Lorsque l’on dialogue avec absolument tout le monde sur les choix à effectuer en matière de gestion publique on est dans le paradoxe permanent si ce n’est dans l’incohérence absolue. Impossibilité de réformer puisque chaque décision se heurte à des oppositions d’autant plus violentes qu’elles sont touchent personnellement les personnes concernées. Ce n’est pas une spécificité française. Parler des retraites c’est éviter de résoudre une problème par une augmentations des cotisations ou un report de l’âge de départ. Vouloir redresser les comptes de la sécurité sociale sans faire disparaître le principe de solidarité ne passe pas par les participations améliorées ou les remboursements réduits. Pas une seule action ne provoque pas d’affrontements contradictoires ou insolubles. On n’est de plus en plus vainqueur dans une joute électorale si on est contre ! D’ailleurs toutes les élections se jouent souvent sur la capacité du vainqueur à obtenir des arguments forts utilisables contre son adversaire et selon une phrase célèbre on n’est que rarement élu sur un programme mais sur des critiques ! Le vrai problème c’est qu’il faudrait renforcer considérablement le système du référendum à tous les niveaux pour arriver à se sortir de ces positions stériles et dévastatrices pour la confiance des peuples dans la démocratie représentative. L’exemple va encore une fois venir de Grèce et c’est bien ce qui va tétaniser les autres nations européennes gouvernées selon les principes de la gestion directive mais jamais partagée. Tsipras vient brutalement de jeter un pavé dans le marigot des vérités toutes faites !
Après des mois de négociations il constate que les institutions non issues d’un quelconque suffrage universel (UE, FMI, banques…) font le maximum pour le mettre en contradiction avec les engagements qu’il a pris auprès des Grecs. Sous la double pression des institutions hostiles et maintenant d’une par de sa majorité il a maintes fois répétés qu’il ne trahirait pas la volonté exprimée en sa faveur par les électrices et les électeurs. Les « écraseurs » de démocratie demande un énième plan d’austérité. Il a beau expliquer que ces mesures plongeront la Grèce dans une plus grande incapacité à rembourse sa dette et à une révolution inévitable pouvant la ramener des décennies en arrière les créanciers refusent de modifier leur ligne. Contrairement à ses collègues inféodés à un système qu’ils ont créé Tsipras a fait un coup d’état démocratique que l’Europe ne supporte pas : donner la parole à son peuple. Veulent-ils de fait quitter la zone euro et aller librement vers une forte décroissance ou sont-ils prêts à entrer dans les mesures demandées par les banksters et leurs tuteurs ? Pour une fois on ne sera pas dans l’ambiguïté des promesses non tenues ou des querelles partisanes. Au peuple de trancher et ensuite à Tispras d’agir. C’est bien mieux qu’un sondage orienté ou d’un débat théâtral au parlement ! Il fout une vraie trouille à tout le monde ! Il n’était pas beaucoupaimé… il ne va plus l’être du tout pas le reste du continent !
Les ministres des Finances de la zone euro se réunissent donc sous la pression et dans un climat de grande confusion après l’annonce par Athènes de l’organisation d’un référendum sur l’offre de ses créanciers. L’annonce par le Premier ministre grec a ainsi bouleversé un calendrier qui semblait implacable. Un peu comme si un condamné aux travaux forcés obtenait le droit de sollicter un délai du jury populaire. La Grèce n’a plus en effet que trois jours pour rembourser au Fonds monétaire international un prêt de 1,5 milliard d’euros, et si elle ne trouve pas cet argent, c’est le défaut de paiement qui guette, prélude à une sortie de la zone euro. Une perspective aux conséquences imprévisibles, qui fait frémir dans les capitales des 18 autres membres de l’union monétaire. Mais que pourron-ils dire si c’est le peuple grec qui le veut ? Iront-ils contre les principes fondateurs de l’UE ? Les dégâts seraient considérables dans l’opinion publique européenne et il est quasiment certain que la Grande-Bretagne quitterait cette institution qui révélerait son vrai visage ! U
Un document avait fait l’objet de fuites, montrant que les créanciers (FMI et UE) proposaient à Athènes de prolonger son plan d’aide jusqu’à fin novembre, avec à la clé potentiellement 15,5 milliards d’euros de prêts (12 des Européens, 3,5 du FMI), en échange des réformes demandées, à la fois budgétaires et structurelles. Le rejet catégorique de ce que M. Tsipras a qualifié d' »ultimatum » des créanciers et son annonce de l’organisation d’un référendum sont venus brouiller les cartes de manière spectaculaire.
Les ministres des Finances, ne se font pas d’illusion sur l’issue du référendum et finalement changer l’ordre du jour de leur réunion et la consacrer à un sujet qui jusqu’ici était bien présent dans les esprits mais restait tapi dans l’ombre: le fameux « plan B », soit les mesures à mettre en place en cas d’échec des négociations. La BCE, pas plus que le FMI, n’avait réagi samedi matin aux annonces du dirigeant de gauche radicale. Le Parlement grec devait se réunir, avec un vote prévu en début de soirée sur l’opportunité de tenir ce référendum. A Bruxelles, on admet que cette initiative était logique et même le ministre de l’Economie et vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel, que « cela peut faire sens » d’organiser une consultation populaire sur les négociations avec les créanciers ». Tout va donc pour le mieux. Je propose d’appliquer à l’UE, à la BCE et au FMI une critique de Brecht sur le régime de la RDA : «« J’apprends que le gouvernement estime que le peuple à « trahi la confiance du régime » et « devra travailler dur pour regagner la confiance des autorités ». Dans ce cas, ne serait-il pas plus simple pour le gouvernement de dissoudre le peuple et d’en élire un autre ? ».
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Bonjour !
Et si cela s’appelait simplement un système démocratique ( la racine est grecque n’est-ce pas ? Bizarre … [combinaison de dêmos, « peuple » et krátos, « pouvoir », ou encore kratein, « commander » [ source Wikipédia] ) au lieu d’être, comme dans de nombreux pays …. dont le nôtre , une royauté déguisée à tous les étages?
Cordialement.
C’est avec beaucoup de plaisir mêlé de crainte que j’ai appris l’annonce de ce referendum (une sorte d’Appel du 27 Juin ?).
Comme le rappelle François, la Grèce est le berceau de la démocratie. Elle est, bien plus que de soi-disant racines judéo- chrétiennes, le berceau de la culture et de la civilisation occidentale. L’origine de notre langue, également.
Ce retour aux sources de notre Monde nous remet en mémoire Salamine, Marathon, les Thermopyles, sans compter les victoires que j’oublie, ou que j’ignore, et que j’espère….
C’est vrai que j’ai une grande admiration pour le peuple grec, qu’il soit antique ou contemporain, je conserve précieusement une pièce de 1€, à l’effigie de la chouette d’Athéna, souvenir de la drachme antique.