« Touche pas à mon pote »… le slogan a permis il y a bientôt une trentaine d’années à des milliers de jeunes et de moins jeunes de mettre en avant leur générosité et leur croyance dans la liberté, l’égalité et surtout la fraternité. Il y eut une période où l’on a tenté de ne pas faire reposer sur l’autre ses désillusions ou ses échecs. Ce furent de beaux moments avec des actions symboliques et un engagement collectif fort pour une génération qui a progressivement oublié ce qu’elle avait initié. Certains ont basculé dans la politique avec un taux important d’échec. D’autres ont tiré un trait sur les valeurs les ayant portés durant leur jeunesse. L’égoïsme a repris le dessus sur toutes les autres considérations pour éclore en 2014 à travers les résultats électoraux. La France est passée du beau fantasme de la fraternité à la triste réalité du chacun pour soi.
Désormais il faut une robuste motivation afin de tenter de bâtir une action collective. L’engagement n’a plus la cote surtout s’il doit être bénévole et reposer sur des valeurs. C’est ainsi qu’il est devenu totalement impossible, dans une société française fragmentée de réformer quoi que ce soit. François Hollande arrive au plus mauvais moment de l’histoire sociale puisqu’il lui faut obligatoirement modifier les paramètres antérieurs alors que personne ne le veut vraiment. Quand il rêve de big-bang on lui promet une pichenette car il y a toujours une majorité pour demander le changement et une majorité pour le repousser quand il arrive. Marqué par un parcours personnel placé en politique sur la recherche permanente de la synthèse il n’arrive pas à concevoir que gouverner c’est en permanence instaurer un rapport de force qui peut être idéologique ou moral. Il est donc à la rue en permanence car plus il recherche le consensus et plus il s’enfonce. On ne communique plus sur du « mou » mais autour de l’affrontement, de la confrontation dans un monde violent et fortement contrasté. Durant des décennies il y a toujours eu les « bons » et les « méchants », les « gendarmes » et les « voleurs », les cow-boys » et les « indiens », les « ouvriers » et les « patrons », le « capital » et « l’exploitation »…Il se retrouve face à un affrontement entre « l’individu » et le « collectif » totalement contraire à ce que prône le socialisme historique. Comme en plus les arguments reposant sur la raison n’ont plus de prise sur une opinion dominante versatile, modelée par des médias nécessairement simplificateurs ou racoleurs il va droit dans le mur.
Êtes-vous pour une diminution du nombre des régions en France et lé réforme territoriale ? Le 14 mai au matin 46 % des sondés répondent oui ce qui conforte la position de François Hollande. Des dizaines de cartes circulent. Le bazar est intégral. Chacun y va de son découpage. Des concertations secrètes s’engagent. Il faut absolument trouver un compromis, une… synthèse ! Des dates sont annoncées afin de rendre irréversible la volonté d’impressionner l’opinion dominante ! Bref le piège se referme car encore une fois c’était ignorer que si une majorité suit le projet elle vire de bord dès qu’elle estime être touchée par les décisions prises ! C’est une règle constante…Et le 7 juin 56 % des Françaises et des Français se disent désormais hostiles au découpage des régions. Les Bretons, les Charentais, les Languedociens, les Limousins, les Lorrains, les Picards, les Auvergnats, les Toulousains, les Alsaciens, les Belfortains, les Correziens… condamnent la proposition présidentielle. Une énorme erreur de communication. Une de plus ! Que vient faire un Président de la République « une et indivisible » dans ce marécage ? Encore une fois on a dû le persuader que c’est ainsi qu’il retrouverait son aura alors que c’est le meilleur moyen de le couler !
La suppression des conseils généraux ? Même destin. Rien n’a été évalué. Rien n’a été préparé. Rien n’a été vraiment estimé. Mais c’est annoncé. Illico un sondage sort avec une vision globale totalement théorique ! On arrive donc à 55 % d’opinions favorables à cette mesure ! Enfin un créneau porteur. Sauf que très vite après un brin de réflexion les « sondés » constatent que leur quotidien est porté par cette collectivité territoriale inter-générationnelle. Dans quelques semaines ce sera le réveil et déjà dans le Nord 57 % des habitants refusent de voir disparaître leur « département » (confondu avec le Conseil général)e et de partout les illusions d’économies s’envolent. Rares sont les élus qui se voient récupérer les lourdes charges sociales actuellement supportées par les assemblées départementales.
La France avance à la godille et dans la brume idéologique. Elle change de cap selon les poussées contradictoires provoquées par un individualisme soigneusement cultivé durant les 30 dernières années. Finie la référence aux valeurs. On cherche la protection de ses avantages individuels ou corporatistes en tout et partout… C’est historique et c’est probablement irrémédiable. Le pays n’avancera désormais que par des soubresauts avant de revenir en arrière sous l’influence de révoltes prétendant que l’intérêt général doit nécessairement respecter tous les intérêts individuels et même les conjuguer, les additionner. Même avec une forte culture viscérale de la synthèse !
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L’individualisme forcené ne peut être combattu ou canalisé que par l’esprit d’équipe.
Quelques individus au caractère bien trempé, associés vers un but commun, ça nous fait une bonne équipe de rugby, par exemple.
A condition de ne pas oublier de temps en temps de passer le ballon, quand la marche de l’équipe semble offrir une issue plus performante que l’action individuelle.
Mais, pour en revenir au sens des mots, qu’est-ce que la Culture et qu’est-ce que la Synthèse, dans un monde ou toute action mène de toute les façons et les individus et l’équipe au même endroit, quelque soit le jeu engagé:
au guichet d’une banque !
L’individualisme…
Si je prends l’exemple du petit village où je réside, et où nous sommes pourtant peu nombreux et pourrions former une belle équipe, comment faire autrement que d’être individualiste ?
Deux ou trois individus vivent de la terre, agriculteurs, éleveurs, pris dans les filets des subventions européennes,
quelques retraités du privé, soucieux de la cotation en bourse de leur retraite complémentaire,
d’autres retraités de l’administration en butte avec les aléas des placements douteux faits par les banques d’état.
Plus quelques jeunes gens, auto_entrepreneurs voués à une faillite annoncé au bout de deux ans d’activité, car ils seront alors submergés de charges sociales,
ou employés en stages et contrat d’embauche aidés mais pas renouvelable.
Et moi artiste, mais depuis trente ans, mais j’ai l’habitude d’être traité de fainéant !
Où est l’équipe quand chacun ne peut qu’espérer, bien au-delà de ses convictions politiques, garder encore et encore quelques mois, quelques jours, quelques heures, de quoi nourrir sa propre famille ?
Et que chacun ne peut qu’espérer ou l’Europe, ou la Région ou les deux ou rien du tout, pour conserver quelque avantage personnel…
Le grand embrouillamini que constitue les règles inextricables instaurée par les groupes d’assurances et les banquiers est le meilleur moyen qui soit pour détruire tout sentiment d’appartenance à un groupe civil constitué, à une république.
Le prix de la farine varie des milliers de fois en 24 heures dans les bourses du monde, et pendant ce temps, mon boulanger et moi, qui pourtant sommes voisins, de la même région, du même pays, ne pouvons faire autrement que voir chacun midi à sa porte:
lui vend du pain et moi je l’achète !
L’esprit d’équipe se résume alors à ceci, quel que soit le match, l’enjeu est toujours le même: mourir de faim ou vivre des restes.
Et, quand le grain de riz de l’aide humanitaire tombe au sol, oui, l’individualisme, forgé par la famine et la mort qui rodent, prend le dessus.
Toute proportion gardée, entre un retraité inquiet de la suite et un agriculteur endetté jusqu’à l’os, en passant par des jeunes gens sans avenir, la synthèse est vite faite:
tant que les gouvernants politiques ne lutterons pas contre la Banque de Règlements Internationaux (BRI), et ne sauront l’obliger à avoir une esprit d’équipe (!!!),
nous n’aurons d’autre choix que de suivre l’exemple donné:
le sport individuel !
« La France est passée du beau fantasme » au beauf tout court…..
Pardon pour ce mauvais calembour, mais c’était tellement tentant.