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Construisons une Europe de proximité

Discours effectué lors de la journée « Fabrikeurope » du conseil départemental de la Gironde consacrée à la pauvreté et à l’insertion

« Vous écouter et vous entendre, débattre avec vous des questions vitales qui conditionnent l’action quotidienne de nos institutions, est pour nous d’une utilité absolue.
Dans une société de l’incertitude, de l’accroissement des inégalités, et dans une période où ne sont pas encore absorbées toutes les conséquences de la réforme territoriale, Départements et régions, mais plus largement toutes les Collectivités et organismes, sont amenés à repenser leur action.
Il nous faut désormais redéfinir les rapports aux territoires et ce, quelque soit l’échelon, local, départemental, régional, européen.

Ainsi l’impact des réformes et les enjeux du partenariat se trouve confronté à une double lecture européenne et française
Comme vous le savez, dans la loi NOTRe la responsabilité des Départements est largement engagée s’agissant de politiques et des prestations en matière d’insertion. C’est désormais une certitude : nous sommes et nous resterons le pivot de l’insertion !
Rien qu’en Gironde, l’augmentation constante du nombre de familles victimes de pauvreté accuse une progression de + 10% par an en moyenne (33 788 foyers en 2009 contre 55 343 foyers en 2015)
Le Conseil départemental s’est ainsi fortement saisi de ses responsabilités nouvelles en matière d’insertion et les résultats obtenus en matière de pilotage des dispositifs dans ce domaine sont encourageants grâce à l’investissement des structures de terrain.
Cependant, le problème du décalage financier reste posé : la Gironde – à l’instar d’autres départements – doit faire face à l’alourdissement de contraintes financières qui risquent d’obérer, à terme, sa capacité d’initiative.
Nous entrons dans une situation préoccupante avec en 2016 des dépenses de solidarité contraintes avoisinant les 850 millions d’euros soit 63 % de notre budget de fonctionnement. La franchise m’oblige à vous le dire : la diminution généralisée des ressources propres qui affecte tous les échelons de l’action publique comme du secteur privé n’est pas sans poser d’énormes défis à chacun d’entre nous.
Parmi les éléments de réponse, la réforme territoriale amorce un virage significatif en opérant une clarification des compétences entre les collectivités.
C’est ainsi qu’entre les grandes régions « stratèges » et le couple « communes-intercommunalités », le rôle des Départements est d’assurer « les solidarités humaines et les solidarités territoriales ». Transposé en langage européen, cela signifie que les Départements sont investis de la responsabilité d’assurer à la fois la cohésion sociale et territoriale, avec une préservation des équilibres entre les territoires.
Vaste programme et rappelons un défi que la majorité départementale a pris à bras le corps dès son renouvellement sous l’impulsion de Jean-Luc Gleyze.
Cohésion? Solidarité? Derrière les mots se cachent en réalité de vrais enjeux d’action publique : le versement des allocations ne fait pas des Départements des organismes uniquement payeurs de prestations. Nous refusons de devenir un gigantesque bureau départemental d’action sociale… car ce n’est pas une projet politique mais un projet de guichet !
Le rôle de nos institutions est aussi et surtout d’agir au service des territoires les plus en difficulté, en soutenant les personnes les plus faibles, en les empêchant de sombrer devant les aléas de la vie, en les ramenant vers l’emploi et l’activité, ce qui suppose de rechercher à proposer un meilleur service partout où cela est utile pour les citoyens. Pour parvenir à ce résultat, l’enjeu de la croissance inclusive implique de coopérer, de lancer des passerelles, de savoir innover dans le cadre de partenariats communs.
La cohérence dans l’action est devenue le vrai défi du présent pour lequel nous devons nous mobiliser sur la durée. Il n’y a plus de place à la notion de guichet mais à celle de pacte, plus de place pour la charité mais le solidarité active, plus de place à l’unicité de l’action mais pour le partage pour agir, plus de place pour la distance mais un retour détermine vers la proximité territoriale et humaine
C’est devenu un défi collectif. Cela vaut pour chacun d’entre nous. Nous sommes avant tout des partenaires – publics / privés – et des acteurs de l’action publique qui se complètent.
Quelle que soit l’échelle d’intervention considérée, nous devons – à tout prix – faire réussir cette nouvelle organisation de l’action publique.
La nécessité d’un partenariat actif, investi, mobilisé, s’enracine dans une conviction : l’action publique n’est efficace, que si tous les acteurs du développement local, de l’économie, du développement durable, et de la solidarité, que si tous les citoyens sont considérés des acteurs majeurs pour construire « d’égal à égal » le développement et la vitalité des territoires.
Cet objectif doit être à la fois une ambition commune, mais aussi une exigence collective. Trop souvent le partenariat de projets se réduit au partenariat des financeurs. Le véritable enjeu est tout autre :
Nos territoires ont besoin de la convergence entre la force de l’Etat, celle de l’Union européenne, l’initiative des collectivités territoriales et celle des partenaires privés, mais rien ne peut réussir sans la force créatrice de la société à travers la participation des citoyens.
C’est ce que nous visons également à travers les pactes territoriaux en cours de construction sous la houlette de la première vice-présidente Christine Bost. D’ailleurs certains d’entre vous se sont largement impliqués dans cette démarche de co-construction et je tiens à les en remercier.
L’Europe est là pour nous appeler à une prise de conscience collective de l’urgence à agir et à entreprendre autrement :
Notre devoir est de tenter d’imaginer de nouvelles formes d’intervention et de nous adapter à la complexité d’un environnement qui évolue sans cesse :
 Nous devons rester attentifs à poursuivre notre dialogue ouvert par des négociations avec l’ensemble des partenaires,
 Nous devons comprendre comment élargir les bases d’un projet pour le faire accéder à une dimension globale,
 Nous devons tout mettre en œuvre pour satisfaire non plus une obligation de moyens, mais prioritairement une obligation de résultats.

Commencer par faire cela, c’est réaliser une révolution culturelle silencieuse, dans nos habitudes, dans nos comportements, dans nos réflexes, dans nos visions consuméristes pour privilégier le retour puissant de la citoyenneté. C’est l’objectif essentiel de cette journée : vous prouver que vous avez chacune et chacun avec vos spécificités, vos atouts, vos convictions votre place dans le cheminement vers une EUROPE SOLIDAIRE PROCHE DE SES CITOYENS L’Europe doit être là pour nous aider à réussir cette subtile alchimie entre stratégies, partenariats et projets. Nous avons ENSEMBLE à construire l’Europe de la proximité.

2020, c’est déjà demain, et certains que je soutiens au nom de la majorité départementale et que j’encourage esquissent les contours d’une Europe sociale axée sur l’investissement dans les ressources et le capital humain plus que dans le profit et les ressources financières. Soyons convaincus que cet investissement est la clé de notre avenir, fondé sur trois piliers d’action, l’inclusion sociale, le retour à l’emploi et la mobilité.

Pour conclure mon propos, je terminerais par un ingrédient central qui je l’espère nous aidera à démystifier nos représentations des Fonds européens. Il s’agit de la confiance. Nous devons abattre les murs de cette méfiance qui ruine souvent les projets. Au département la démarche eds pactes repose sur la confiance réciproque et partagée.
• Nous avons résolument confiance dans le potentiel énorme d’énergies, de talents, de compétences et d’intelligence collective qui existe au cœur des territoires chez tous nos concitoyens investis dans chaque ville, dans chaque quartier, au service du bien commun.
• Affirmons au cours de cette journée notre volonté conjuguée – Europe, Etat, Entreprises, Collectivités territoriales, monde associatif – d’apporter à nos populations les plus fragiles des raisons de nous faire confiance, de nous redonner leur confiance.
• Avançons, menons des expérimentations, développons des plans d’action en matière d’innovation sociale, notamment, pour moderniser notre action et apporter à nos territoires l’élan et la confiance dont nous sommes ensemble capables et qu’ils attendent.

Cet effort commun traduit déjà la volonté exprimée de tirer le meilleur parti des expériences et réussites ainsi que des difficultés des uns et des autres, pour faire émerger des propositions et des réponses innovantes.
Il nous faudra, tout au long de cette journée, du travail, de la tolérance, du respect mutuel et plus encore déployer envie et énergie pour réussir.
Je souhaite ainsi une journée riche, constructive et porteuse de nouvelles coopérations. Les gens dans la pauvreté ou dans les réseaux d’insertion méritent que nous fassions preuve de cohérence, de solidarité et d’efficacité et j’espère que nous repartirons avec pour eux des raisons concrètes d’espérer dans la puissance publique qui leur paraît souvent tellement éloignée de leurs préoccupations.
Mesdames, messieurs nous devons dans la période grave que traverse l’Europe nous devons nous montrer déterminés pour faire que les peuples, que ce peuple qui souffre, qui peine, qui s’inquiète, qui se détourne qui se recroqueville sur des idées bruines d’une autre époque trouve des raisons de croire en notre action.
Abordons cette journée avec à l’esprit cette phrase de Maurice Shumann : « je préfère un futur imprévisible à un futur imposteur ! »

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Cette publication a un commentaire

  1. batistin

    Bonjour, puisqu’il est question dans votre discours, Monsieur, de
    « la notion de pacte, de solidarité active, de partage pour agir »,
    je me permets ici de faire, si vous le voulez bien, la promotion de notre action associative :
    notre site web http://www.chez.xyz accueille artisans d’art et artistes et présente leur travail, et ne prélève aucune commission sur les ventes éventuelles.

    Un moyen comme un autre de perpétuer le savoir faire, le tour de main, le travail manuel et peut-être bien la tradition.

    Dans un monde ou rien ne semble plus pouvoir se faire sans passer par internet, nous nous battons donc contre les grands, et arrivons à ce jour en page 2 ou 3 en recherche sur Google sur l’expression  » galerie d’art ».
    Ce qui est fort raisonnable pour un petit site associatif où tout est gratuit !

    Le tout sans aucune subvention, ni de la Region, ni de l’Etat, ni de l’Europe.
    Une action citoyenne donc.

    Merci, bonne journée à toutes et tous.
    Batistin artiste

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