Voici quelques lignes extraites du discours de Philippe Madrelle destinées à honorer la mémoire de Pierre Barrau, conseiller général depuis un peu moins de 20 ans et maire de Porchères depuis 52 ans ! Un homme que l’on peut regretter mais que l’on doit être heureux d’avoir connu !
« Dans l’immense bibliothèque de sa vie il extrayait souvent un livre d’histoire comme nous en avions autrefois sur les bancs des communales. Sur chaque page, un dessin présentant un acteur de périodes clés de la France et Pierre y ajoutait son commentaire personnel et sa faconde tonitruante. Il aura vécu sous 3 républiques différentes mais incontestablement c’est la troisième qui l’avait marqué car elle avait conduit à cette seconde guerre mondiale ayant occulté sa jeunesse. Il avait tiré de ces sombres années une certitude : il lui fallait tout donner pour que les idéaux honteux ne reviennent pas à la surface. Et ces derniers temps il se révoltait contre la résurgence de faits dont il avait pu éprouver les conséquences.
Pierre adorait feuilleter cet ouvrage dont il connaissait à merveille les grands enjeux et plus encore les recoins. Il savait tout de la politique sur plusieurs décennies et c’était un plaisir de l’entendre évoquer les faits ayant émaillé son parcours. Nous savons toutes et tous l’admiration qu’il avait pour Antoine Pinay qui avait été comme lui, un entrepreneur accroché au monde agricole dont il valorisait les productions.
Nous avons toutes et tous apprécié ses tirades sur le pragmatisme et la solidité de l’homme de Saint Chamond, conseiller général d’un canton similaire à celui de Coutras sur lequel Pierre a toujours vécu. La politique c’était pour lui des valeurs républicaines simples du quotidien, le sens permanent de l’intérêt général, la dimension humaine de tous les actes…Pour le reste il faisait confiance à son instinct inné lui permettant de détecter derrière les comportements la vérité des âmes. Notre ami, Pierre derrière ses paupières mi-closes observait avec un esprit critique avisé la danse effrénée d’un monde dans lequel il ne reconnaissait plus tout à fait.
Dans sa bibliothèque il y avait aussi un livre usé par la consultation quotidienne qu’il en avait fait durant la plus grande partie de son existence. Il avait le talent nécessaire pour écrire comme un Alphonse Daudet girondin des « Lettres de mon moulin » et intituler l’une d’entre elles « les secrets de Maître Barrau » car le grand amour de toute sa vie aura été sa minoterie, ce lieu exceptionnel où ne pouvait vivre qu’un homme au bon cœur. Il fournissait en effet aux autres le plus précieux des biens, une farine blanche et douce permettant de confectionner le pain quotidien indispensable aux besoins essentiels de milliers de gens, des plus pauvres aux plus riches, des plus jeunes aux plus vieux, des paysans comme des ouvriers. Quel métier est plus beau, plus noble, plus utile que celui des meuniers du siècle écoulé utilisant le force naturelle de l’eau ou du vent pour donner cette source de vie tirée du blé ou de l’orge ? Seuls les hommes sensibles et cultivés d’une autre époque savaient comme Pierre Barrau transformer une tranche de pain en tranche de vie !
Dans cette bibliothèque il y avait toute la poésie de son amour pour Porchères, ce village dont il parlait avec tant d’amour et qui le tracassait tant par les dangers qui le menaçait. Des clichés couleur sépia et d’autres plus modernes remplissaient cet album de plus d’un demi-siècle passé à conjuguer le délicat équilibre entre le progrès et le respect de l’âme ancestrale d’un lieu. Sa sagesse naturelle et sa perspicacité dissimulée sous une apparente bonhommie lui ont permis de rester moderne mais sans pour autant renoncer à ses racines villageoises. Pierre fut un élu local avec la beauté de ce qualificatif car il suppose une attention constante à la proximité, à l’amitié et à la fraternité pour ne jamais rompre le lien de confiance entre le peuple et ceux qui les représentent. Ils vivaient pour vous, pour nous, pour eux et rarement pour lui. il est mort après avoir tout donné aux autres ! Il est parti sur la pointe des pieds, navré de ne pas pour voir dire aux autres combien ils les remerciait de ce qu’ils lui avaient apporté ! »
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adieu monsieur Barrau, un de ces élus qui honore la république, selon m Darmian.
Pierre Barrau avait le talent nécessaire pour écrire comme un Alphonse Daudet girondin « les Secrets de Maître Barrau » car le grand amour de toute sa vie aura été son Moulin, ce lieu exceptionnel où ne pouvait vivre qu’un homme de cœur. Seuls les hommes sensibles et cultivés d’une autre époque, savaient comme Pierre Barrau, utiliser la force naturelle de l’eau ou du vent pour transformer la tranche de pain en tranche de vie. Pierre fut un élu local avec la beauté de ce qualificatif car il suppose une attention constante à la proximité, à l’amitié et à la fraternité pour ne jamais rompre le lien de confiance entre le peuple et ceux qui le représentent. Pierre vivait pour vous, pour nous, pour eux et rarement pour lui. Au cours de sa carrière professionnelle et de son action politique, il n’a jamais recherché les honneurs ni le vedettariat. Tout le contraire. Promu Chevalier dans l’Ordre du Mérite Agricole, il était aussi titulaire de la Médaille d’or communale, départementale et régionale pour ses 50 ans de mandat qui récompensait l’Homme simple et droit qui fut aussi celui des devoirs.