Le Tour de France a terminé sa course sur les Champs Élysées, lieu où la mythologie grecque place les enfers et où les gens vertueux goûtent à une repos bien mérité après la mort. La qualité de vie y est bien meilleure qu’au « Pré de l’Asphodèle », fleur que l’on présume étrange, pâle et fantomatique, où les fantômes des morts mènent une existence morne et « insubstantielle ». Et surtout bien plus agréable que le terrible Tartare où l’on trouvait Hypnos, le Sommeil, et Thanatos, son frère (la Mort), qui séjournaient dans le monde souterrain, d’où les rêves montaient vers les hommes. Ils passaient par deux portes, l’une faite de corne, pour les rêves véridiques, l’autre d’ivoire, pour les rêves mensongers. Tout un symbole pour un peloton dans lequel, tout le monde le sait mais ne veut pas l’écrire, il existe bien les trois catégories d’impétrants pour ces espaces d’accueil. Il est certain que si l’Arc de triomphe avait été en « ivoire » on aurait orienté très facilement la grande majorité des coureurs vers le « Tartare » qui ne correspond pas au bœuf qu’aurait dégusté, à l’insu de son plein gré, Alberto Contador. Formidables jeux du cirque télévisuel, où les étapes du Tour caracolent de ville en ville comme le faisaient autrefois les troupes de théâtre ambulantes dont les répertoires allaient de la tragédie à la comédie ! Dans le fond, si on le sait dès le départ, on est moins ridicule le jour où s’ouvre le rideau sur une triste réalité.
La véritable course dans la course n’est pas celle qui rassemble les coureurs, mais une autre, de plus en plus inégale, entre les équipes de l’Agence française de la lutte contre le dopage et les encadrants médicaux des équipes. Elle a été constante, chaque matin et chaque soir, souterraine, âpre mais sans aucune chance de voir les gens de l’AFLD rattraper les « soigneurs » et « médecins » spécialisés dans la préparation des héros des cycles. Le Docteur Jean-Pierre de Mondenard, qui a lutté de toutes ses forces contre la tricherie dans le sport, résume parfaitement la situation actuelle (1) : « compte tenu du suivi que j’ai du milieu sportif de haut niveau, j’ai du mal à croire à sa (Christopher Froome) sincérité. Malheureusement pour lui, il ne peut pas prouver qu’il ne se dope pas, de même que la lutte antidopage ne peut pas prouver actuellement qu’il se dope ». Donc il faut faire avec et se ranger dans le camp du doute ou dans celui de l’indulgence, mais certainement pas dans celui des certitudes sur les performances. Pas un fan ne se pose la question, à l’issue d’un concert de Johnny Halliday, sur ce que contiendrait ses urines s’il y avait un contrôle inopiné.
Le succès du Tour ne se dément pas puisqu’il est le reflet des évolutions sociales et que pas une personne ne peut échapper à sa symbolique. La montée du nationalisme se confirme puisque désormais on se penche sur les origines des différents vainqueurs. La France « socialiste », forcément peu compétitive, verra porter à son débit le fait qu’elle doit se contenter d’une seule victoire d’étape alors que les Anglais, libéraux et efficaces, ont garni leur « Sky » d’étoiles filantes à la vitesse de la lumière. La réussite individuelle l’emporte sur toutes les autres considérations, comme dans cette vie sociale dans laquelle la fin justifie les moyens. L’indulgence des médias à l’égard d’une épreuve qui les « nourrit » comme aucune autre ( plus de 2000 journalistes) correspond à celle qui s’applique aux entreprises apportant les capitaux qui les entretiennent. L’auto-censure de France télévisions qui ne peut pas tuer la seule poule aux œufs d’or qui lui reste devient en définitive un handicap pour le Tour. Heureusement que la vitrine touristique justifie désormais le suivi de ce qui se passe sur les routes qui ne sentent plus tellement la noisette et le chèvrefeuille. On en arrive à se demander si le ministère de tutelle ne devrait pas basculer de celui des Sports à celui du tourisme pour le parcours, et de celui des Sports à celui de la santé pour les participants.
Il n’est pas certain que, lentement, la popularité de l’épreuve ne s’émousse pas au fil des futures années, car une bonne part de son succès repose sur la nostalgie. Le Tour vit davantage sur son passé que sur son avenir. Et plus rien ne le sauvera du doute !
Tous les vainqueurs vantent les mérites de ceux qui leur ont succédé, évitant ainsi la suspicion sur leurs propres performances. Pour le Dr Jean-Pierre Mondenard, la cause est entendue (1): le dopage sur le Tour date depuis « 1947 parce que je ne dispose pas forcément de documents suffisants depuis 1903… Il faut remettre les choses en place. La triche est consubstantielle à l’homme. D’après une étude, plus de la moitié des étudiants ont déjà triché dans leurs études. Des chiffres comme ça, je peux vous en sortir une caisse. En sport, la compétition est un « potentialisateur » de la triche. Ce n’est pas la difficulté du Tour de France qui fait le dopage, c’est le Tour de France en tant que Tour de France qui fait le dopage. Dès le début du XXe siècle, quand le vélo est devenu professionnel, les soigneurs, déjà présents dans les hippodromes, sont allés dans les vélodromes. Ils donnaient aux cyclistes les mêmes produits qu’ils donnaient au chevaux pour améliorer leurs performances : caféine, atropine, belladone… » Mais rassurez-vous ….
(1) http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=newssearch&cd=1&cad=rja&ved=0CDEQqQIoADAA&url=http%3A%2F%2Fwww.lemonde.fr%2Fsport%2Farticle%2F2013%2F07%2F20%2Fla-triche-est-consubstantielle-a-l-homme-comme-le-dopage-au-tour_3449304_3242.html&ei=ZCzsUeOXH6bI0QXr0oCADg&usg=AFQjCNEKmkBhYNy4O1XFYpLfMxQTjE1o2Q&sig2=QweHy8katA5ORbavgAXIrg&bvm=bv.49478099,d.d2k
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Oui, les coureurs se dopent…
La liste est longue de ceux qui usent de méthamphétamine ou autres substances, des soldats nazis en 1940, en passant par les américains au Vietnam en 1955 et quelque chose, puis les yuppies des années 80 évoluant dans les milieux de la haute finance,…qui j’oublie ?
Ah oui tous les jeunes gens d’aujourd’hui qui ont un accès de plus en plus facile aux drogues dures, et aux douces qui n’en sont plus, puisque l’herbe à fumer a été soigneusement modifiée pour devenir extrêmement puissante.
Je ne citerai pas les stars du showbizness, de la télévision, de la politique…
Il semblerait que la drogue soit un mal nécessaire, surtout à la finance internationale qui a un grand besoin de liquidités solubles !!