Régionales : la vérité du "qui perd gagne !"

Le bilan des élections régionales ressemble furieusement aux règles de ce jeu célèbre du « qui perd gagne » voulant que celui qui perdra en respectant les règles ordinaires gagnera finalement la partie. Depuis l’annonce du résultat autour de toutes les tables avec la mine de circonstances on a abandonné le traditionnel discours triomphant pour répéter que l’on a certes pas réalisé un bon score ais que c’est bon signe pour l’avenir. Et tous les « je sais-tout » du suffrage universel se sont précipités pour participer à cette partie collective dans une ludothèque télévisée.
D’abord il y a le PS qui a trouvé de grands spécialistes de ce divertissement consistant qu’en perdant volontairement ses sièges régionaux a offert le contrôle de la table du Sud et du Nord à ses adversaires. Un bel exemple de parcours ayant permis à ses représentants de haut niveau d’affirmer que c’était magnifique de « perdre pour faire gagner les autres ! ». Ayant gagné 5 régions alors qu’on ne lui en promettait 2 voire aucune il assurait avoir réussi en empêchant le duo Le Pen de s’installer dans un premier fauteuil présidentiel. Jean-Christophe Cambadélis, Premier secrétaire du P.S a vu des raisons de se réjouir dans cette partie biaisée où il fallait abandonner certaines positions pour empêcher les autres de les conquérir : « Sursaut civique! Échec du FN! La gauche n’aura pas la déroute annoncée. La droite ne fera pas le grand chelem. L’union de la gauche a fonctionné ». Il a été rejoint par Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement dans cette analyse: « Je voudrais saluer le sursaut républicain. D’abord, les Français sont venus voter massivement. Ils se sont mobilisés, notamment la gauche, et le Premier ministre n’y est pas pour rien, pour faire barrage au Front national ». Au PS on a perdu plusieurs centaines de sièges de conseillers régionaux mais on a doublement sauvé l’honneur en en conservant 600 et en en faisant élire des cohortes du camp adverse. C’est vraiment le respect des règles du « qui perd gagne !. En estime ? Sûrement. En image ? Pas certain. En impact électoral réel ultérieur : c’est à voir !
Parmi les ex-UMP le bilan de ce scrutin est du même ordre. En s’installant dans 6 nouvelles régions (on leur en donnait 8 à 10) dont seulement 4 liés à un vrai combat sans renfort providentiel le Sarkozysme a effectivement plus perdu que gagné. L’une d’entre elles est en effet a mettre au crédit des centristes mais comme ces derniers ont malencontreusement chuté dans 2 autres le vainqueur a laissé une bonne part de sa crédibilité. Dans le fond ces défaites arrangent bien l’ex-Président parti dimanche soir se changer les idées autour d’un autre espace de jeu dans le Parc où n’évoluent que les Princes. Sa « ligne » politique en sort gagnante d’autant plus que son adversaire le plus dangereux (Pas Lyon ais Juppé!) a pris une monumentale déculottée sous ses yeux.
Sarkozy a donc failli tout perdre mais il a finalement récupéré la mise en profitant illico de cette position avantageuse pour exclure du jeu les gêneur(neuse)s potentiel(le)s : « Je veux remercier les millions d’électeurs quelle que soit leur appartenance politique qui se sont portés (…) sur les listes des Républicains et du centre ». « Cette mobilisation (…) ne doit cependant sous aucun prétexte faire oublier les avertissements qui ont été adressés à tous les responsables politiques, nous compris, lors du premier tour ». Il l’a joué modeste mais ferme et rapide ! D’autant que Juppé cloué par l’échec de sa protégée jusque dans sa propre ville (10 points de retard sur Rousset) avec un canton à plus de 61 % pour le président sortant d’Aquitaine est incapable de réagir. Il faut cependant que Virginie Calmels pourtant attachée au culte du résultat, en perdant tout a été gratifié d’une « promotion potentielle » par son mentor. Si ce n’est pas une superbe partie de qui perd gagne j’en perds mon pauvre latin !
Mais les meilleurs à ce jeu restent les leaders du Front National. Ils ont certes perdu les 4 cartes majeures qu’ils espéraient récupérer mais ils ont amassé un véritable pactole avec plus de 6 800 000 voix « un nombre record de suffrages lors du second tour des élections régionales, multipliant par trois son nombre de voix par rapport aux élections régionales de 2010 ». Il progresse de plus de 800 000 suffrages par rapport au premier tour, alors même qu’il ne bénéficiait théoriquement d’aucune « réserve » de voix.
Ces résultats permettent l’élection de 356 conseillers régionaux du Front National, multipliant par trois son nombre d’élus (117 lors de la précédente mandature). « Le Front National obtient une représentation dans les hémicycles de la totalité des 13 régions métropolitaines et sera, numériquement, dans beaucoup d’entre elles, la première force d’opposition régionale » selon le communiqué du FN. Et c’est vrai lui-aussi a perdu en PACA et en Nord-Pas de Calais – Picardie et tout le monde s’en réjouit mais il a conquis un socle électoral faisant de lui le vrai vainqueur de ce jeu subtil qu’est le « qui perd gagne »

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Cet article a 3 commentaires

  1. J.J.

    On a gagné, on fait la triste fête et on continue à danser sur un volcan, comme en 1830, droits dans nos bottes !

    L’iceberg est en vue et même en changeant de cap, Il est sans doute d’ailleurs trop tard pour éviter la catastrophe ; et le volcan ne suffira pas à faire fondre l’iceberg.

  2. Christian Coulais

    Rien ne va plus. Les jeux sont faux, pardon faits. Tandis que la bille d’y voit rien tourne, tourne, encore et encore, jusqu’en 2017. Où là encore les élites politiques feront appel au petit peuple de France pour un nouveau sursaut républicain !

  3. Je n’ai qu’un vœu à faire … que le trio Hollande, Valls, Cazeneuve ne s’en tiennent pas à la perspective : FN contre PS au 2e tour. Ce que les Français attendent, c’est un vote d’ADHESION !

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