Les lobbies en tous genres gouvernent la France, l’Europe et le monde. Ils font pression en permanence sur le politique de manière directe et indirecte. Le mode d’action est toujours le même : le poids économique avec le chantage à l’emploi… et l’effet est toujours le même. Pas un seul de ces groupes n’est détaché de la notion de profit et son financement est d’ailleurs assuré par celles et ceux qui sont les plus intéressés. Les lobbyistes traînent partout dans les couloirs des parlements et fréquentent les meilleurs restaurants en vendant surtout à leurs employeurs un excellent carnet d’adresses qu’ils entretiennent avec méthode. Ils tissent des réseaux d’influence précis et efficaces proposant à leurs « prises » des amendements ou des textes de lois clé en mains. Ils pullulent à Bruxelles parlant anglais car le lobbying reste une stratégie anglo-saxonne et travaillant sans aucun complexe directement avec des fonctionnaires ou des élus. Les allemands ont pour leur part une vision plus pragmatique consistant à anticiper sur les textes et normes créés par l’Europe pour immédiatement orienter leurs industriels ou leurs chercheurs afin de donner un temps d’avance à leurs entreprises. Les Français eux… protestent et retardent l’adaptation des textes nationaux avec l’espoir d’obtenir une dérogation. Ils arrivent ensuite avec 3 ou 4 ans de retard. En fait les dégâts considérables mais nous continuons dans tous les domaines à nous satisfaire de combats d’arrières-gardes. Un exemple patent est celui de l’utilisation des pesticides où nous sommes incapables de prendre la véritable dimension des conséquences de la passivité française !
Presque dix ans après le moratoire sur le développement commercial de toutes les cultures génétiquement modifiées à l’exception du maïs, une nouvelle étude sur les pesticides alarme les autorités. Un professeur conteste les précédentes études sur leur toxicité. Selon lui, ils seraient 2 à 1000 fois plus toxiques pour les cellules humaines que ce qui avait été annoncé mais dans le fond le lobby des industriels de la chimie veillent à ce que les études tournent court, que les textes soient le moins restrictifs possible et que les utilisateurs soient persuadés que sans leur soutien leurs bénéfices fondraient rapidement ! Peu importe les morts, les malades, les catastrophes sanitaires : on déverse des tonnes de poisons sur la tête et dans l’estomac des populations au nom de l’efficacité !
Les chiffres alarmants seraient le fruit du procédé utilisé pour cette étude. Ils sont en effet beaucoup plus convaincants que les autres truqués et partiels qui ont été publiés. Gilles-Eric Séralini, l’un des chercheurs par lesquels arrivent le scandale, a évalué la toxicité des pesticides non pas sur la seule substance active (comme c’était le cas pour les études antécédentes) mais sur les formulations complètes des pesticides commercialisés. Autrement dit, avec les adjuvants « qui sont souvent gardés confidentiels et appelés inertes par les fabricants », précisent les auteurs de l’étude. Plus en détail, cette étude précise que parmi les neuf principaux pesticides utilisés dans le monde, « huit formulations sont clairement, en moyenne, des centaines de fois plus toxiques que leur principe actif (sans l’adjuvant) ». Ce n’est pas le hasard car il faut préciser que le cahier des charges des contrôles est souvent bâti par les fabricants eux-mêmes.
La Cour des comptes a dénoncé «l’insuffisance des contrôles sanitaires» sur l’alimentation et l’absence de sanctions à la hauteur des manquements. «Au total, l’absence de contrôle à un niveau significatif et l’absence de sanctions suffisantes mettent en lumière des anomalies graves» conclut la Cour dans son rapport annuel, en déplorant un «encadrement insuffisant des autocontrôles des professionnels». Les contrôles réalisés par le ministère de l’Agriculture, accuse-t-elle, «sont peu nombreux et les non-conformités rarement sanctionnées» aussi bien dans le domaine des végétaux, contrôles insuffisants sur les intrants et les produits contaminants, que dans celui des productions animales y compris dans les abattoirs. N’en jetez plus les assiettes sont pleines… Sauf qu’immédiatement le lobby agro-chimique va réagir et attaquer l’étude sur la forme et jamais sur le fond ! En France arrive immédiatement la véritable cause de ce naufrage sanitaire : les services de Stéphane Le Foll et Guillaume Garot, ministre délégué à l’Agroalimentaire, indiquent que 620 postes ont été supprimés par le précédent gouvernement qui, «entre 2007 et 2012, a réduit de façon drastique et souvent inappropriée les effectifs, fragilisant le modèle sanitaire français» et ouvrant les vannes de tous les abus en matière d’empoisonnement collectif. Du lobbying efficace et plus de contrôles : les pesticides peuvent continuer à prospérer… maladie de Parkinson, maladie d’Alzheimer, cancers… il faudra encore beaucoup de plans pour effacer ces produits de destruction massive !
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