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Le phénomène selfie révèle la réalité politique

Une inauguration médiatisée comme celle de la Foire internationale de Bordeaux ressemble étrangement à une « maul » de rugby qui avance en ordre plus ou moins dispersé au gré des organisateurs. Poussés par un pack compact de « joueurs » de plus ou moins haut niveau les nouveaux entrants sur le terrain des matchs politiques ont bien du mal à trouver sa place. Un ailier fut-il gauche ou droit se retrouve vite écarté, ballotté, évincé ; éjecté de cet amas que les caméras, les objectifs et maintenant les téléphones tentent de saisir au plus près. Certain(e)s parviennent à se faufiler en tête lors d’une halte ou d’une avancée moins rapide pour vite être dépassé. Il faut bien remarquer que dans cette progression les femmes ont bien du mal à trouver leur place tellement leurs homologues masculins se serrent les coudes pour empêcher un passage en force de personnes ne possédant pas leur aura.
C’est extrêmement révélateur de ce qui fait actuellement les malheurs de l’action publique : pour exister il faut soit avoir une notoriété acquise ou une audace telle qu’elle vous permet de vous frayer n’importe quel chemin en écrasant les pieds des autres. Ces pratiques il faut bien l’admettre découlent du besoin de médiatisation nécessaire à toute carrière. Les places sont chères et surtout il ne s’agit pas d’admettre dans le cercle fermé des ambitions les gens susceptibles de contrarier les vôtres.
En fait au-delà des divergences supposées il existe bel et bien une vraie solidarité des « titulaires » pour récupérer la tête du cortège car ils ont le privilège de . Parfois ils se soucient de leurs alliés potentiels oubliés au sein d’un peloton compact pour grâce à un ralentissement ils font revenir au premier plan. Le jeu de rôles bat son plein… mais bien évidemment le dernier mot revient à l’arbitre : celle ou celui qui choisira les plans, les photos pour rendre compte de ce match entre gens qui se connaissent bien et qui déploient tant d’efforts pour le paraître ! On prétend par exemple que le nec plus ultra des visites de ce type reste en France la salon de l’Agriculture et que quand on a acquis le niveau de cette manifestation on peut ensuite se tirer d’affaires à tout autre niveau. En effet seule l’expérience du haut niveau permet de se tirer d’affaire dans ce type de rencontre surtout quand vous arrivez du banc des remplaçants.
Pour celle ou celui qui a une longue pratique des «ouvertures officielles » il est aisé de noter des évolutions non-négligeables. Il n’y a rien d’étonnant à ce que le populisme prospère dans de nombreux pays quand on constate la manière dont se comporte le public tout au long du parcours. La personne a toujours plus d’importance que ce qu’elle représente ou qu’elle porte. La mémoire défaillante et les médias aidant le banni de hier devient Le nombre ds fameux « selfies » réclamés à chacune des têtes de mêlées permet de mesurer le niveau de la popularité. Être par exemple Secrétaire d’État ne constitue vraiment pas un atout dans ce domaine… car pas une seule personne ne vous connaît et ne souhaite vous connaître.
Par contre nombreux sont les jeunes et les moins jeunes qui souhaitent épater les amis avec un cliché du plus populaire des candidats à l’Élysée comme s’il s’agissait d’un pari sur l’avenir, une sorte d’investissement pouvant rejaillir sur sa propre notoriété. Tout le monde a entendu la blague de Dupont qui est à coté d’une célébrité universelle dont il éclipse le nom. Elle existe…réellement et se traduit de plus en plus par une image !
Une main serrée à la volée, une pause avec un groupe, un arrêt ultra-rapide sur un espace institutionnel, un mot agréable dispensé, une remarque incisive expédiée en sourdine : le « Petit Journal » en ferait son nectar! Il existe une technique d l’inauguration des foires ou des salons qui est bien différente de celle des rubans coupés ou des discours posés. Elle nécessite une santé de fer et un moral… d’acier car l’exercice est avant tout physique mais aussi éprouvant pour l’ego de celle ou celui qui espère exister dans un milieu extrêmement figé.
Dans le fond il vaut mieux être discret car parfois les commentaires captés par un oreille attentive ne sont guère amènes. La vision de ce « pack » dévastateur s’ébattant sur un stand, obstruant une allée ou engloutissant des petits fours devient de plus en plus critiquée par celles et ceux qui rangent tous les responsables dans le même sac… malsain des apparences. D’ailleurs les intéressé(e)s en ont conscience et se dépêchent de plus en plus lors de ces périples inauguraux devenant parfois des corvées : discours réduits et parcours écourtés. Le seul vrai problème c’est de savoir ce que vont devenir les selfies…

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Cette publication a un commentaire

  1. J.J.

    «  »C’est extrêmement révélateur de ce qui fait actuellement les malheurs de l’action publique : pour exister il faut soit avoir une notoriété acquise ou une audace telle qu’elle vous permet de vous frayer n’importe quel chemin en écrasant les pieds des autres. » »
    Par exemple en allant à Orléans, rendre un culte un peu suranné à Jeanne d’Arc, ce qui permet de se faire voir….

    SELFI ! Les québécois, qui semblent être de meilleurs défenseurs de leur langue arrière- arrière- grand maternelle que nous, s’interdisent d’employer cet affreux et ridicule anglicisme, le remplaçant par le plus latino-grec (c’est après tout les langues que nos ancêtres ont parlé et que nous parlons encore sans le savoir) ego portrait ou auto photo.
    N’empêche que le concept même du phénomène en question me semble d’une puérilité et d’un ridicule achevés.

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