Les partis politiques ont-ils encore en France un avenir ? Poser la question n’a rien d’iconoclaste et c’est même une vraie interrogation quand on regarde l’évolution quotidienne de leur vie interne. Traversés par des querelles de personnes… éparpillés entre des intérêts contradictoires… en décalage complet dans leur fonctionnement avec la notion même de militantisme… oublieux des principes démocratiques… constitués majoritairement d’adhérents consommateurs ils affrontent tous, sans exception, une véritable crise de décroissance. Il y a les fanfaronnades officielles et surtout les réalités constatées à quelques mois des municipales : les fuites se multiplient, les trahisons se développent et surtout la revendication d’une appartenance à l’un d’entre eux existe de moins en moins. On s’écharpe, se concurrence, se divise car la seule finalité de « l’engagement » était celle de l’assouvissement d’une ambition. Quand elle n’est pas au rendez-vous on fait alors « parti à part » ! Et ce constat concerne tout le monde. Bientôt il y aura davantage d’exclus que de présents dans certaines villes d’un bord ou de l’autre. Il est impossible de ne pas constater que les cotisations (à part celles des élus taxés d’office) rentrent mal et que souvent dans les votes internes les listes électorales se sont réduites comme peau de chagrin. Lentement le système actuel coule et seuls les fans restent sur les paquebots vides. Ils attendent paisiblement que leur idole atteigne les sommets pour profiter de son ascension et accéder à quelques strapontins. En fait l’essentiel du boulot de militant ne réside plus dans le collage d’affiches (ce n’est pas bon pour l’image!), la distribution sur les marchés (ils sont de moins moins fréquentés!), la participation aux réunions publiques (elles ne font plus recette) mais la présence sur les réseaux sociaux. Il ne s’agit plus de convaincre les autres mais de se persuader que l’on a encore une bonne raison de ne pas critiquer les responsables ou les élus en place. C’est le sport préféré actuel.
La solidarité dans l’action n’a plus aucun sens et surtout aucune valeur. Ne cherchons pas d’exemple à gauche ou à droite car la situation est absolument identique : on passe provisoirement dans un parti pour « consommer » avant de repartir quand le menu n’est plus à votre convenance. Admettre qu’il faut poursuivre son chemin alors que l’on est minoritaire, n’entre plus dans les habitudes politiques. Le développement durable des engagements n’est plus à la mode.
La « nature sociale » ayant horreur du vide les extrêmes en profitent pour s’étendre sous la forme d’une tâche d’huile brune dans les esprits. Les affrontements idéologiques ont été remplacés par des querelles « techniques » portées par des apparatchiks gavés d’éléments de langage soufflés par les « communicants ». Les plus malins ont déjà anticipé cette décadence et tente de se démarquer avant les municipales. On claque des portes chez les écolos pour aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs. On s’écarte du Mélenchonisme pour se faire une place douillette au creux d’une liste. On table sur son nom de famille plutôt que sur son étiquette UMP. On se dresse en pourfendeur de la social-démocratie afin d’être plus rouge que rose ! On se rapproche à petits pas et à tâtons des « bordures » sombres pour être viré et devenir un héros néo-fasciste. Plus s’en va avec éclat plus on acquiert une notoriété médiatique. Bref on est mieux dehors que dedans !
Alors le moment est venu de se positionner pour récupérer les brebis égarées. Membre du bureau national du PS, l’économiste Pierre Larrouturou doit annoncer , jeudi 28 novembre, le lancement d’un nouveau parti, intitulé Nouvelle Donne – en référence au New Deal. Il explique cette initiative par le devoir de lutter contre le chômage, et affirme vouloir présenter des listes aux élections européennes, où il ambitionne de dépasser le PS. Il a à ses côtés, une kyrielle de parrains médiatiques, de Bruno Gaccio (ex-Guignols de l’info) au philosophe Edgar Morin en passant par le médecin urgentiste Patrick Pelloux. Mais aussi Christiane Hessel-Chabry, la veuve de Stéphane Hessel, la sociologue Dominique Meda, l’économiste Olivier Berruyer, la journaliste Marie-Monique Robin, ou encore la présidente d’honneur d’Attac, Susan George ou Edouard Martin, le syndicaliste de la CFDT de Florange. Et une rumeur débouche. Le site internet du Nouvel Observateur révèle que l’ancien président envisagerait de créer… un nouveau parti, un moyen d’éviter la question de la primaire UMP qui figure désormais dans les statuts du parti. L’image très écornée de l’UMP, notamment à la suite de la guerre que se livrent Jean-François Copé et François Fillon, rebuterait Nicolas Sarkozy qui souhaiterait s’élever au-dessus de tous les problèmes du parti et se présenter comme le candidat d’un nouveau rassemblement, et non pas d’un parti en baisse de popularité. Allez attendez le lendemain des municipales et vous allez voir si les nouvelles vocations ne vont pas se faire jour !
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La distribution sur les marchés…encore plus difficile lorsqu’un garde municipal vient vous prier de vider les lieux, sous couvert d’un arrêté du Maire interdisant toute distribution de tracts syndicaux, politiques ou « religieux » !!!
Il y a aussi ceux qui quittent les partis juste parce qu’ils ne peuvent plus défendre avec leur triples les positions défendues officiellement par leur parti ! Et il y a aussi ceux qui y restent alors qu’ils ne cessent de critiquer par derrière leur parti ! Je ne sais pas quels sont ceux qui sont le plus faux-cul !
Réponse : c’est exactement ce que me disent les militants de l’UMP (France Forte) qui partent au Front national ! JMD