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Qui demandera des comptes sur l'intervention libyenne ?

On nage en plein délire avec les primaires en cours en France. D’abord parce que les propositions tous azimuts deviennent de plus en plus épouvantables sur le fond et sur la forme à droite comme à gauche ! Plus aucune retenue car l’intégrisme politique franchit toutes les limites pour tenter de raccrocher des partisans jusque là indifférents et nul ne sait vraiment où il s’arrêtera. On élimine, on rejette, on enferme et plus encore on détruit les fondements même du vivre ensemble. Surfant sur l’incroyable capacité d’oubli des gens, certains annoncent même ce qu’ils n’ont jamais fait et même envisagé de faire ! Et dans cette fuite en avant forcenée destinée à prendre ses distances avec le passé, chacun démontre un talent digne des plus formidables sprinters de l’histoire. Le recordman de cette démagogie galopante est incontestablement Nicolas Sarkozy qui s’offre des heures de télévision, des pages de journaux et des minutes de radio sans que personne n’ose le ramener avec l’élastique des affaires qui lui colle aux trousses sur la ligne départ.
Il faut donc que la vérité vienne de l’étranger car la vision extérieure du plus grand tricheur politique que l’on ait eu en France, correspond à des réalités que nous ignorons chez nous. Qui ose chez nous lui demander des comptes sur la tragique erreur libyenne ? Qui tente de lui barrer la route en rappelant les éléments du financement de sa campagne électorale par ce Khadafi qui s’est suicidé avec une balle tirée à bout portant ? Les Anglais ! Et eux seuls !
Comme l’intervention en Irak a lancé la banalisation des luttes ethno-religieuses, celle en Libye a déchaîné les affrontements ethno-tribaux ! En fait une commission d’enquête du parlement britannique ne se gêne pas pour dénoncer les errements du duo Cameron-Sarkozy. L’intervention militaire était basée sur des « postulats erronés » ou truqués pour des envies économiques cachées comme ce fut le cas dans la guerre contre Saddam Hussein.
Officiellement l’armée française est intervenue pour protéger les civils réprimés par le dictateur Muammar Kadhafi. Elle a été tellement « protégée » cette population qu’on estime actuellement à 60 000 le nombre de tués par les offensives aériennes des avions de l’OTAN ! Par contre nul n’a pas pu vérifier la menace réelle que le régime Kadhafi faisait peser sur les civils. Sarkozy et Camerone ont aussi totalement échoué à identifier les factions islamistes radicales au sein de la rébellion. Bref on est parti en guerre sans même savoir ce qu’il se passerait après l’offensive voulue pour permettre aux grandes compagnies pétrolières de se refaire une santé financière !
Cinq ans après la chute et la mort de l’ancien maître du pays, le chaos règne en Libye, pays riche en pétrole où le gouvernement d’union nationale, soutenu par l’ONU, peine à asseoir son autorité sur l’ensemble du pays depuis son installation en mars à Tripoli. Personne n’a vu (ou voulu voir) que les islamistes radicaux allaient chercher à profiter de la rébellion et qu’il faudrait de longues années de souffrance pour le peuple libyen pour sortir d’une guerre civile ayant ruiné le pays. Pire : nul n’a envisagé un instant les effets collatéraux sur les nations branlantes du Sahel  de cette déstabilisation massive d’un régime surarmé. De l’affaire des infirmières bulgares à la réception parisienne honteuse de Kadhafi on a assisté à l’un des épisodes les plus lamentables de la politique étrangère française !
Quel était le Ministres des Affaires étrangères qui a cautionné cette action militaire menée pour des intérêts suspects ? Un certain Alain Juppé qui lui aussi en prend pour son grade dans le rapport de la commission des affaires étrangères britannique. Lui-aussi est accusé d’avoir surévalué de manière délibérée la situation sur place. Les parlementaires britanniques estiment que Nicolas Sarkozy a entraîné ses alliés dans une aventure hasardeuse pour ses intérêts personnels qui sont clairement énoncés : volonté d’obtenir de plus grandes parts de la production de pétrole libyen, asseoir son influence sur le nord de l’Afrique ; améliorer sa position électorale avant les Présidentielles ! Des objectifs très éloignés d’un intervention à but humanitaire. D’ailleurs y-a-t-il une guerre ayant un but humanitaire ?
Pourquoi le Parlement français n’a-t-il pas envisagé une commission d’enquête sur cette décision d’un Président prétendant avoir absolument rien à se reprocher ? Notre système n’a pas la culture de l’évaluation des actes politiques et plus encore des gens qui les mènent. Sait-on seulement par exemple combien a coûté cette intervention ? Même pas ! Pendant ce temps les arguments primaires sur les jihadistes se déversent dans une opinion publique avide de certitudes toutes faites.

Cet article a 3 commentaires

  1. faconjf

    bonjour,
    à propos de A Juppé

    En Mars 2011,le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé, qui a présenté la résolution 1973, a affirmé dans son discours prononcé devant le Conseil de sécurité que «la situation sur le terrain est plus alarmante que jamais, marquée par la violente reconquête des villes « . Il a souligné l’urgence de la situation, en faisant valoir que «Nous avons très peu de temps, peut-être qu’une question d’heures. » traduction de la page 14 du rapport parlementaire… Alain Juppé qui jouait les faucons en 2011 pour Sarkozy – voir cet article du post de mars 2011 http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2011/03/24/2444733_alain-juppe-diplomate-ministre-de-la-guerre.html-
    Le maire de Bordeaux et néanmoins candidat aux primaires républicains à la présidentielle française, Alain Juppé a fait ce matin à Alger ( 8 février 2016) son mea culpa au sujet de l’intervention militaire de la France et ses alliés de l’OTAN en Libye. Juppé a fait ces aveux devant des journalistes algériens qui l’ont interrogé alors qu’il fut le chef de la diplomatie française.
    «Oui, c’est un fiasco et un chaos», a-t-il reconnu, bon joueur contrairement aux autres responsables français notamment Nicolas Sarkozy qui se vante à ce jour d’avoir «libéré» la Libye de Kadhafi.
    Comment dit-on « mémoire de poisson rouge » en Anglais ?
    Salutations républicaines.

  2. faconjf

    désolé le lien vers les archives du post est corrompu vous pouvez néanmoins l’ouvrir par un copier/ coller de cette requête: « La guerre en Libye : le bourbier d’Alain Juppé – Huffington Post » dans votre moteur de recherches ici le lien avec le rapport parlementaire http://www.publications.parliament.uk/pa/cm201617/cmselect/cmfaff/119/119.pdf
    Le tacle sévère de Obama sur Sarko en mars 2016  » « La Libye est plongée dans le chaos », poursuit le président américain, qui a décoché plusieurs critiques envers les dirigeants européens de l’époque. Le Premier ministre britannique David Cameron a ensuite été « distrait par d’autres choses », explique Barack Obama.
    Quant au président français Nicolas Sarkozy, ce dernier « voulait claironner ses succès dans la campagne aérienne alors que nous avions détruit toutes les défenses anti-aériennes », estime encore le président américain, dont le deuxième et dernier mandat s’achèvera à la fin de l’année. » le lien ici http://www.jeuneafrique.com/309068/politique/libye-barack-obama-critique-severement-cameron-sarkozy-de-lintervention-de-2011/

  3. bernadette

    Merci pour ces eclairages mediatiques.
    L’interdependence politique de gauche comme de droite existe.
    Je ne regarde plus ces emissions TV.
    @+

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