Il reste 3 jours pour faire soigner sa grippe, son lumbago, son arthrite ou faire renouveler son ordonnance pour une maladie récurrente. En effet un mot d’ordre de fermeture des cabinets privés est lancé entre Noël et la Saint Sylvestre pour les médecins réputés généralistes libéraux. Interdiction donc de tomber malade ou de se casser les os pendant les fêtes de fin d’année sauf à appeler le 15 qui redirigera sur un médecin de garde ou les urgences déjà débordées en cette période. En fait on assiste à un mouvement social d’opposition à la mise en œuvre d’une valeur républicaine essentielle prévoyant de refonder et de réformer le système de santé afin de « garantir un accès équitable aux soins ». Les médecins professionnels y voient plutôt une loi « fourre-tout » et « dogmatique » ce qui leur permet de s’opposer à des principes clairs:en période de crise tout le monde doit être en mesure de se faire soigner surtout quand ses ressources sont limitées ou absorbées par des dépenses contraintes (loyer et fluides…)
Parmi les mesures rejetées par la profession médicale, le tiers payant pour tous. Cette dispense d’avance de frais lors d’une consultation dans un cabinet sera généralisée d’ici à 2017. Selon les syndicats de médecins généralistes MG France et la FMF (Fédération des médecins de France), cette mesure aura pour conséquence de générer un surcroît de travail administratif alors qu’il suffit de glisser la carte vitale dans un terminal, de cocher sur son écran d’ordinateur les tarifs pour qu’automatiquement les règlements soient effectués. En fait derrière ce refus se cachent des praticiens adeptes du dépassement d’honoraires pour diverses raisons et qui mettent en évidence que le « gentil médecin » sollicite des rémunérations parfois surréalistes. Il est vrai que pour celles et ceux qui respectent les tarifs de base le tiers payant ne constituera pas un handicap alors que pour les autres ce sera plus délicat.. D’ailleurs quand je vais chez mon toubib et que je tends ma carte verte il ne me demande pas ma carte bleue contrairement à d’autres. Ma mère qui est atteinte de la DMLA reçoit une feuille de rendez-vous avec une phrase mentionnant : « merci de vous munir d’un chèque de 90 € ». Cette pratique met parfois le patient en difficulté car il n’a pas les moyens d’amputer durant plusieurs jours son pouvoir d’achat d’une telle somme… mais c’est à perdre ou à laisser ! C’est ce que les « grévistes » appellent une amputation de leur liberté !
Ils protesteront également contre la « territorialisation » de l’offre de santé sous l’égide des Autorités régionales de santé, dont les pouvoirs seront renforcés. « La loi réaffirme solennellement l’existence du service public hospitalier et rend obligatoires les groupements hospitaliers de territoires », a indiqué Marisol Touraine. Cette réorganisation de l’offre de soins a pour vocation de freiner la création de nouveaux déserts médicaux en France. Mais pour les médecins du privé, c’est plutôt « la mort annoncée de la clinique ». Bien entendu ils sont tous prêts à déménager vers ces fameuses zones où les élus locaux se battent pour attirer avec des conditions financières parfois indécentes des médecins. Comment peut-on s’opposer à une rationalisation du système de santé dans un pays où la solidarité territoriale fout le camp de toutes part pour des problèmes de profits insuffisants ou de coût exorbitants ? Les maisons de santé parfois fortement subventionnées par les patients contribuables constituent une première réponse mais il faut absolument pallier la carence d’équipements dans certaines zones. On assiste à de fortes inégalités dans l’accès aux soins dans cette France des périphéries oubliées… mais bien entendu il ne faut pas légiférer en la matière !
Autre point de désaccord : la délégation de la vaccination aux pharmaciens et de la prescription anti-tabagique aux sages-femmes qui privent les médecins d’une consultation rapide et donc rentable.
Aucune contrainte sur les services de garde en semaine n’est imposée. Le recours aux sapeurs-pompiers pour ce que l’on dénomme les « carences » ne cessent d’augmenter. Les secours aux personnes hors du domaine public représentent en Gironde des milliers de sorties payées par l’impôt local. Le donneur d’ordre (le système hospitalier -15-) conteste ensuite les nombre d’interventions indemnisables et , on se retrouve avec une dette cumulée approchant les 8 millions d’euros en Gironde par les centres hospitaliers. Le système privé de médecine n’ayant que des obligations parcimonieuses (fermeture pure et simple des cabinets à 20h et plus de déplacements en cas d’urgence) on confie les prompts secours aux sapeurs-pompiers qui remplacent alors les professionnels médicaux. Il y a des jours où en Gironde on atteint près de 500 sorties cumulées…dont 80 % concernent des prises en charge médicales ! Alors la manifestation corporatiste (une de plus) qui va débuter masque bien des dysfonctionnements plus graves que ceux qui sont signalés ! Hippocrate doit se retourner dans sa tombe !
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