Racisme : le poids des mots et le choc des sondages !

Le journal Le Monde s’interroge à voix haute : « Le racisme progresse-t-il en France ? ». Il apporte comme outil de réflexion un graphique en rappelant les évolutions des opinions avouées ce qui est en deçà de toutes les vérités car l’aveu devant un témoin inconnu est parfois difficile à faire. Alors ma réponse personnelle est sans ambages : oui le racisme monte à une allure vertigineuse en France et de manière masquée ! Il s’engraisse de la passivité généralisée de ceux qui autrefois jouaient les consciences actives. Les zones les plus touchées ne sont plus forcément les villes mais surtout les villages les plus reculés et les plus repliés du pays des Droits de l’Homme et du Citoyen.

La ruralité devient le refuge de la France maurassienne qui s’affole devant des images diffusées en boucle ou des informations ressassées par des médias avides de vérités toutes faites. Plus on est isolé et plus la tentation est forte de prendre pour argent comptant les affirmations transmises par l’outil culturel numéro un de toutes les générations : la télé ! On ne voit plus le monde autrement que par le prisme déformant des « étranges lucarnes » comme l’écrivait André Ribaud dans le Canard enchaîné. L’étroitesse des horizons conforte l’angoisse et surtout un sentiment profond d’une injustice dont le responsable est… l’autre ! L’autre avec cette notion simple de différence avec un modèle standardisé présenté par des sondages, des estimations, des ratios, des normes.

Ce phénomène du repli social et culturel a de quoi angoisser car il constitue le terreau du fascisme et absolument tous les historiens dignes de ce titre le confirmeront ! Ce n’est pas de la confrontation, de la différence que vient le racisme mais du silence, de l’indifférence et de l’isolement. Le discours de la raison ou même de la religion quand elle est porteuse de valeurs, n’a plus aucune prise sur des comportements irrationnels. Inexorablement les feux se mettent au brun ! Suivez le guide.

Pas moins de 7 % des sondés s’avouent « plutôt racistes » et 22 % « un peu racistes » soit quasiment en cumul un français sur 3 ! Un quart (25 %) se disent « pas très racistes » et 44 % « pas racistes du tout », un chiffre en baisse de cinq points en un an. Par ailleurs, les deux tiers des sondés (65 %) estiment que « certains comportements peuvent parfois justifier des réactions racistes ». Déjà on a les bases d’une analyse peu rassurante car si le racisme s’installe à des niveaux inquiétants, la xénophobie elle devient angoissante.

Ainsi, selon « le Monde » une nette majorité des interrogés (60 % contre 29 %) estime que « ce sont avant tout les personnes d’origine étrangère qui ne se donnent pas les moyens de s’intégrer ». Une majorité (52 %) pense que « les personnes de différentes origines qui composent la société française vivent ensemble avec des tensions », contre 8 % seulement qui assurent qu’elles vivent ensemble « en bonne entente ». Inutile d’aller plus loin le mal est dans le plus profond de la société française. Il a pénétré toutes les couches et tous les partis ce qui explique des basculements massifs vers le FN de communes jusque-là ancrées à l’opposé. En effet un autre résultat illustre cette mutation aux allures de tsunami certaines régions françaises.

 On constate aussi un étrange paradoxe : si les « Nord-Africains et musulmans » sont jugés comme les « principales victimes de racisme » (43 %), devant les « étrangers/immigrés » sans précision (25 %) puis les « Africains/Noirs' » (22 %), 12 % des sondés estiment que ce sont « les Français » qui sont les principales victimes du racisme en France… Ce sont donc 2 détenteurs sur 3 de la nationalité française qui parlent du racisme et qui ensuite reconnaissent à 42 % que le résultat est… réel sur des catégories de la population immigrée qui se sentent « victimes »

Alors qu’en 2009, 47 % des sondés estimaient « qu’il y a trop d’immigrés en France », ils sont désormais 69 % à assumer cette prise de position soit largement 2/3 de la population. Il suffira donc à une candidate ou un candidat aux municipales de reprendre ces résultats de les porter sur un programme irréaliste et indécent pour arracher au moins 25 % des voix des xénophobes ! La droite traditionnelle n’a pas mesuré l’impact de ses dérives dans les mots et les attitudes depuis 2009 ! Elle va payer une bonne part de l’addition de cette erreur. Banaliser des positions immorales ou dangereuses c’est tout simplement libérer les instincts endormis en leur donnant un signe fort d’impunité.

Le dernier épisode de date sur Christiane Taubira montre que l’ignominie ne paraît pas si condamnable qu’on le croît à 29 % des Français dont je le suppose quelques-uns d’origine étrangère ! Il serait intéressant de connaître, grâce à l’immense publicité donnée à une formule abjecte, le nombre d’exemplaires vendus par un torchon. Le racisme fait de plus en plus recette au comptoir ds bistrots, dans les repas de famille, dans les rencontres ordinaires, dans le tram ou le bus et surtout dans les urnes. Bien évidemment c’est de la faute à personne !

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Cet article a 4 commentaires

  1. jle

    C’est en 2001, que nous avons posé nos bagages dans ce petit village qui au demeurant nous paraissant accueillant dans ce sud Gironde. Très rapidement attaché à participer à la vie communale, je recréais l’association des parents d’élèves, ce qui me valu lors du premier conseil de classe, une parole qui m’a marqué du premier magistrat de la commune Toi le « RURBAIN », tu vas pas commencé à l’ouvrir ? Le RURBAIN qu’est-ce donc? pas de Wikipédia à l’époque avant que j’en déduise que j’étais un urbain vivant en milieu rural, n’était-ce pas déjà une forme de stigmatisation.
    Quelques années plus tard , en 2008, seule une liste se constitue pour les municipales, fervent défenseur de la démocratie, qui pour moi est synonyme de choix, je me lance seul (comme la loi me le permettait à l’époque) dans l’aventure, et de recevoir des tracs anonymes dans ma boite aux lettres du type, « toi l’handicapé que veux-tu faire dans cette commune? » , N’étant que peu connu dans la commune, il était amusant d’entendre au détour d’une allée du seul supermarché du coin, l’ensemble des propos tenus sur mon compte  » on m’affiliait à la Franc Maçonnerie, on me trouvait une maladie incurable voir honteuse, transmissible même …Pour clore, le jour du scrutin au premier tour j’ai malgré tout recueilli 38% des suffrages et la personne âgée assisse à côté de moi lors du dépouillement, de me poser la question : vous le connaissez vous ce monsieur? cela aurait fait du bien à la commune …mon pari est gagné .. mais avec le recul et en voyant ce qui se passe autour de nous en ce moment si je retentais l’expérience .? .. de quel nom d’oiseau, à quel ethnie, de quelle maladie m’affligeraient les mauvaises langues ….. oui Jean Marie le Racisme monte y compris au fonds de nos campagne si agréables à vivre , toutes les formes pas seulement contre la couleur de peau ou l’origine ethnique, un racisme de jalousie du voisin qui a une voiture neuve, de celui qui perçoit une allocation parce qu’il n’a pas d’emploi, et qui intérieurement souffre de ne pas être comme tout le monde…..alors ce racisme grandissant , quel peut en être la cause ….mais n’est ce pas simplement un signe d’une société qui souffre ?

  2. J.J.

    Tout est affaire de milieu.
    J’ai passé une partie de ma carrière dans les « campagnes » et l’accueil que j’y ai reçu était très variable : depuis l’intégration sans problème, l’invitation à participer aux joies et aux peines des habitants, en passant par l’indifférence totale, pour arriver parfois à l’hostilité ouverte envers cet étranger venu de la ville, fonctionnaire de surcroît, ce qui ajoutait à l’ignominie…
    Parfois le comportement de la population à mon égard créait des tensions avec les autres habitants. Dans un village par exemple, j’ai été très vite adopté par les protestants et rejeté par les catholiques (il st vrai que ce village était coupé en deux depuis des siècles).

    Mais il faut constater malheureusement que ce phénomène de rejet de l’étranger, du « horsain », qui a toujours existé dans toutes les communautés, a une fâcheuse tendance à s’amplifier.

  3. Eric Batistin

    Dans un village des Alpes de Hautes Provence, un peu enclavé en hiver, mais ouvert sur le monde, puisque de nombreuses résidences secondaires y existent, à 100 kms de Nice, je me suis tenté à un petit exercice:
    une enquête auprès des vieux du village, et des moins vieux, un jour de marché.

    L’idée m’est venu suite à un évènement auquel j’ai assisté, fort regrettable à mon sens: une famille de roumain a été accueillie au « frais de la princesse » dans l’hôtel du village. Les commentaires vont bon train quand la jeune femme bardé de deux enfants en bas age, plus un troisième « dans le tiroir » décide pour son malheur d’aller faire quelques courses….

    Puisque tous les habitants ou presque semblaient d’accord pour dire que le prix de la location de la chambre avait été ponctionné directement sur leurs économies, j’ai donc posé, tranquillement et individuellement cette question à tous :
    « Savez-vous que l’Etat français n’est plus propriétaire de son argent depuis 1973, et l’achète à des banques privées?
    Et savez-vous qu’il n’y a plus d’or dans les coffres de la Banque de France, puisqu’il a été remplacé par l’achat de subprimes américains, autrement dit quelques bout de papier, ou pour être plus précis quelques lignes informatiques? »
    La réponse a été fort claire, sur une enquête menée sur une tranche de population allant de vingt ans à quatre vingt huit ans:
    « Tu es fou qu’est-ce que tu dis?! »

    Il semblerait donc qu’une des solutions pour faire diminuer le racisme, ou tout au moins lutter contre l’extrême droite, est, comme le conseillaient monsieur Stéphane Hessel et tous les membres du Conseil National de la Résistance:
    « il faut clairement identifier l’ennemi » .
    Et l’ennemi n’est pas une femme enceinte qui tente de survivre.
    L’ennemi c’est la grande finance.
    Non pas dans son existence,même, dont on peut discuter des bienfaits pour l’échange international entre savoir faire humains, mais quand elle n’a d’autres lois que l’avidité.

    Finalement entre un idiot extrémiste qui va poser une bombe dans un supermarché ou un train, tuant des centaines d’innocents, et mes voisins de village,
    il y a un point commun:
    une mauvaise identification de l’ennemi !

    Batistin artiste
    réserviste service défense 2°RIMa
    inscrit aussi Marine Marchande
    matelot 2° classe.

  4. redko-bold

    Je viens de lire ce matin dans le journal Métro que le FN vient de s’allier avec le parti d’extrême droite néerlandais au parlement européen… ça m’a glacé le sang. D’ordre général la politique européenne ne transpire que très peu sauf les questions sur la crise de l’euro, mais la même ce petit quotidien gratuit (Métro) que je lis entre 3 stations, nous fait un 5 colonnes avec photo. Ça m’angoisse au plus haut point.
    Nous! jeunes gens de la génération X partons de plus de cette vieille Europe pour y trouver autre chose que la xénophobie grandissante, la précarité, avec dans le cœur une envie de meilleur et surtout de se trouver un avenir. Qui restera pour défendre notre notre pays des dérives raciales, des injustices, de l’immortalité ? J’ai bien peur qu’il ne reste que le fond du panier. Et ça me désole.
    Durant mon expérience d’immigrant moderne, je n’ai jamais était traité de « sale français » ni de « colon » (qui en soit est une injure qui a beaucoup de force ici)… même si le système de mon pays d’adoption est rigide et parfois injuste, il reconnait le fait qu’un pays s’enrichit plus de la diversité et de la jeunesse que des plaines de sables bitumeux ou des mines d’or en Roumanie et ce quelle que soit la couleur de sa peau ou sa religion. Sur mon lieu de travail je peux croiser des Polonais, Italiens, Congolais, Russes, Chinois, Français… aucun n’est montré du doigt comme volant le pain des natifs! J’ai vécu quelques épreuves pour arriver à être intégré (administrativement et socialement). On nous a quelques fois dit : « Et qu’est ce qui vous fait croire que vous y avez droit ? » Oui c’est compliqué de venir ici et c’est fait pour…
    Une fois je suis rentré en terre natale et j’ai partagé certaines de ces épreuves avec des gens du cru. Certains m’ont dit spontanément :  » Ba on devrait prendre exemple sur eux tiens ! on aurait moins de bougnoules ! » Je vous jure ça fait peur d’entendre ça surtout vu la faible concertation de « bougnoules » dans mon village natal !
    Il y a 2 ans on entendait ce genre de discours, aujourd’hui on traite la Ministre de la Justice de « guenon  » et demain brulerons-nous les noirs en place publique pour le crime d’être noir? N’avons nous pas un devoir moral vis a vis du reste du monde car comme l’a mentionné le journaliste de « Métro », nous sommes malgré tout le pays fondateur des droits de L’HOMME !

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