Que peut faire un conseil départemental en matière d’emploi ? Le premier réflexe des citoyens c’est de transcrire la réponse sous forme de nombre de fonctionnaires. Or on sait bien que la Droite dans toutes ses composantes haït le mot de « fonctionnaire ». Dans toutes les campagnes électorales on tape aisément sur les fonctionnaires, surtout ceux des collectivités territoriales souvent jugés inutiles, paresseux ou au moins autant trop payés que les élus qui les dirigent. Le poujadisme et souvent une forme de populisme s’appuient sur ces campagnes faciles de poncifs voulant que le fonctionnaire inefficace soit toujours celui dont on n’a pas besoin pour son confort personnel ou la résolution de ses problèmes. Et d’ailleurs les « fonctionnaires » de la Cour des Comptes se délectent, rapport après rapport, des recommandations acerbes faites sur les autres fonctionnaires, surtout pas ceux de l’Etat mais ceux des collectivités territoriales.En fait on assiste à une montée en puissance de l’anti-services publics et plus encore du culte de la privatisation à tout-va dans tous les secteurs sous la férule de Bruxelles !
Au fil des transferts le nombre d’employés directs du Conseil général a considérablement augmenté sans que les élus départementaux en portent un quelconque responsabilité (personnels des collèges, personnels des centres routiers, MDPH…) mais bien évidemment on compare à l’envi les évolutions pour en déduire que l’on peut supprimer des postes. Ainsi l’ex-futur président UMP auto-proclamé de l’assemblée départementale propose de réduire de + de 10 % le nombre des salariés départementaux dans une période où la Gironde accueille les effectifs d’un collège nouveau chaque année, doit faire face à une augmentation constante de la précarité et des besoins sociaux, à la demande pressante de réponse aux besoins des populations…C’est ce qu’il appelle « gérer comme dans une entreprise ! » Autant dire qu’une telle proposition est totalement déconnectée de la réalité quotidienne du fonctionnement de services que tout le monde veut rapides, efficaces, performants, présents ! En fait si des redéploiements sont nécessaires et des mobilités à créer il est vain de croire que l’on peut drastiquement diminuer les emplois actuels pour faire un coup médiatique.
Le Conseil général a déjà plus de 45 % de ses effectifs disséminés sur le territoire girondin quand la droite découvre les vertus de la déconcentration ! Dans les 104 collèges, dans les centres routiers, dans les pôles de solidarité, dans les maisons départementale des services et de l’insertion (MDSI), dans le domaine du sport, dans le secteur de la lecture publique, dans celui du soutien aux communes (ADT), sur les sites environnementaux les « fonctionnaires » ne sont pas tous comme il est malhonnête de le clamer sur le site de Mériadeck ! Alors on sort la sempiternelle « paperasse » présentée comme courtelinesque qui rendrait le nombre de salariés trop important…En fait il faut savoir que la numérisation et l’informatisation sont en place et progresse en permanence mais pour ça il faut vivre la réalité du fonctionnement de l’institution que l’on prétend supprimer puis diriger et que solidarité nécessite rigueur et équité ! L’époque de la charité déculpabilisatrice à la gueule du client n’existe plus et certains voudraient la remettre au goût du jour !
Mais le conseil départemental est un formidable développeur d’emplois indirects. Par exemple avec son apport de 89 millions il garantit la masse salariale des 2 000 sapeurs-pompiers dont a besoin le SDIS 33. D’ailleurs il est même la variable d’ajustement des fluctuations salariales de cette structure dédommageant également les volontaires. Il finance par ailleurs des organisations satellites comme l’agence de développement touristique (ADT), l’Institut départemental de développement de l’action culturelle (IDDAC), le Conseil de l’Architecture, de l’urbanisme et de l’environnement (CAUE), la régie départementale des transports maritimes, le laboratoire départemental… Encore des centaines de salariés comme c’est aussi le cas avec TransGironde dont les emplois sont de fait indirectement financés par le sommes allouées pour compenser les pertes inévitables de ce réseau.
Il faudra ajouter le fait que la majorité départementale sera l’un des rares en 2015 à ne pas avoir baissé son niveau des investissements (210 millions d’€) au nom du soutien à l’économie locale et au maintien de l’emploi dans le bâtiment, les travaux publics et l’environnement. Il en va de même pour les subventions aux communes ou aux organismes HLM dont l’impact permet de débloquer chaque année pour 350 millions ‘€ de travaux pour les entreprises girondines.
Peu de contribuables se déclarant accablés par le matraquage fiscal (si l’on fait confiance aux allégations UMP) savent que leur modeste contribution à la vie collective départementale retourne à 90 % dans le milieu économique directement ou indirectement. Les subventions pour la création de petites entreprises ou de petits commerces (CREAGIR) représentent aussi des centaines d’emplois ! L’aide Personnalisée à l’Autonomie (APA) versée aux personnes âgées, l’aide aux personne handicapées, les hébergements pour enfants, handicapés, personnes âgées dépendantes, les postes associatifs génèrent 40 000 emplois féminins pour la plupart.
Au total on peut estimer l’impact du Conseil départemental à plus de 60 000 emplois directs ou indirects en Gironde. C’est à dire qu’un fonctionnaire du Conseil général contribue par ses initiatives à 9 emplois induits pas son action ! A méditer… si l’on ajoute que les dépenses pour les ressources humaines en Gironde ne représentent que 16 % du budget de fonctionnement ! Derrière tout ça le rêve de la privatisation outrancière, inégalitaire, dévastatrice fait son chemin !
Jean-Marie Darmian
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J’ai enregistré comme beaucoup l’inflation du nombre de « fonctionnaires » communaux qui se sont assimilés arbitrairement a ceux de l’Etat recrutés sur concours national anonyme et non à la binette, qui lors de chaque promotion migrent vers des postes parfois tres lointains et ne voient pas, eux, leur poste requalifie pour les maintenir sur place. J’ai toujours bien rigolé en voyant, meme dans les petites communes les anciens secrétaire de mairie devenir en grande pompe et à grand frais Directeurs des services. Et tous ces pseudos ingénieurs qui n’ont jamais fréquenté un établissement reconnu par la conférence des grandes écoles ? La definition du fonctionnaire est précisé (ordonnance de 1959 inchangée) « occuper un emploi permanent dans un service financé par l’Etat » et non par une collectivité territoriale … La politique du « clientélisme local » a ainsi créé une véritable armee mexicaine par le nombre et la valorisation des postes. Comme dans la fonction publique d’Etat ils serait aisé de réduire les côuts sans dégrader le service. Avez-vous comparé le taux d’absentéisme des deux régimes ? Non monsieur Darmian je vous aime bien mais pas au point d’avaler toutes les couleuvres… Il y a un grand ménage a faire en Gironde comme ailleurs.