J’ai attaqué le tournée des vœux… publics. Une bonne trentaine de rencontres avec à la clé des milliers de personnes différentes venues pour un lunch, une galette ou un coup à boire entre acteurs sociaux, habitants ou avec les élus locaux et parfois pour écouter le bilan de l’année écoulée accompagné des projets de la future. Depuis 20 ans je ne manque pas une commune ou une association même si parfois c’est un peu difficile de jongler avec les horaires. Le plus important pour moi ce ne sont pas les vœux formels mais c’est d’écouter, d’échanger avec celles et ceux qui majoritairement me donnent du « Jean-Marie » et rarement du « monsieur le Conseiller général ». C’est en effet plus aisé dans ce contexte de percevoir l’état de l’opinion car on n’est pas très méfiant avec celui avec lequel on coince quelques bulles de Crémant ou que l’on côtoie depuis des décennies.
Les premières sorties confirment en tous points ce que je n’ai cessé d’écrire et de plaider nationalement : un précipice s’est créé entre les citoyens et les élites qui gouvernent. Il sera impossible de le combler lors des prochaines cantonales puisque l’acculturation citoyenne est telle que pas grand monde mesure l’intérêt de ce scrutin pour « son » quotidien. Les débats sur les compétences n’intéressent personne tellement on a matraqué médiatiquement et parfois aussi politiquement le propos simpliste du « mille-feuilles » et des « économies d’échelle » possible grâce à la suppression de la collectivité pour laquelle il faut désormais mobiliser l’électorat. Cherchez l’erreur. Heureusement je n’ai jamais varié : pour le département et contre la métropolisation en Gironde de ce dernier ! C’est clair et j’assume !
En supprimant la proximité qui existait entre son territoire électif et le conseiller général on a ajouté un degré tel de confusion que plus grand monde ne comprend en quoi il est nécessaire de voter le 22 mars prochain. Le gratin politique socialiste national a réussi la prouesse de détruire un système ne posant pourtant aucun véritable problème de fonctionnement sur le terrain et à accentuer le désintérêt des électrices et des électeurs pour la vie publique. On laissera donc le soin aux adeptes du « tous pourris », du « tous les mêmes » du « tous complices » de choisir qui gérera la solidarité humaine (65 % du budget départemental) et territoriale (15 %).
Impossible, je viens de la constater, de persuader ces gens intoxiqués par l’opinion dominante portée par les médias comme ils le seraient par monoxyde de carbone que c’est leur quotidien qui se joue fin mars. Ils pensent tous donner une leçon aux socialistes (« pas à toi on te connaît ! ») parisiens et parfois gouvernementaux dont ils ne supportent plus les prises de position détachées de leurs préoccupations essentielles.
Pour certains c’est une place dans une maison de retraite (EHPAD) pour leur mère, leur belle-mère, leur père. La quasi-totalité ignorent que le conseil départemental accompagnera encore la création de places à l’aide sociale pour les retraités les plus démunis et qu’il agit sur le prix de journée via des subventions d’investissements. Pour d’autres c’est un logement « pas cher » pour la fille ou le fils qu’il faut dénicher. Aucun d’eux n’imagine que le Conseil général à subventionné plus de 1 700 logements pour personnes en difficulté sociale et en a cautionné ou aidé près de 5 000 en 2014 ! Les horaires des autocars les préoccupent et mieux certains se plaignent de la forte fréquentation de lignes TransGironde due aux tarifs attractifs. Mais en votant Front national le 22 mars ou en restant à la maison il ne mesureront pas le danger qu’ils feront courir au processus actuel. Le « local » a été occulté par les querelles personnalisées entre prétendants au trône républicain.
Les efforts du quotidien pour mettre en œuvre dans la proximité une vraie politique sociale, humaine, constructive, respectueuse de l’environnement vont être anéantis par indifférence et surtout une méconnaissance absolue du rôle essentiel du conseil général actuel ou du conseil départemental demain. En fait c’est sur des critères absolument étrangers à la réalité que bien des gens sont en passe de se prononcer. Et encore celles et ceux qui en parlent savent plus ou moins qu’il y a des élections.
Si l’on ajoute que moins de 30% d’entre eux sont optimistes en cette nouvelle année. Avec un plus bas niveau d’optimisme touché depuis le lancement du baromètre, en 1995, les Français débutent l’année avec morosité. Ainsi, seulement 29% se disent optimistes. Le pessimisme est majoritaire sur toutes les tranches d’âges, mais les jeunes de 18-24 ans sont les plus confiants en l’avenir (41%). Sur le plan social, les cadres supérieurs sont les plus positifs (43%) alors que les ouvriers (28% d’optimisme) et les seniors de plus de 65 ans broient du noir (24%)…On atteint le fond de la piscine… et seul un vrai débat sans tabous, sans faux semblants, sans aucune retenue partisane relancerait la dynamique.
Ces gens que j’ai déjà rencontrés savent que, comme les promesses, les vœux n’engagent que ceux qui les écoutent. Ils s’enfoncent dans des sables mouvants idéologiques où ils entraîneront même des élus condamnant les pratiques de l’élite parisienne, refusant les réformes, se battant librement contre des décisions qu’ils jugent inutiles et dangereuses, engagés au plus près de leurs préoccupations.
Plus que jamais je revendique ma liberté de parole et je ne vais pas en priver dans les prochaines semaines. il en va de l’avenir du département !
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