La contagion mortelle des conflits religieux et ethniques !

La mosaïque quotidienne de l’actualité n’est jamais perçue par l’opinion dominante comme ayant un fil conducteur commun. On prend chaque parcelle pour tenter d’en retirer une vague impression dictée le plus souvent par les seules images. Pourtant il faudrait mettre en perspective chaque fait pour en tirer un puzzle parfaitement visible quand on prend la peine de les rassembler avec un zeste d’analyse. Ainsi qui peut ignorer que sur la planète les conflits actuels ont tous les mêmes causes ethniques ou religieuses et très souvent les deux à la fois. Ils ne naissent pas spontanément mais sont exploités politiquement pour des intérêts financiers ou économiques puisqu’ils n’éclatent que sur des territoires disposant de ressources naturelles exploitables. C’est une constante depuis une bonne cinquantaine d’années car les luttes d’influence religieuse que l’Europe a connu au XV° ou XVI° siècles se reproduisent sur tous les continents.Que de violences ont été commises au nom d’un dieu ou d’un autre depuis l’origine de l’Humanité ? Des millions de personnes ont été tuées uniquement pour leur engagement religieux ? Combien d’entre eux ont déployé leur haine à l’égard d’autres croyants pour justifier leur foi ? Notre société utilise ces fous de dieu pour assouvir sa soif de pouvoir et souvent elle ne fait qu’exacerber des sentiments ancestraux endormis. C’est ainsi que l’on ne peut rien comprendre aux événements du Moyen Orient si on évacue l’antagonisme viscéral entre Sunnites et Chiites ! La guerre entre l’Irak et l’Iran pour le contrôle de zones pétrolifères avait débuté le renouveau d’affrontements sanglants.

Le gouvernement irakien a perdu le contrôle de la ville de Fallouja, désormais aux mains de combattants d’al-Qaïda, précisément ceux de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL). Les alentours de la ville restent contrôlés par les forces gouvernementales mais Fallouja n’est qu’à quelque 60 kilomètres de Bagdad, la capitale. Cette région, dans l’ouest de l’Irak, est secouée depuis plusieurs jours par des violences meurtrières. Les combats récents dans la province d’al-Anbar ont fait plus de 100 morts dont une majorité de combattants d’al-Qaïda, mais à l’arrivée, ces derniers contrôlent en partie la ville de Ramadi. Quand à celle de Fallouja, elle aurait donc à présent totalement échappé au contrôle des forces gouvernementales irakiennes. C’est donc un coup de force de l’Etat Islamique en Irak et au Levant, ce groupe lié à al-Qaïda, actif en Irak comme en Syrie voisine. Les violences de ces derniers jours ont pour origine la colère de la minorité sunnite d’Irak alimentée par la politique d’exclusion du pouvoir chiite de Bagdad...Et en plus l’EIIL a revendiqué l’attentat perpétré jeudi 2 janvier dans la banlieue sud de Beyrouth au Liban et qui avait tué quatre personnes et en avait blessé plus de 70 autres. Les racines du mal sont donc bien ethnico-religieuse.

Si on va un peu plus loin (en Syrie!) on comprend mieux cette réalité puisque le revirement de la situation en Syrie est exactement du même ordre. Selon les récits de plusieurs militants syriens des Droits de l’Homme, les violents combats dans les provinces d’Idleb et d’Alep ont opposé l’EIIL à trois coalitions rebelles parmi lesquelles une nouvelle alliance baptisée l’Armée des Moudjahidine. “Nous promettons de nous défendre et de défendre notre honneur, nos biens, et nos terres, et de combattre l’EIIL, qui a enfreint les règles divines, jusqu’à ce qu’il annonce sa dissolution », a annoncé cette alliance composée de huit brigades armées. L’Armée des Moujahidine accuse formellement l’EIIL de propager les combats et l’insécurité (…) dans les zones libérées [sous contrôle rebelle, NDLR], faisant couler le sang des combattants, les accusant à tort d’hérésie, et les chassant, eux et leurs familles, de zones qu’ils ont contribué à libérer du régime de Bachar al-Assad. Voici donc une guerre dans la guerre qui est engagée ! Voici donc la religion au cœur d’une révolution !

En Centrafrique la situation est encore plus nette. Des milices islamistes contre des contre-milices catholiques avec des milliers de morts au nom de la religion. Les troupes françaises ne devant pas se ranger dans un camp ou dans l’autre, sont accusées bien évidemment de favoriser l’un au détriment de l’autre. Faute de pouvoir politique laïque fort (souvent c’est malheureusement à l’Armée!) il n’y a aura pas à terme de solution durable. Ce fut le cas en Irak, en Afghanistan, au Mali… c’est le cas en Egypte, en Israël ( on oublie le rôle des fondamentalistes dans ce pays) , au Soudan et la contamination progresse sans que l’ONU ayant besoin du financement des pays pétroliers du Golfe persique se précipite pour s’interposer. Les chiites forment ainsi 98 % de la population iranienne, 75 % à Bahreïn, 54 % en Irak, mais seulement 30 % au Liban, 27 % aux Émirats, 25 % au Koweït, 20 % au Qatar, en Afghanistan et au Pakistan, et 10 % en Arabie saoudite. Ces paramètres là sont oubliés mais ils pèseront lourdement sur l’avenir du monde en 2014 !  Il faudrait relire le passage de Candide sur la guerre entre les Bulgares et les Abares (chapitre 3) pour mieux comprendre !

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Cette publication a un commentaire

  1. Eric Batistin

    L’absurdité du monde et la bêtise humaine, décrites avec force dans Candide n’ont d’égal que l’obscurantisme dans lequel nous maintient de fait la course au profit.
    Pendant que deux gosses se disputent il est tellement plus aisé de voler leurs billes, tout occupés qu’ils sont à se défoncer la figure.
    Nous savons toutes et tous cela.
    Pourtant, c’est avec notre automobile, grande consommatrice de pétrole et nerf de la guerre, que nous irons aux réunions de parole au comité politique de quartier.
    Changer nos habitudes de consommation est le meilleur discours théologique que nous puissions tenir pour engager une paix durable.
    Ce qui sous-entend, pour commencer, accommoder à notre goût la définition du bonheur, de la joie et de l’amour.
    Le plastique et tous les dérivés du pétrole, utilisés religieusement chaque jour, honorés comme seuls capable de combler nos âmes avides d’un confort idiot, laisseront toujours toutes nos prières sans espoir.
    Prions, mes soeurs, mes frères, prions pour retrouver le goût des pommes sauvages, le plaisir de la marche à pied ou du vélo, ceci est et sera notre seul chemin d’apôtre !
    Une pomme sauvage pour ne pas finir toutes et tous martyrs, bouffé par les lions de la grande finance .
    En clair, le « circuit court » de consommation est notre nouvelle Eglise, la seule menant aujourd’hui clairement à la paix, et au plaisir du bon goût, ce qui ne gâte rien !

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