Depuis une soixantaine d’années, il y avait un certain nombre de mots que, bien qu’ils soient grammaticalement propres, personne n’osait utiliser. Le seul fait de les prononcer signifiait la mise au ban de la société et donc, par autocensure, les quelques affidés de ces patronymes ne se risquaient pas à révéler le fond de leur pensée, et ils dissimulaient leurs pensées derrière des périphrases ou des formules ambiguës. Il est vrai que l’enseignement de l’Histoire, et plus encore des souvenirs douloureux, donnaient un sens réel à ce qui ne pouvait s’énoncer sans angoisse et répulsion. En banalisant certaines idées, certains redonnent un lustre aux noms « propres ». Ce ne sont même plus des apprentis sorciers mais des « sorciers », qui empoisonnent la vie sociale après avoir distillé consciemment les pires idées pour en faire une potion facile à absorber ! C’est ainsi que l’impensable arrive : Hitler est revenu sans trop de honte dans les conversations. Quand de très rares personnes auraient osé seulement prononcer son nom, il effectue son grand retour comme référence politique.
Jamais Le Pen n’a osé tenter une phrase mettant en lumière son action, préférant « vanter » ses disciples ou leurs actions. Et encore pour polémiquer et plus encore envoyer des signaux forts aux racistes, aux antisémites et aux fascistes qui constituaient son fond de caisse initial ! Mais à ma connaissance, il n’a pas franchi la ligne rouge tracée avec le sang des victimes du nazisme, en glorifiant les décisions d’Hitler. Et bien, ce que Le Pen et ses sbires ou fanatiques n’avaient pas encore tenté, le Député-Maire sarkoziste de Cholet vient de le réaliser. Emporté par une culture de plus en plus débridée, il a démoli le mur de la honte en brisant ce qui, malgré tout, demeurait un tabou ! C’est une déferlante, désormais, qui va envahir la France puisque la dernière digue a sauté ; un élu de la nation, député et maire, peut en effet évoquer le nom de « Hitler ! ». Si l’on en reste à l’admonestation publique, et que son parti (réputé centriste!) se contente de lui taper sur les doigts avec une règle en mousse, plus aucune limite n’existera dans la vie publique et donc nous allons vers le gouffre au pas de course.
Bien évidemment, la technique de l’ambiguïté, de l’amalgame, de l’imprécision accentue l’effet d’une tirade, impensable il y a seulement quelques années. A propos d’un campement illégal de « gens du voyage », le défenseur de la légalité a lancé : « Comme quoi Hitler n’en a peut-être pas tué assez », en conclusion d’un échange au moins aussi scandaleux sur les Roms (sciemment confondus avec les gens du voyage). Il s’inscrivait un cran au-dessus des affirmations de l’un de ses amis niçois qui avait évoqué, en toute impunité, la violence applicable dans les mêmes circonstances aux personnes ayant le même mode de vie ! Emporté par son élan, le Maire de Cholet n’a pas pu mettre un mouchoir sur ses idées, il est allé droit au but.
Rappelons peut-être à celles et ceux (rares parmi les lectrices ou les lecteurs de Roue Libre) qui auraient la mémoire courte, que des « chercheurs raciaux » de l’Allemagne nazie avaient établi toute une série de caractéristiques et établi des généalogies remontant parfois jusqu’au XVIe siècle pour détecter un « ancêtre tzigane », afin d’envoyer en camps les « sangs-mêlés ». A Auschwitz ou Ravensbrück, ils ont servi de cobayes pour des expériences médicales. L’Allemagne n’a reconnu officiellement qu’en 1982 ce génocide, avec un geste du chancelier Helmut Schmidt; et en 1997, le président Roman Herzog a souligné pour la première fois qu’il avait le même motif raciste, et avait été perpétré par les nazis avec la même résolution et le même volonté que l’extermination des Juifs.
Actuellement, 11 millions de Tziganes vivent sur le continent européen, dont sept millions dans l’UE, la plupart en Europe centrale et du sud-est, en Roumanie, Bulgarie, Hongrie et Slovaquie. La plus grande minorité ethnique d’Europe est aussi la plus pauvre, subissant toujours discriminations et racisme. Cherchez un peu la suite, mais « Hitler » a encore de beaux jours devant lui !
Loin de moi l’idée de cautionner de la part de ces gens là un comportement contraire aux lois de la république, et d’admettre qu’ils peuvent vivre librement comme ils le souhaitent, mais au détriment des autres. Aller invoquer comme référence légale les décisions de Hitler et ensuite se rendre compte, trop tard, que ses paroles ont trahi une pensée profonde, il y a une vraie lâcheté, qui va causer des ravages dans l’opinion publique. Plus de tabous. Plus de retenue. Plus de raison. Plus de dialogue. Plus de République. La force, l’extermination, l’anathème et surtout le paroxysme de la haine, envahissent lentement, comme un gaz indolore, la France. En arrivant à Cholet, mettez vous plus qu’un mouchoir sur le nez! préférez le masque intégral, et ne vous faites pas d’illusion, gardez-le à portée de la main, nous en sommes rendus à un tel niveau que vous en aurez besoin ailleurs !
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Magnifique Jean-Marie DARMIAN !
La honte ne suffira pas sur cet élu de la Nation …
Gilbert de Pertuis
Je n’en reviens pas de voir ces mots alignés et encore moins de savoir qu’ils ont pu être prononcés par un être humain (?) du XXIe siècle… C’est terrifiant, abominable. Nous avons encore beaucoup de travail.
« Emporté par une culture ….. »
Est-ce qu’on a le droit d’appeler ça une culture ?
Comme disait Roland Bacri, le Petit Poète du Canard , paraphrasant je ne me souviens plus quel tristement célèbre nazi, à moins que ce ne soit le duce :
» Quand j’entends parler de revolver, je sors ma culture. »
Que la loi s’applique, les gens du voyage ont droit à des lieux de vie à la hauteur de la dignité humaine, je sais que beaucoup les détestent, mais ce sont des Hommes, même si cela déplaît et inspire des phrases aussi minables de la part de français moyens ou d’élus soi-disant républicains !
Ce sujet n’est abordé que de manière passionnelle et insensée, il faut avant tout être humaniste et réaliser des lieux de vie où les gens du voyage pourront vivre comme nous-mêmes nous vivons dans nos maisons ou appartements, DIGNEMENT !!!!
Pauvres valeurs de notre République, bafouées par la haine, cette haine qui gagne du terrain chaque jour lorsqu’on évoque les différences.
On ne peut plus défendre la différence sans se faire agresser par des gens qui se déclarent pas « Le pen pour un sou» mais qui s’expriment de la même façon…
Je suis bien triste de ce constat, les commentaires sur le site « sudouest » ont été désactivés tant l’invective et la xénophobie s’y mêlaient lamentablement.
La toile permet ce déferlement de haine anonyme…
Quelle tristesse !!
Monsieur Darmian (ou Jean-Marie si vous préférez ainsi que j’entends tout le monde autour de moi vous désigner),
Pour des raisons très personnelles, je suis outré, scandalisé par les propos inadmissibles de cet individu. Il est né à Angers, certes, mais il ne porte pas un nom angevin ce qui laisse supposer que sa famille n’est pas originaire de l’Anjou, son nom semblant plutôt d’origine limousine ou gasconne. Mais il jette l’opprobre sur une région qui m’est chère, le Choletais et plus généralement la région des Mauges qui a particulièrement souffert des Guerres de Vendée et d’où est issue une bonne part de mes ancêtres. Si je suis là, c’est d’ailleurs parce que ceux ci, enfin ceux qui ont pu le faire pour échapper aux massacres perpétrés pas les Colonnes Infernales de Turreau, se sont sauvés in extremis dans la région de Montreuil-Bellay, à l’est de l’actuel département du Maine-et-Loire, où leurs descendants habitent encore.
Mais ma généalogie n’intéresse pas grand monde. En revanche et pour cette raison, je connais très bien ce département. Une autre partie de mes ancêtres est issue depuis au moins les Guerres de Religions du petit village de Méron englobé depuis 1968 dans la commune de Montreuil-Bellay. Si je parle de ce petit village du Maine-et-Loire, c’est parce des évènements honteux s’y sont déroulés sous le régime collaborationniste de Vichy, évènements que beaucoup de monde s’est évertué à cacher pendant longtemps mais qu’un simple instituteur étudiant l’histoire de la région a révélé dans les années 80 ce que vous ignoriez sans doute vous aussi.
En effet, à Méron, dans le département dont Bourdouleix est député, se trouvait le plus important camp de concentration de tsiganes de France où ont péri hommes, femmes enfants pour la seule raison qu’ils étaient tsiganes et que le Reich avait donné l’ordre de les exterminer !
Et ce tragique épisode, ce sinistre individu, élu du département, ne pouvait pas l’ignorer. Mais sans doute, en cultive t’il la nostalgie.
Cependant, cette proximité donne encore plus d’horreur à ses propos fascistes.
http://www.saumur-kiosque.com/infos_article.php?id_actu=4446
Pour cette raison d’ailleurs, le Président François Mitterrand avait choisi en 1990, Montreuil-Bellay pour rendre officiellement hommage aux victimes tsiganes de la Seconde Guerre mondiale.