Les vacances ont endormi les ardeurs des opposants à l’aménagement de la semaine scolaire de 4 jours et demi. Il y a portant fort à parier que l’UMP va tenter avant la fin de l’année scolaire de fédérer les contestations très diversifiées sur cette décision ministérielle. L’opposition politique sait qu’elle a un bon coup à jouer avant que la France parte bronzer. Interpellé par des députés de l’opposition, comme l’avait souvent été son prédécesseur Vincent Peillon, sur la nécessité de « laisser la liberté aux maires d’appliquer ou non » la réforme des rythmes scolaires, ou du moins de la « repousser », le nouveau ministre de l’Éducation nationale a redit ce qui est prévu aujourd’hui, sur le fondement de la déclaration de politique générale de Manuel Valls : « Cette réforme s’appliquera bien, comme l’a dit le Premier ministre, à la rentrée 2014. Cependant, nous avons constaté comme vous, et en toute bonne foi, que des difficultés existaient. Ce serait du déni que de ne pas les prendre en compte ! Le Premier ministre s’est donc engagé à ce que la mise en œuvre de cette réforme fasse l’objet d’ajustements ». Et l’essentiel repose sur le mot « ajustements » car chacun y met ce que bon lui semble.
« Je ferai des propositions sous une dizaine de jours, à partir de la concertation que j’ai commencée avec les organisations d’enseignants, avec les parents d’élèves et avec les élus. » Il a aussi apporté une indication intéressante : « Là où il existe des expérimentations qui servent le même objectif, la réussite de tous les élèves, nous adapterons le cadre réglementaire. Ce n’est pas le cadre réglementaire qui obligera à écarter les expérimentations, mais les expérimentations qui seront prises en compte par le futur cadre réglementaire. » Des propos qui pourraient par exemple donner bon espoir à une ville comme Sceaux dont le maire, Philippe Laurent, a récemment demandé au ministre de pouvoir expérimenter une semaine restant sur quatre jours en réduisant le nombre de jours de vacances scolaires. Mais des « expérimentations » ne sauraient mettre en cause le principe de base : 4,5 jours de classe hebdomadaire. On ne peut pas en effet réclamer un système éducatif national et réfuter le droit pour le ministre de fixer les rythmes scolaires de manière aussi uniforme que possible ! Après de multiples échanges personnels et directs avec la sénatrice girondine Françoise Cartron il a confirmé son choix : « maintien de la réforme » avec des « adaptations possibles » tenant compte des particularismes locaux acceptés par les partis concernés.
Il va donc y avoir de la rogne et de la grogne chez le grand spécialiste de l’éducation qu’est Jean-François Copé ! En tant qu’élu local il critique de la faiblesse des ministres socialistes en matière d’application des lois, textes et règlements il se pare dans le costume du « résistant » du « rebelle ». Un bel exemple de cette citoyenneté dont les jeunes ont tant besoin… et qui est superbement illustré. Benoît Hamon s’est enfin dit étonné que le patron des députés UMP, Jean-François Copé, ait, en tant que maire de Meaux, « contesté qu’il lui faille appliquer cette réforme au motif qu’elle reviendrait à appliquer un décret et non une loi »(sic)
« Drôle de manière de considérer la hiérarchie des normes ! Il y a quelques années, le passage à quatre jours s’était fait par décret (mais il était UMP celui-ci). Si l’on devait suivre la logique de M. Copé, qui considère que les maires n’ont pas à appliquer ce qui relève des décrets, bien des infractions seraient commises, notamment en matière de code de la route ! » La porte ouverte à absolument tous les abus et à toutes les dérives… mais normale pour de tenants de l’ordre moral ! Bien évidemment tout ceci est fait dans l’intérêt des enfants ! La mission sénatoriale qui se penche sur les communes et les villes ayant accepté de tenter une mise en place depuis septembre 2013 terminera ses travaux le 14 mai prochain et remettra un état des lieux aussi exhaustif que possible. Le constat est le même : la pesanteur administrative et même structurelle complique singulièrement la situation dans les grandes villes mais c’est toujours ainsi dans tous les domaines de la vie publique.
Peu de monde demande l’avis des enfants et ce qu’ils pensent réellement après 7 mois de leur nouveau rythme de vie. Il faudrait poser la question de savoir si cette réforme ne perturbe pas trop leurs parents et si ces derniers s’adaptent bien au changement. Dans le fond ce sont eux, les adultes qui votent ! Alors les enfants, on s’en moque pas mal puisque 75 % d’entre eux attendront d’avoir 30 ans pour aller un peu de temps en temps aux urnes. Et ils deviennent dangereux pour les politiques quand ils ont plus de 65 ans en votant massivement contre tout au nom de la préservation de leurs intérêts. Alors il n’y a pas matière à s’affoler.
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