On ne parle plus guère en France des événements se déroulant en Afghanistan et au Pakistan. Des milliers de soldats étrangers n’ont vraiment jamais pu éradiquer la violence justifiée par la religion. Il semble qu’en Syrie, les laïques qui combattaient Bachar Al Assad essuient revers sur revers devant des troupes intégristes formées de volontaires venant de l’étranger. D’ailleurs les Américains et les Anglais viennent de cesser toutes les aides dites « létales » à l’égard des armées hostiles au pouvoir en place. En fait ils veulent éviter d’armer des jihadistes qui pourraient un jour ou l’autre revenir sur leur pas. D’autant que d’après les ministres de l’Intérieur français et belges, en six mois, leur nombre a triplé en quelques mois et que ce sont eux qui occupent des pans entiers de la Syrie où l’on vit sous le régime de la charia. En ce qui concerne le chiffre européen, c’est vrai qu’on les estime plus ou moins entre 1500 et 2000 les Européens engagés sur le front syrien. Paris et Bruxelles coopèrent étroitement sur ce dossier et à en croire le ministre français Manuel Valls, ces recrues ne constituent pas encore un danger pour les pays européens dont elles sont issues. Ce phénomène, il en a été question à la réunion des ministres européens de l’Intérieur et lors d’une rencontre avec des représentants américains, canadiens et australiens. Les Européens cherchent à freiner le recrutement via internet et à remonter les filières qui acheminent les jeunes jusqu’en Syrie. C’est moins loin que l’Afghanistan et donc plus accessible à une guerre de « religion » mobilisatrice…
En définitive des fronts peu éloignés de la Libye s’ouvrent les uns après les autres avec des bandes équipées par les saisies effectuées en Libye où les réserves de Khadafi ont été pillées. Le Mali d’abord a explosé face à cette nouvelle forme de guerre sainte resurgie du passé et que plus personne ne semble pouvoir arrêter. Les informations alarmantes se multiplient sans que les médias les globalisent. Des foyers s’allument encore et toujours à Kidal et à Tombouctou. A Bangui, le brasier risque de s’étendre devant des pompiers pas assez nombreux et impuissants. Partout les guerres ethniques ou religieuses dépassent la raison.
Un attentat revendiqué par des jihadistes a par exemple tué, deux soldats sénégalais de l’ONU gardant une banque à Kidal, au moment où l’armée française mène une vaste opération contre les islamistes armés dans la région. Un véhicule bourré d’explosifs a foncé sur la Banque malienne de solidarité (BMS) gardée par des soldats maliens et d’autres Africains. Le véhicule « a percuté la porte principale de la banque, tuant, en plus du kamikaze, deux soldats sénégalais de la Minusma et blessant six autres personnes » dont cinq grièvement, a précisé le gouvernement malien. Un jihadiste malien, Sultan Ould Badi, qui a été membre de plusieurs groupes terroristes armés du Sahel, dont Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a, « au nom de tous les moujahidine », revendiqué l’attentat dans un appel téléphonique à l’AFP. Rien n’est donc réglé dans le Nord du Mali avec des groupes qui se sont dilués dans le désert et qui frappent après s’être reconstitués. L’attentat s’est produit au moment où l’armée française mène depuis plusieurs jours une grande opération anti-jihadistes au nord de Tombouctou. Cette opération, qu’à Paris l’armée ne souhaite pas commenter, est une « très grosse opération militaire, la plus grosse dans la région de Tombouctou depuis la reprise des principales villes du Nord par les forces alliées » au début de l’année, selon une source africaine à Tombouctou. Au moins une vingtaine d’hélicoptères français et des véhicules au sol y participent, visant Aqmi qui n’est donc pas partie !
A Bangui, deux soldats français ont laissé leur vie dans un accrochage avec les miliciens islamistes. Le désarmement est quasiment impossible. Musulmans et catholiques s’affrontent et donc on nécessairement besoin d’armes pour régler leurs comptes. Les tueries réciproques ont fait « plus de 600 morts » en une semaine en Centrafrique, et 160.000 déplacés rien qu’à Bangui, selon l’ONU. Le nombre des victimes dans le reste du pays n’est pas connu. Jusqu’à l’arrivée au pouvoir de la rébellion Séléka – majoritairement composée de musulmans – en mars 2013, chrétiens et musulmans vivaient en bonne entente dans ce pays de 4,5 millions d’habitants, chrétiens à 80%. Les armes sont arrivées de Libye…
Partout où les Français interviennent la situation est instable, explosive et surtout sans issue d’avenir. Les « pacificateurs » ne peuvent pas espérer régler ces difficultés ancestrales ou profondément culturelles en quelques mois et sans sacrifices. Le silence européen est, dans ce contexte, particulièrement éloquent. Tout le monde se planque et attend prudemment la suite. D’ailleurs au nom des équilibres budgétaires peu de pays sont prêts à aggraver leurs dépenses et ils laissent volontiers la place à la France… qui se retrouve arbitre dans les premières guerres de religion du XXI° siècle. Et pendant ce temps on continue à débattre du voile… sur la laïcité !
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Un terroriste est un individu qui n’a plus d’issue et inflige aux autres la terreur, bien souvent en y laissant lui-même la vie.
Un extrémiste est celui qui pousse une pensée jusqu’à sa dernière limite, bien au-delà du sens premier, détournant toutes les valeurs humanistes en règles guerrières
Un communiste est celui qui rêvant d’un partage communautaire est bien obligé d’accepter que tout en ce monde peut-être bafoué.
Un capitaliste est un travailleur qui, pensant capitaliser et acquérir une propriété transmissible, a encouragé toute sa vie un système dont toutes les astuces lui échappent.
Un libéral est celui qui rêve d’acquérir ses galons uniquement sur ses capacités, persuadé qu’il est d’être un loup, un prédateur, un chasseur hors norme, et que dans une société encourageant la conquête il tirera forcément son épingle du jeu.
Tous ces individus ont un point commun:
ils imposent leur force, leur terreur, ou leur système
à une population moralement en état de paix,
et donc inapte à se défendre, puisque toujours surprise.
Quand tous les braves gens,
n’ayant d’autre ambition que de saluer en sourire chaque matin leurs voisins,
voisins terriens,
décideront enfin de se foutre définitivement en colère,
alors tous les meneurs, grands idéologues et assassins par nature
n’auront plus d’autre avenir, eux aussi, que la paix et le partage.
Il existe sur Terre plus de femmes d’hommes et d’enfants
prêts au partage, à la douceur et la paix que d’âmes guerrières.
Un retournement subit de baffes résoudrait bon nombre de problèmes .
En fait, le « vivre ensemble » ne dérange que les idéologues,
jamais les mamans.
Bonjour,
Malraux déclare : « Le problème capital de la fin du siècle sera le problème religieux – sous une forme aussi différente de celle que nous connaissons, que le christianisme le fut des religions antiques. ». Répondant à une question envoyée par le journal danois Dagliga Nyhiter portant sur le fondement religieux de la morale, Malraux conclue ainsi sa réponse : « Depuis cinquante ans la psychologie réintègre les démons dans l’homme. Tel est le bilan sérieux de la psychanalyse. Je pense que la tâche du prochain siècle, en face de la plus terrible menace qu’ait connu l’humanité, va être d’y réintroduire les dieux. »
Malraux était agnostique et moi athée (grâce à dieu comme chantait Mouloudji), je dois bien reconnaitre que sa vision du monde, dans les années 50, était juste.
Si comme moi vous prenez le temps de lire les articles et surtout les commentaires sur le site d’information Malijet, vous pourrez juger de la complexité de la situation dans notre ex-colonie. Kidal est l’abcès de fixation au nord du Mali,c’est le résultat des frontières coloniales qui ne tiennent aucun compte des peuples et tribus qui vivaient là bien avant.
Les commentaires des Maliens mettent en évidence le racisme, l’incurie de l’armée Malienne, la corruption des élites et la frustration d’être exclus des zones où le MNLA négocie directement avec Paris. C’est donc une bombe à retardement qui est amorcée au Mali à très forte majorité musulmane.
Au centraf, dit le porte-avions pour les militaires, la situation est différente bien que similaire. Les Centrafricains sont à très grande majorité catholiques et rêvent de se venger des milices musulmanes venues du nord. Pourtant c’est le même cocktail à base de racisme, de corruption, d’armée inefficace et de frustrations cette fois religieuses.
Pensez-vous sérieusement que nos militaires sont dans ce bourbier uniquement pour des raisons humanitaires? Pour ma part je suis convaincu que des intérêts financiers poussent dans le dos nos politiques . Le bruit des combats masque toujours le murmure feutré des billets de banque.
Bon dimanche