Des cartes, en "vœux"- tu en voilà !

Avez-vous tenté d’échapper à la tradition de l’échange des vœux ? C’est sûrement aussi difficile que de sortir sec en étant sous un orage tropical. Ils arrivent désormais de partout : par La poste (de moins en moins) par SMS, par MMS, par les réseaux sociaux (de plus en plus) ou par Internet selon l’inspiration du porteur de la bonne nouvelle : la meilleure santé, la prospérité rassurante et ce bonheur dont on mesure l’importance que quand il est trop tard vous sont inlassablement répétés. Expressions de l’intérêt que l’on vous porte les message sont envoyés en direction de l’avenir comme autant de bouteilles lancées dans l’océan incertain de l’avenir. Ils supposent un vif intérêt pour votre parcours sur les chemins de plus en plus étroits et escarpés de la vie individuelle dont on sait pourtant qu’elle est majoritairement dépendante des décisions prises dans la vie collective. On ne se construit pratiquement plus un « destin » personnel même si on a la force nécessaire dans les poignets mais on se faufile parmi tous les obstacles disposés sur le sentier de la vie ! Et pourtant nous continuons à échanger des cartes garnies de mots tout prêts. Cette tradition des échanges épistolaires n’a jamais eu autant de vigueur et on prétend même l’avènement de la carte virtuelle ne fait pas diminuer sensiblement la quantité de carte de vœux de bonne année envoyées par courrier postal. En effet, il est préférable pour une société ou pour un particulier d’envoyer une vraie carte de vœux de qualité plutôt qu’un Email froid et noyé dans une masse exponentielle de messages sans intérêt réel.

Le rendez-vous du premier jour de l’An n’a pas été toujours la référence calendaire de cette pratique. Ainsi dans l’Histoire à l’époque de Charlemagne, le jour de l’an était le jour de Noël. C’est en 1564 que Charles IX décréta que le jour de l’an, premier jour de l’année, serait le 1er janvier. Soit il y a exactement 451 ans et ce n’est donc pas si ancien que l’on veut bien le penser. IL faut ajouter à ce propos que la coutume d’offrir ses étrennes en début d’année nous vient des Romains. le mot étrennes vient du nom de la déesse de la santé nommée Strena, célébrée le 1er janvier. Pensez-y quand les éboueurs, le facteur (trice), les pompiers sonnent à votre porte car vous devez cette contribution souvent synonyme de 13° ou 14° mois à une divinité antique qui avait fait des libéralités une religion !
C’est probablement la raison pour laquelle la Révolution française à décrété d’interdire cette forme de corruption que sont les étrennes envers les membres de l’état. Désormais on a juridiciarisé ce comportement en le qualifiant d’attribution des « pots de vin » ce qui est bien moins poétique. On pouvait échanger des vœux oraux entre citoyens mais surtout pas l’écrire sous peine d’être soupçonné au point d’en perdre la tête. Qu’est ce qui décida les Conventionnels à supprimer le premier de l’An , l’abondance de l’usage des cartes de visite avec titres ou la vanité des vœux qu’on y déposait dans une période où les destins étaient raccourcis? Toujours est-il qu’abolie en décembre 1791, la coutume du Jour de l’An ne fut rétablie que six ans après, en 1797. La Terreur avait même décrété la peine de mort contre quiconque ferait des visites, même de simples souhaits de jour de l’An. On surveillait ce jour-là, pour toutes les correspondances sans distinction. On ouvrait les lettres à la poste pour voir si elles ne contenaient pas des compliments.
Et pourquoi cette levée de boucliers contre la plus innocente des coutumes.

Il y avait eu une fameuse séance à la Convention. Un député, nommé La Bletterie, escalada tout à coup la tribune. « Citoyens, s’écria-t-il, assez d’hypocrisie ! Tout le monde sait que le Jour de l’An est un jour de fausses démonstrations, de frivoles cliquetis de joues, de fatigantes et avilissantes courbettes… » Il continua longtemps sur ce ton. Le lendemain, renchérissant sur ces déclarations ampoulées, le sapeur Audoin, rédacteur du Journal Universel, répondit cette phrase mémorable : « Le Jour de l’An est supprimé : c’est fort bien. Qu’aucun citoyen, ce jour-là, ne s’avise de baiser la main d’une femme, parce qu’en se courbant, il perdrait l’attitude mâle et fière que doit avoir tout bon patriote ! »

Il est vrai qu’ à l’origine de la carte de vœux était la carte dite de visite qui fut inventée en Extrême Orient où la corruption était…monnaie courante. Elle était écrite sur du papier de riz, et était destinée à se présenter auprès de quelqu’un. Plus la carte était grande, et plus la personne était illustre. Réfléchissez bien et évaluez si le changement est bien là ! Au XVII ème siècle, le gentilhomme se déplaçait en personne et déposait sa propre carte de visite avec son nom et parfois un petit mot de compliments. Cette coutume résista donc aux extrémistes révolutionnaires, et la carte de vœux réapparue pour se muer en notre période en envoi massif prouvant que la personne qui l’effectue pense à vous !

La personnalisation de l’échange devient ainsi de plus en plus faible. Comme le veut la société de surconsommation on a vite exploité l’industrialisation de cet acte de foi en l’avenir des autres. Les vœux déferlent et rapportent. Les prend-on tous au sérieux ? Ont-ils tous la même valeur ? Aucun illusion sur ces points mais ils signifient seulement que personne ne recherche les cartes de l’année précédente quand ils ne se sont absolument pas réalisés. Autrement ils seraient vite supprimés. Imaginez vous un instant écrivant vos vœux un 1° janvier 1915 à votre cousin de 20 an ou en 1940 à vos amis juifs !

Allez rassurez vous je vous présente les miens chère lectrice ou cher lecteur : je vous souhaite d’être encore là l’an prochain à la même date pour me lire car si vous le faites c’est que moi je serai encore présent et vous aussi. N’allons pas au-delà !

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Cet article a 3 commentaires

  1. François

    Bonjour !
    BONNE ANNÉE à Toi, Jean- Marie mais aussi à Madame en la remerciant pour cette permission qu’elle t’accorde … chaque jour afin que tous tes lecteurs trouvent dans leur petite boîte leur premier quotidien.
    Que ces vœux vous apportent une excellente santé car nous savons tous que, pour toi, le meilleur élixir est certainement l’écriture … sans participer au traditionnel trou de Dame Sécu !
    Pour le reste, en te demandant de nous pardonner nos petites piques politiques, grammaticales ou orthographiques, disons que notre tempérament français ( ou latin ) nous permettra à tous de nous  » adapter » aux situations réformatrices que nous allons continuer de rencontrer.
    BONNE ANNÉE à vous tous, lecteurs de ces feuillets et commentaires qui vous permettent, j’en suis certain, de voir la journée ( et donc la vie ! ) sous un autre angle.
    Cordialement.

  2. Christine

    Eh bien pour moi, la carte de vœux est un moment de pensée amicale pour chacun. J’aime choisir de jolies cartes (solidaires) en souhaitant le meilleur à mes proches. J’envoie aussi des messages de fraternité (et même de combat vu les besoins du moment) par mail, SMS ou réseaux sociaux. La carte de vœux est un moment de partage et d’attention. Par les temps qui courent, autant ne pas s’en priver. D’ailleurs, tout le monde y répond, à part quelques oublieux ou insensibles à la camaraderie et la fraternité.

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