Lors d’une réunion dont je ne peux pas transcrire le compte-tenu car ses délibérations restent confidentielles une chargée du développement d’un grand groupe commercial expliquait doctement que l’heure du « hard discount » avait sonné et que le concept était dépassé. Place désormais à d’autres expressions anglaises plus acceptables… afin de se construire disait-elle « une image plus positive ». Lorsque l’on a en soit des valeurs (je sais ce mot n’a plus aucun sens) un tantinet humanistes il est vraiment impossible de se laisser bercer par ce type d’illusions. Tout n’est que communication et ajustement à la loi du marché mais bien au contraire la spirale du « toujours moins cher » et du « toujours plus antisocial » entraîne inexorablement le monde à sa perte. Les habillages n’y changeront rien !
La notion de croissance continue du profit au détriment de la vraie qualité de vie s’accompagne désormais de la réduction outrancière des coûts de production. Tous les efforts pour un commerce équitable ne parviennent pas à atténuer ces effets pervers pour l’Homme lui-même d’un écart croissant entre ce que l’on apprenait au cours moyen première année : la différence entre le prix de vente et prix de revient donne le bénéfice… si l’on veut que ce dernier soit le plus élevé possible, il faut maintenant chercher par tous les moyens à réduire le prix d’achat et les frais qui le constitue (personnel surtout) le prix de revient bénéfice garanti. Cette égérie de la grande distribution souhaitait ainsi doubler la surface de vente de son enseigne dont elle disposait déjà pour embaucher… « une personne supplémentaire ! ». Une illustration parfaite de la logique de ces groupes qui prétendent avoir les prix les plus bas…mais à quel « prix » humain ! Partout dans le monde ce système conduit à une nouvelle forme d’esclavage moderne que peu de consommateurs heureux dénoncent car ils n’y voient rien et surtout qu’ils ne veulent surtout pas voir, pas savoir et pas entendre. La société du ni vu, ni connu pour éviter les problèmes de conscience ne cesse de progresser !
Or au cœur de ce que nous pensons être notre confort il existe des drames qui devraient soulever le cœur des arpenteurs des allées des centres commerciaux où ne déambulent plus aucun(e) citoyen(ne). Ainsi les secours ont retiré jeudi matin des dizaines de corps d’une usine de fabrique de chaussures, bâtiment de deux étages situé dans la zone industrielle de Valenzuela, au nord de la capitale des Philippines.
Les victimes ont brûlé vives dans le brasier et les pompiers n’ont retrouvé pour nombre d’entre elles « que des crânes et des os ». L’incendie s’est déclaré brutalement vraisemblablement provoqué par les étincelles de fers à souder. Les ouvriers travaillaient dans cette fabrique pour 300 pesos (environ 6 €) par jour, sans protection spéciale contre les vapeurs toxiques, et n’avaient pas reçu d’instructions d’évacuation en cas d’incendie. Or tous les produits utilisés sont d’une dangerosité absolue ! Peu de gens meurent du feu mais plus souvent des émanations qui les asphyxient avec une efficacité supérieure aux gaz utilisées pour l’extermination des camps de concentration ! Or nos belles pompes de sport ou de loisirs sont bourrées de matériaux extrêmement combustibles, de cuirs tannés avec des métaux lourds… et les seules émanations des colles sont inflammables et cancérigènes au plus haut niveau. Or dans ce « four crématoire pour ouvriers » où on fabriquait des sandales destinées au marché local car ce n’étaient que des imitations à bas prix d’un modèle célèbre, la moindre étincelle pouvait provoquer un drame inarrêtable.
Que sont plus de 70 morts pour un prix de revient le plus bas possible générant le profit le plus haut possible ? Telle est la terrible logique : valeur humaine ou valeur financière ?
Il faudrait peut-être prendre conscience de la répartition des coûts quand on acquiert une paire de chaussures fabriquées en Asie. On peut avancer la répartition suivante : les matières premières selon les cours mondiaux sont en moyenne de 8 % ; les transports et taxes afférentes de 5 % ; les amortissements, les frais de recherche et de développement de 11 % ; la publicité, le marketing, le sponsoring se situent autour de 8 % ; celle brute avant déduction d tous les frais du distributeur de 29 % …. On peut alors préciser que d’après l’étude les coûts de production atteignent 2 % dont 0,4 % pour les charges totales de salaires. Le fabricant encaisse pour sa part ainsi 2 % nets contre 13 à celui qui a simplement passé la commande ! ! N’oublions pas qu’en France l’Etat récupère lui 20 % grâce à la TVA et est dans les faits le principal bénéficiaire !
C’est le même système dans tous les domaines, dans tous les secteurs? dans tous les pays avec plus ou moins d’acuité : faute d’augmenter les prix de vente ou pour permettre de les baisser on pressure le prix d’achat par tous les moyens même les plus inhumains. L’essentiel reste l’étiquette et le dépliant publicitaire ! Pour le reste ni vu ni connu ! il n’y a que Rachida Dati qui joue le jeu du juste prix… avec le fric de l’Etat il est vrai !
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Je n’achète que des chaussures fabriquées en France, quitte à en changer moins souvent, et aucun produit venant d’Israël (une dent contre Bibi, ce n’est pas de l’antisémitisme primaire).
Je sais, c’est ringard et parfaitement inutile, mais ça me permet de dormir un peu plus tranquille….
Bonjour !
Encore une belle démonstration de l’épais enfumage commercial dont est et sera toujours victime plus ou moins consentante ( « à l’insu de son plein gré » dirait une vedette du cyclisme ! ) le consommateur pressé.
Aussi, il est nécessaire, J-M, d’informer EN TOTALITE ton lecteur ébahi dont @ J.J..
Prenons l’exemple du magnifique tee-shirt frappé du célèbre crocodile que tu porteras samedi soir lors des festivités créonnaises t’attirant ainsi de la part des électrices des » Ah ! Notre conseiller départemental, lui, s’habille français ! ! « . Et bien, si ce bel article a droit à un tonitruant » Made in France » ou « Origine France garantie », il y a plus que doute. Pourquoi ? Simplement parce que, sa fabrication étant chinoise ou marocaine ( sans racisme !), par le simple fait d’exécuter sur le sol français le démontage des colis, la pose du crocodile et des diverses étiquettes, le repassage et le nouvel emballage ou packaging ( ! ), on obtient une plus-value supérieure à 50 % du prix de revient de l’objet ! Donc acquisition du logo !
N’oublie pas de lire « Fabriqué en France », un petit guide disponible sur « entreprises.gouv.fr « rubrique marquage d’origine des produits. Ce site étant à l’effigie de Marianne, je ne serai pas surpris que quelques députés et sénateurs aient cautionné un ministre par une loi.
C’est donc le diable qui se mord la queue !
Cordialement.
Je sais bien, François, je ne suis pas tout à fait dupe, et le procédé n’est pas nouveau : il y a quelques décennies, du temps ou la France produisait des textiles, certains fabricants envoyaient leur production en Grande Bretagne afin que les étoffes portent le cachet de la douane britannique.
Au retour, on vendait alors en France ces textiles qui avaient plus de prestige auprès des snobs, après avoir acquis une frauduleuse valeur.
Il y a eu aussi des veaux de batterie girondins abattus en Corrèze pour obtenir le cachet « abattoir de Tulle ou Brive « , signe d’une grande qualité ! ! !
Dans le même ordre d’idée, J.J. , il existe une ronde intra-européenne de péniches de céréales qui, à chaque passage de frontières, émargent des primes ou subventions de l’U.E. …. sans changer de cargaison pour revenir à leur point de départ !
Merci l’Europe: ce sont ces c…….s de contribuables_consommateurs qui paient.
Comment ? Pardon ? Ce sont nous les payeurs ? Ah bon: voilà pourquoi mon porte-monnaie se vide … vite ! ! !