Les "cumulards minus" s'accumulent dans le ciel gouvernemental !

Le mois de juillet ne sera pas, contrairement à toutes les habitudes, de tout repos pour les Parlementaires. Il auront au menu encore un texte qui, malgré les avancées qu’il présente, ne satisfera pas l’opinion dominante, formatée par un prêt à porter idéologique taillé sur mesure par les médias dominants. Le fameux « non-cumul des mandats » viendra sur le devant de la scène et quel qu’en soit le contenu du texte il y aura une forte déception. Même dans des enceintes réputées politisées ou « généralement bien informées » on confond tout, et bien évidemment on en profite pour bouffer de l’élu à tous les repas avec un verre de certitudes ! Ainsi, la première confusion porte sur le terme « mandat »… Qu’est-ce qu’un mandat ?… Trop souvent, par facilité on assimile les « fonctions » aux « mandats ». Or, sur le plan des principes, un « mandat » est donné par le suffrage universel direct alors que la fonction résulte d’une choix effectué parmi les détenteurs de mandats. Il n’y a donc que 5 « mandats » effectifs : conseiller municipal, conseiller général (bientôt départemental), conseiller régional, député et à un degré moindre sénateur. Il restera possible de cumuler deux de ces mandats sans aucun problème ! Et personne ne semble l’avoir assimilé puisque l’on continue à parler du non-cumul des… mandats. C’est exact si l’on dépasse deux, mais à aucun moment il n’a été question de descendre à l’unicité d’une élection nationale ! On n’aura donc aucun véritable danger, car les députés et sénateurs pourront demeurer dans un « conseil » pour suivre la gestion et pouvoir à tout moment récupérer un siège qu’ils auront mis au chaud si le sort électoral national leur était défavorable.
Quand on examine avec plus d’attention et sans parti pris la loi en préparation, c’est surtout l’incompatibilité entre une « fonction exécutive » et un mandat national dont il faut parler. Quatre articles et trois grandes mesures tenteront de régler un problème qui dure, et auquel la Droite n’a pas voulu s’attaquer. Pour le moment, tous les élus locaux devraient être concernés, quelle que soit la taille de la commune. Aucun maire (également d’arrondissement, de secteur, délégué et adjoint), président ou vice-président de conseil régional et général ne pourra plus exercer simultanément un mandat de parlementaire, français ou européen. Cette mesure sera probablement amendée avec l’introduction d’une taille de commune pour les Maires et rien pour les autres strates territoriales. Il en ira de même pour toutes les autres fonctions exécutives au second niveau (syndicats intercommunaux, communautés de communes, structures para-publiques…) qui n’entrent pas dans le créneau du cumul !
En définitive, il faudra dans quelques mois faire accepter par l’opinion des mesures de restriction sur les retraites pour les gens les plus humbles… en appelant à soutenir le gouvernement. Par contre, quand il s’agit de s’appliquer à eux-mêmes des contraintes, les députés et les sénateurs combattent les propositions présidentielles. Cherchez l’erreur ? La vertu de l’exemple, ils l’ignorent ! Quelle crédibilité aura donc le monde politique ? Peu importe : tous partis confondus, on va tenter de sauver ce qui est injustifiable ! Il existe pourtant d’autres propositions qui conduiraient à un vrai renouvellement en profondeur des élus, comme la limitation à 3 renouvellements consécutifs du même mandat… En ce qui me concerne, je signe de suite, car je me l’applique de manière absolue et vraiment sans regrets. La révolution n’est pas pour demain ! La révolution culturelle n’est certes pas pour demain puisqu’en 2014 on va retrouver députés et sénateurs en tête des listes aux municipales !
Prévu en septembre 2012 par le projet du P.S., le non-cumul devrait finalement s’appliquer en… 2017. « Le rapporteur que je suis n’a pas trouvé d’arguments définitifs pour dire que 2014, c’est impossible. Mais pour dire que 2017, c’est plus simple, oui » explique le rapporteur de la future loi. Et plus sécurisé : une mise en application dès 2014 aurait pu être inconstitutionnelle selon l’argument d' »insincérité » du scrutin. En 2012, les électeurs auraient ainsi voté pour une personne sans savoir si elle pouvait être remplacée par quelqu’un d’autre en cours de mandat. Le texte prévoit donc une application à partir du 31 mars 2017 ! On recule l’âge de la retraite pour celles et ceux qui se sacrifient en partant aux municipales ! Un pas de plus vers le précipice… et un atout de plus pour le slogan du FN sur la collusion PS-UMP ; mais dans le fond, peu importe : l’essentiel n’est-il pas le « chacun pour soi » avec comme argument majeur qu’en plus on est indispensable ! Y-a-t-il besoin d’une loi pour mettre ses actes en accord avec ses promesses ou ses paroles publiques ? Tiens, au fait, combien d’entre eux fera valoir une « clause de conscience » pour ne pas faire ce mariage de tous les mandats ?

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Cet article a 3 commentaires

  1. Marae

    Merci de ce billet qui met au clair certains points relatifs à notre système de « représentation »… mais qui n’empêchera pas le « tous pourris » (voire qui le confortera pour qui ne sait pas bien lire!: de la difficulté de communiquer aujourd’hui…).
    Je pense que ce billet procède à l’éveil des consciences, comme de nombreuses autres sources issues d’Internet: l’éveil, le réveil des consciences passera par ce biais!
    Puisse-t-il déplacer des montagnes… et ouvrir sur un Monde nouveau…

  2. Eric Batistin

    Pourquoi nos hommes et femmes politiques ne tentent même plus de cacher leurs ambitions personnelles ?
    Comment est-ce possible que le mensonge organisé soit ainsi indissociable de la vie politique, et ce avec l’accord tacite de tous, élus et électeurs ?
    Pourquoi ?

    Comme toute une famille au chevet d’un malade incurable accepte le mensonge et lui parle d’avenir les jours de visite à l’hôpital, nous élisons pour continuer à vivre, tout en sachant la mort si proche.
    La mort de notre République, déjà depuis longtemps aux mains de banquiers.

    J’en conclus donc, et pour me faire l’avocat des diablotins, que nos hommes et femmes politiques ont au moins pour excuse celle de tenter, par leur attitude irrespectueuse, de nous faire comprendre la gravité de la situation.
    Comme le malade qui, tout en souriant avec nous aux lendemains qui chantent, se chie dessus à l’heure des visites.
    Charge à nous d’en prendre acte et de trancher dans le vif.
    L’euthanasie politique est peut-être la seule solution !

    Il existe pourtant, non pas des rémissions, mais des guérisons spectaculaires.
    Toutes ont en commun une chose, le moral du malade et la prise radicale de décision quand au traitement.

    Pour ma part je prescris sans ordonnance de bouffer un banquier tous les matins.

  3. Cubitus

    Le statut d’élu soumis à l’appréciation de ces mêmes élus qui sont de ce fait juges et parties. Ça traîne des pieds, évidemment, ça tergiverse et, comme tant d’autres, le texte terminera complètement vidé de sa substance.

    S’agissant des représentants des citoyens, de nos représentants, il revient exclusivement aux citoyens, donc à nous, de décider du statut de leurs représentants : RÉFÉRENDUM ! (organisation des pouvoirs public, on n’est pas ici dans le cadre du mariage pour tous).

    Pour mémoire :
    article 2 de la Constitution : « gouvernement du peuple, pour le peuple et par le peuple »
    article 3 de la Constitution : « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum. »

    En application de ces principes, c’est au citoyen à décider de quelle façon il veut être représenté dans la collectivité et non à une élite politicarde qui, soucieuse avant tout de préserver ses privilèges, persiste à confisquer l’expression populaire.

    La souveraineté appartient au peuple, pas à la classe politique qui n’est qu’un outil et qui doit le rester, rien de plus. Nous ne sommes plus en monarchie.

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