Extrait de mon discours lors le remise de la légion d'Honneur : "la famille éducation"

Extrait du discours prononcé lors de la remise des insignes de la Légion d’Honneur

(…) Cette fleur rouge de revers de veston est  la vôtre comme elle est celle de mes copines et copains de l’école  communale de Sadirac ou du cours complémentaire de Créon qui, comme moi, ont cru dans les vertus de l’instruction publique, du savoir, de la promotion par l’éducation.

Chacune et chacun d’entre vous en a sa part, celle de l’amitié, de la complicité et surtout de la simplicité, car vous avez été comme moi dans le « carquois », ambitieux pour nous, des hussards noirs de cette République ambitieuse pour nos avenirs.

Merci du fond du cœur à ces enseignants que l’on n’ose plus appeler des « maîtresses » ou des « maîtres », à qui je dois tout ! Merci à Mme et M.Vasseur, à Mme et M. Meynier, à Mme et M. Lepvraud, à l’inestimable Camille Gourdon, à mes professeurs du cours complémentaire mixte de Créon devenu un collège d’enseignement général qui ont été les vrais archers de ma réussite. Ils ont accepté une flèche rebelle et l’ont expédiée au cœur de la cible qu’ils avaient choisie pour elle : l’école normale d’instituteurs.

Il y a en effet 50 ans, à quelques semaines près, que la promo 126 est entrée à l’E.N. Cette cérémonie, un demi-siècle plus tard a valeur de symbole. Quel bonheur de partager avec vous, les « normalots » presque parfaits, ce moment personnel exceptionnel ! 

J’ai tenu à ce que Jean-Marc Rebière soit mon parrain, pour justement rappeler que l’arbre de mes valeurs a poussé dans ce parc du château Bourran, avec lui et avec vous mes amis qui m’avez fait tellement plaisir de venir jusqu’à Créon. Le fruit rouge que je porte ce jour a longuement mûri là-bas durant 4 ans pour éclore aujourd’hui.

Jean-Marc Rebière a été notre exemple, notre réussite à tous par son parcours exceptionnel, par son attachement au service de la République et par sa farouche volonté de rester fidèle à cet arbre auprès duquel nous avons vécu heureux. Il s’est toujours souvenu d’où il venait et surtout qui il était. C’est un immense honneur pour moi que tu aies accepté, Jean-Marc cette mission, car ce sera pour moi un gage d’estime inoubliable.

Merci à vous tous, venus parfois de loin, pour partager mon bonheur. Merci également à mon autre frère, Serge qui mériterait aussi cette distinction car il sait que sans lui elle ne serait pas accrochée à mon veston. Serge, l’honneur qui m’est fait est le tien! La légion d’honneur est aussi pour toi et pour vous tous, hussards noirs « normalots » parfaits, ayant désormais battu en retraite.

Nous avons appris à servir l’avenir des autres. « Comme les prêtres, disait le Père de Marcel Pagnol, nous travaillons pour la vie future : mais nous, c’est pour celle des autres ! » Est-ce toujours vrai ?

Vous ne comprendriez pas, vous mes amis de promo (un mot à bannir selon certains !), que je ne laisse pas un pétale de cette distinction sur la tombe d’Ernest Monlau, ce directeur ancré dans la laïcité et l’honneur, à la droiture exemplaire, qui a été l’archer de ma carrière et qui m’a guidé jusqu’à sa mort vers ce qu’il pensait être mon intérêt professionnel. Rigueur morale, rigueur intellectuelle, rigueur vestimentaire, rigueur partout, tout le temps : Monsieur le Directeur, voyez où j’en suis 50 ans plus tard ! Je prends les patins pour vous rejoindre et vous demander « Vous ai-je déçu, vous qui m’avez envoyé à 19 ans diriger une école élémentaire à 6 classes dont personne n’avait voulu ? » Je suis fier pour vous ! Je pense à vous dans l’action publique, quand la décision m’incombe, et sachez que si je n’ai pas répondu à votre attente, je ne l’ai jamais fait délibérément

 Merci à vous Mme Lahargue dont le dévouement laïque a été sans limite, à toi mon père d’écriture Robert Lusignan, à vous Monsieur Glère, à toi Gérard Azen qui êtes présents. Merci à Messieurs Lemerle,  Touchet, Magaudoux, Bon, et tous les autres pour nous avoir insufflé la volonté d’agir, de donner le meilleur de nous-mêmes aux enfants que la société nous confiait avec confiance, d’avoir éclairé le chemin de ma conscience.

Merci à Jean Emmanuel Bonnichon, François Duplan, Roger Savajols inspecteurs d’académie, amoureux de l’école publique laïque, de l’égalité des chances, de la réussite pour tous, qui dans une autre époque que celle que nous traversons dans l’éducation nationale, m’ont donné leur confiance et la chance de mettre en œuvre ces principes au service des enfants de la Gironde.

A vous,  mes véritables maîtres, sans absolument aucune vanité, en toute simplicité,  je vous dédie la plus belle des légions d’honneur que peut recevoir un enseignant, la lettre d’Albert Camus à son instituteur M. Germain. Toutes proportions gardées, elle reflète ce que j’éprouve en ce jour pour vous, sans qui, malgré vos dénégations, je ne serais jamais devenu ce que je suis.

« On vient de me faire un bien trop grand honneur, que je n’ai ni recherché, ni sollicité. Mais quand j’en ai appris la nouvelle, ma première pensée, après ma mère, a été pour vous. Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j’étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé.

Je ne fais pas un monde de cette sorte d’honneur. Mais celui-là est du moins, une occasion pour vous dire que vous avez été, et êtes toujours pour moi, et pour vous assurer que vos efforts, votre travail et le cœur généreux que vous y mettiez sont toujours vivant chez un de vos petits écoliers qui, malgré l’âge, n’a pas cessé d’être votre reconnaissant élève. Je vous embrasse de toutes mes forces… »

•Merci à tous les élèves, qui sont là ce matin, que j’ai accueillis et qui m’ont honoré de leur confiance et m’ont donné tant de bonheurs. Ils furent la semence de ma récolte d’instit. Je vous dois les meilleurs moments de ma vie ! Il n’y a pas d’instituteur heureux sans élèves heureux ! Oubliez donc les mauvais souvenirs et pensez aux moments de partage que nous avons eus. Celui-ci en est un autre et il m’est agréable de vous les offrir.

La légion d’honneur, c’est donc aussi celle des écoliers qui de Castillon, en passant par les classes de l’avenue Thiers, de Lormont, de Créon, de Sadirac qui ont réussi, qui ont refusé l’échec, avec moi et peut-être un peu grâce à cette pédagogie Freinet dont je ne me suis jamais départi (…)

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Cet article a 2 commentaires

  1. Raymond Viandon

    Encore toutes mes excuses Jean-Marie pour mon absence à cette manifestation qui t’as honoré fort justement. J’aurais aimé entendre toutes ces belles paroles.
    Amitiés. A bientôt.
    Raymond

  2. fink

    J’AI LU TON DISCOURS AVEC ATTENTION ET C’EST AVEC ÉMOTION ET LES LARMES AUX YEUX QUE JE TERMINE DE LE LIRE. LES PAROLES SONT PARFOIS INUTILE.
    MAIS COMME TOI JE PENSE D’ABORD A JEANINE, A EUGÈNE, MARIE CLAUDE ET TES ENFANTS, ALAIN ET JE PEUX TE CONFIRMER QUE NOUS SOMMES FIER TRÈS FIER DE TOI EN MOSELLE. JE T’EMBRASSE DANIELLE ET BERNARD

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