Et si on passait au stade inimitié franco-allemande

On ne saurait reprocher à jean-Luc Mélenchon de faire dans la demi-mesure. Loin s’en faut. Il va même souvent trop loin avec un sens de la formule qui caricature des positions pertinentes sur le fond mais souvent critiquables sur la forme. Ainsi dans un livre à paraître intitulé « Le hareng de Bismarck », en référence à un cadeau offert par la chancelière allemande à François Hollande lors d’une visite officielle au bord de la Baltique il flingue les idées reçues sur l’Allemagne. Cette salve a pour « but de percer le blindage cotonneux des béatitudes et des langueurs de tant de commentateurs hypnotisés par l’Allemagne ».
Un splendide résumé de ce que l’on doit penser sur un pays donneur de leçons mais dans lequel tous les paramètres sociaux et humains sont en chute libre. Impossible cependant de le dénoncer sous prétexte de faire de « l’anti-germanisme » primaire et de casser ce qui a fait l’Europe c’est à dire l’amitié « franco-allemande. Ainsi on s’incline devant la pseudo efficacité d’un système exclusivement orienté vers le maintien au pouvoir d’un partie : celui des retraités ! Un modèle qui n’a jamais rien fait d’autre que servir les intérêts du « pensionné de la haute classe moyenne allemande ».
« Euro fort et gros dividendes pour les fonds de pension, voilà son bonheur » et probablement le malheur de tout le continent. Et de dénoncer l’ « annexion » des « anciens pays du bloc de l’Est » qui « fournissent la main d’œuvre à bas prix qui permet au made in Germany de financer les fonds de pension ». Il ajoute dans cet ouvrage très polémique qu’ « un monstre est né sous nos yeux, l’enfant de la finance dérégulée et d’un pays qui s’est voué à elle, nécrosé par le vieillissement accéléré de sa population. (…) Cette alliance est en train de remodeler le vieux continent à sa main. Dès lors, l’Allemagne est, de nouveau, un danger. Le modèle qu’elle impose est, une fois de plus, un recul pour notre civilisation», renchérit Mélenchon. L’Allemagne a certes payé cash sa réunification mais elle a su en ouvrant l’Europe vers l’Est élargir considérablement sa zone d’influence. Elle est omniprésente en Pologne, en Hongrie, en Bulgarie, en Tchéquie ou en Slovénie… et elle tient ainsi de fait par ses investissements antérieurs les clés du vœux continent. En fait « l’empire » allemand s’est élargi grâce aux fonds de pension ou à l’épargne fabuleuse que possède les retraités bavarois. Les banques ou les organismes financiers viennent proposer leurs services jusqu’aux collectivités territoriales françaises. Paradoxalement ces affichages ostentatoires masquent une toute autre réalité.
C’est en Italie, en Espagne, en… Allemagne et au Royaume-Uni que la pauvreté a le plus augmenté entre 2005 et 2013. 2,7 millions d’Italiens sont ainsi passés sous le « seuil à risque ». Plus d’un million d’Allemands et de Britanniques. Dix fois plus qu’en France, où 102 000 personnes sont devenues pauvres en huit ans. L’austérité budgétaire imposée par Angela Merkel, au pouvoir depuis 2005, ne fait pas des malheureux que dans le Sud de l’Europe. En Allemagne, les femmes sont particulièrement touchées par la précarité suite aux réformes « assouplissant » le marché du travail au nom de la compétitivité. Le vrai problème c’est qu’en France personne n’ose l’écrire et surtout le dire ! Mieux on vient d’ajouter le cynisme absolu ! Des révélations pourraient en effet jeter un froid au sein du couple franco-allemand. « Le BND (les services de renseignement allemands) a aidé la NSA à faire de l’espionnage politique »
Il précise que des écoutes de « hauts fonctionnaires du ministère français des Affaires étrangères, du Palais de l’Elysée et de la Commission européenne » ont ainsi été réalisées depuis la station d’écoutes bavaroise de Bad Aibling. Des informations se succèdent donc dans la presse allemande sur les liens entretenus entre Berlin et la NSA. La chancellerie était informée depuis 2008, sous le premier mandat de Mme Merkel, de telles pratiques visant également des sociétés comme Airbus, mais n’a pas réagi pour ne pas froisser Washington… Mais les retraités allemands seront satisfaits car les actions EADS vont progresser et ça c’est bon pour leur train de vie !

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