Encore une erreur gouvernementale : plus de vacances pour les Ministres !

Nicole Bricq, Ministre du commerce extérieur, a la réputation justifiée d’être une femme disposant d’une main de fer idéologique dans un gant de velours patiemment confectionnée dans l’enceinte du Sénat. Son passage éclair au Ministère de l’écologie, pas très réputé pour porter chance à sa détentrice, avait attesté de cette rigueur dans l’action qui transparaît toujours dans ses actes. Née à Bordeaux, elle y revient, de son propre aveu, toujours avec une certaine nostalgie de ses années universitaires et  elle a du mal à reconnaître cette ville bouleversée depuis déjà deux décennies dans son apparence. La chirurgie esthétique opérée sur les grands lieux bordelais l’a impressionnée surtout en arrivant par le nouveau pont Chaban-Delmas sur une rive-droite qu’elle n’avait pas trop eu l’occasion de fréquenter. «  De mon temps, les jeunes filles ne s’aventuraient pas trop sur le port, si vous voyez ce que je veux dire… ». Là, elle s’y retrouvait en visite officielle pour découvrir les contrôles effectués sur le territoire national par les services des Douanes, tant dans l’enceinte portuaire qui n’est ni de plaisance, ni de complaisance, que sur les grands axes routiers.

Un parcours girondin suivi par beaucoup de représentants des médias car elle permettait d’entrer dans des processus méconnus car discrets mais d’une redoutable efficacité. La complexité technique des investigations opérés, leur ciblage et plus encore leurs objectifs mériteraient pourtant que l’on casse l’image  caricaturale faite par Fernand Raynaud dans l’un de ses plus célèbres sketchs. L’extraordinaire habileté des tricheurs en col blanc ou aux mains habiles oblige sans cesse les fonctionnaires à s’adapter pour traquer des fraudes de plus en plus sophistiquées. La course éternelle entre le contrebandier et le douanier a fait long feu et tout l’été ce n’est pas, comme ce fut le cas durant des décennies, sur les routes conduisant au « bentas » espagnoles, que se déroule le combat le plus productif et le plus vif. L’époque où l’on tremblait pour des boissons anisées planquées sous le siège, des paquets de Camel ou de Malboro fourrées dans le slip, des bijoux dissimulés dans des paquets de mouchoirs jetables est quasiment révolue. Désormais, les Douanes pêchent au gros avec la rude tâche de faire respecter des milliers de textes réglementaires bafoués au nom de l’efficacité économique.

La Ministre venait avec des messages politiques forts concernant la lutte contre les importations de produits de contrefaçon ou pouvant être dangereux pour les consommateurs. Nicole Bricq portait le message qu’en situation de crise économique : les frontières européennes ne sauraient être des passoires qui pénalisent chaque jour nos propres productions ! Et bien évidemment, lors d’un point presse improvisé, les premières questions posées ont porté sur… ses vacances ! Le sujet qui préoccupe actuellement un certain nombre de journalistes tourne autour de la durée et du lieu des congés ministériels! On sent bien une certaine déception sur le fait que le gouvernement ne s’accorde que 4 jours de repos au cœur de la semaine du 15 août ! On revient sur les images du début du quinquennat sarkoziste avec l’escapade people largement relayée par les grands magazines politiques que sont Gala, Voici, Paris-Match, VSD, Clooser, qui sont frustrés à cause d’une mesure injuste de leur président faisant du vélo, courant sur les plages, s’exhibant au balcon du fort de Brégançon ou de ministres en maillot de bain affriolant dans un hors-bord de luxe… Un drame ! Une faute politique grave ! Plus de séance ambiguë sur le pont d’un yacht, plus de pique-nique avec la famille Bush, plus de vacances au frais quand les personnes âgées tombaient comme des mouches… Nicole Bricq, de passage à Bordeaux, ne prenait pas la direction du « Caaaaaap-feeeeeerreeeeeeet » et parlait de vacances ordinaires de courte durée mais suffisantes pour couper le rythme de travail que l’opinion dominante considère comme insuffisant ! Nicole Bricq n’était même pas « photographiable » sur un porte-containeur, alors que sur le yacht de Bolloré ça aurait une une toute autre gueule ! Pas la moindre miette « people » pour mettre à la une d’un quotidien pour ses clins d’oeil estivaux ! Si les ministres se mettent à bosser au mois d’août, c’est la fin du journalisme photographique alimentaire d’investigation !

On en cherche cependant un en Gironde : celui de l’Agriculture, sans que l’on sache s’il est dans l’impossibilité de venir ou s’il ne souhaite pas le faire « à chaud » mais en ayant pris du recul pour être réaliste et productif. En tous cas, il doit avoir une pile de lettres peu aimables sur son bureau, tellement les demandes sont nombreuses, comme cette sorte de frénésie estivale d’antan  que l’on connaissait au moment des envois de cartes postales à la famille et aux amis. Les formules ont bien changé et les « meilleurs souvenirs de vacances » ne sont plus de mise ! C’est plutôt du genre « que fais-tu, on t’attend ! » ce qui est bien différent !

Cet article a 2 commentaires

  1. fabienne

    En fait, on ne voit pas vraiment la différence, vacances ou pas, est-ce que le sort de la France va s’améliorer ? Cela permet aussi de dire à ceux qui ne partent pas, crise oblige, qu’on peut très bien s’en passer ! Au lieu des reportages sur la composition des glaces, le moral des commerçants, il faudrait parler des personnes contractuelles dans l’éducation et ailleurs, qui s’inscrivent à Pôle Emploi au mois de juillet sans assurance d’être rappelées à la rentrée. Savourent-elles leurs vacances, vraiment ? On oublie aussi les ouvriers des sites industriels : que font-ils en ce moment ? Télé, en attendant qu’on parle d’eux ? Camping caravaning ? Ont-ils assez d’argent pour acheter des glaces à l’eau ?

  2. Eric Batistin

    Les vacances c’est quand nous dormons du repos du juste ou de la sieste bien méritée et que, de l’autre coté d’un fuseau horaire, d’autres en profitent pour faire des affaires …

    Il y a un gouffre, une incohérence, quelque chose d’idiot presque, entre vouloir encore considérer que les vacances sont profitables à qui que ce soit et la réalité du monde d’aujourd’hui..
    Plus rien ou presque n’appartient au travail, tout est coté, boursicoté, le prix de toute chose ne se mesure plus à la transpiration et au repos mérité.
    Tout se mesure à la vitesse de connexion des ordinateurs où sont envoyés les ordres boursiers. Pas de répit.
    Il semblerait donc que les seuls à pouvoir encore s’offrir plus de 4 jours de répit, sont ou ceux qui de toutes les façons vivent au jour le jour, où ceux qui ont placé leur argent en bourse.
    Le seul repos estival qui soit est l’endormissement télévisuel organisé de deux mois, hérité sans doute du temps de l’ORTF, où les congés payés avaient comme sens un répit naturel pour aller faire les foins chez le grand oncle.
    Les grands magasins d’alors ne proposant pas grand chose d’autre que des produits manufacturés en France, on pouvait bien prendre des vacances sans risquer de voir son usine fermée en revenant.
    Aujourd’hui, nos vacances ne servent apparemment plus que d’excuse au noir qui se fait, aux ténèbres même, lorsque l’on demande à n’importe quel service administratif ou privé d’effectuer la moindre opération.
    Déjà qu’en une nuit le prix du beurre peut varier 10 000 fois et engraisser bon nombre d’actionnaires de la filière du lait, imaginez ce qui peut se passer en deux mois d’endormissement !
    Il serait peut-être temps, ou d’arrêter cette machine infernale qui consiste à dépouiller son voisin de l’hémisphère opposé dans son sommeil, ou de comprendre que les vacances ne sont plus que poudre aux yeux.
    Le code du travail n’ayant rien à voir avec le code boursier.
    Toutes les avancées sociales obtenues jusqu’à aujourd’hui n’ont jamais pris en compte l’autre coté du monde !
    Tant que nos T-shirt de plage resterons fabriqué par les habitants du Bangladesh, ouvriers esclaves du textile, nos vacances seront en péril.
    La conclusion a en tirer ?
    Fermer les frontières? Cultiver le coton pour nos vêtements, le lin ?
    Ou œuvrer pour la mondialisation des congés payés !

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