon sens est plus rassurant que la répétition des mêmes interdépendances, fayotages et soumissions carriéristes dont nous subissons les effets…

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