Le pape relance la guerre des religions en France

François demande aux parlementaires français d’insuffler aux lois un « esprit, une âme qui ne reflète pas uniquement les modes et les idées du moment ». Une véritable déclaration de guerre à une République reposant depuis 1905 sur la base de la séparation salutaire de l’Église et de l’État. En effet si l’église, par son chef temporel, s’attaque aux lois démocratiquement adoptées par un pays, elle démontre à l’évidence que les principes qui ont prévalu durant des siècles (pouvoir de droit…divin!) ne sont pas encore abolis. Au contraire ! Le Pape met en avant un jugement religieux sur des textes devant s’appliquer à toutes et à tous ! Il est vrai qu’il s’exprimait face à un auditoire de parlementaires majoritairement opposés aux principes de libéralisation des esprits. Le public était réceptif et venait recevoir la bénédiction de François pour continuer leur combat, ce qui avait été soigneusement préparé. Il s’agissait d’une opération de communication contre le pouvoir installé en France ! Ils étaient 45 , très majoritairement à droite même si parmi eux se trouvaient quelques socialistes, à rencontrer le « Saint père ». Contre toute attente, ce dernier leur a accordé rapidement cette audience, dont la demande a été formulée au titre du Groupe d’amitié France-Saint-Siège du Sénat et du Groupe d’études à vocation internationale (75 membres), le GEVI-Saint-Siège de l’Assemblée nationale (64 membres). Autant de structures internes au Parlement et donc tributaires de fonds publics pour leur fonctionnement.
« Nous aurions pu être le double», explique Charles Revet, sénateur de Seine-Maritime, l’un des promoteurs de ce voyage privé, aux frais donc de chacun, «tant l’intérêt pour le nouveau Pape est important, mais tout a été décidé à la dernière minute une fois reçue la bonne surprise de l’accord quasi immédiat du Pape ». Un aveu de la duplicité entre un certain nombre des députés et sénateurs ayant comme arrière-pensée de se faire bénir pour leur combat sur certaines décisions du gouvernement actuel. Nous sommes revenus en quelques jours au début du XIXème siècle, avec la prise en compte du pouvoir temporel par un système religieux dépassé. Le jour même où l’Iran se dégage timidement du corset religieux, la France va chercher, elle, à s’y mettre !
Jamais, au grand jamais, il n’a été aussi nécessaire de relancer le débat sur la laïcité. C’est d’une urgence absolue tellement, quotidiennement, nous plongeons dans les sables mouvants de la confusion entre les pouvoirs religieux et politiques au nom de la morale archaïque ! Il ne s’agit que de concurrence entre des différentes religions avec, en arrière pensée, celle de reprendre des pans de clientèle. Les religieux sont devenus des gestionnaires de patrimoines humains et se positionnent sur les extrêmes, en sachant qu’ils constituent le noyau dur nécessaire pour conquérir des ouailles. Le pape n’est que le porteur de consignes délibérées émises par les spécialistes du marketing idéologique. Ses propos doivent être vécus comme des menaces réelles à l’égard de la « majorité actuelle ». A mots couverts, le représentant d’une religion parmi d’autres, a instauré un climat de violence supplémentaire, en soutenant celles et ceux qui condamnent un fait républicain. Comme toujours, on est dans les sous-entendus, dans les prédications, dans les incitations à la « guerre sainte » . C’est une constante de toutes les religions : exister par l’anathème ! Il a fait clairement allusion à toutes les législations pouvant être considérées comme contraires aux principes de l’Église catholique, de l’avortement à l’euthanasie en passant par le mariage gay ou les nouvelles normes de bioéthique. «Votre tâche est certes technique et juridique, consistant à proposer des lois, à les amender ou même à les abroger ». Il a aussi jugé «nécessaire» de «leur insuffler (à ces lois, ndlr) un supplément, un esprit, une âme qui ne reflète pas uniquement les modes et les idées du moment, mais qui leur apporte l’indispensable qualité qui élève et anoblit la personne humaine». Et il a repris à son compte les interprétations de Sarkozy sur la laïcité ! On découvre alors que le jésuitisme revient en force dans le monde. Il s’exprime avec force quand le pape déclare : « Le principe de laïcité qui gouverne les relations entre l’État français et les différentes confessions religieuses ne doit pas signifier en soi une hostilité à la réalité religieuse, ou une exclusion des religions du champ social et des débats qui l’animent». Ce n’est ni plus ni moins que la
Il a souligné que l’Église «désire apporter sa contribution spécifique sur des questions profondes qui engagent une vision plus complète de la personne et de son destin», une contribution qu’elle souhaite donner non seulement au niveau «anthropologique ou sociétal, mais aussi dans les domaines politique, économique et culturel». Il a rappelé que la France, où une loi autorisant le mariage gay vient d’entrer en vigueur, est une «nation vers laquelle les yeux du monde se tournent souvent ». Nous arriverons tôt ou tard à l’excommunication ou le bannissement pour comportement « hérétique » et surtout pour soutenir une vaste campagne dans les églises et leurs dépendances contre des lois pourtant ancrées dans les mœurs ! A méditer !

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Cet article a 6 commentaires

  1. San Kukai

    Quelles auraient été les réactions face aux scénarios suivants :

    Discours de François Hollande aux Cardinaux catholiques
    « On peut se féliciter que l’Église catholique redécouvre des propositions faites par la République française, qui offrent une certaine vision de la personne et de sa dignité en vue du bien commun. »

    Discours du Guide suprême des Frères musulmans aux Parlementaires français
    « On peut se féliciter que la société française redécouvre des propositions faites par l’Islam, qui offrent une certaine vision de la personne et de sa dignité en vue du bien commun. »

    Réponse Roue libre : je ne comprends pas… mais ma réaction est la même quelle que soit la personne qui place la religion dans le champ politique ou qui fait de la politique avec des principes religieux !

  2. Eric Batistin

    Nous vivons sous le règne des « maitres à penser ».
    Chacun y va de sa rhétorique, à la mode théologique, libérale ou les deux, ou encore écologique.
    C’est l’avènement et la consécration du beau discours, en lieu et place de la réalisation simple, car, au fond, rien, absolument rien ne change.

    L’emploi des mots est soumis aux recettes particulières:

    _ »Mariage » à la place d’union civile », ce qui complique la compréhension des choses, personne n’ayant que je sache obligé monsieur le curé François à marier autre chose que des animaux humains sexuellement différentiables

    _ « Mondialisation » à la place de libération du marché de la finance, ce qui n’a pas grand chose à voir avec « partage entre frères humains »

    _ »Ecologie », ce qui est à ne pas confondre avec « environnementalisme », surtout quand les emballages des denrées alimentaires augmentent proportionnellement avec le nombre d’usines de recyclage des produits plastiques

    _ »Humaniste » étant devenu la définition admise de « philosophe de salon »

    _ »Enfance » veut dire « futur clientèle »

    _ »Passion » employée pour addiction aux produits de nouvelles technologies

    _ »Amour » vanté lors d’une collecte nationale pour les maladies orphelines oubliées par les laboratoires privés

    _ »Travail » est un mot employé en insulte pour préciser le niveau social fort bas auquel on appartient

    _ »Espoir » est la définition amusante de mode de fonctionnement des idiots de village

    _ »Agriculture » définit la prise de pouvoir violente des multinationales par l’application éhontée de brevets sur le vivant

    _ »Guerre » pour signifier comme les chipolatas au grill de dimanche dernier, dans le jardin de belle-maman avaient tout de même un gout de Paradis

    et pour finir, car la liste est sans fin des mots n’ayant plus la liberté de leur propre sens

    _ »Pensée » spécifiant la capacité de citer de mémoire toutes les dépêches AFP de la journée

    De quoi en perdre son Latin.

  3. davidsudest

    Remettre en question la laïcité, ce serait une grande régression anthropologique, camarade Francois 1er; Accorder le mariage aux homos ne détruit pas la société qui l’accorde;
    Tu as la langue de bois pour exprimer ton conservatisme sur les moeurs. Tu invites quelques députés francais de doite qui combattent les hérétiques du mariage pour tous, mais….De toutes facons, ce que peuvent dire, toi et tes sous-papes plus personne n’en a rien à foutre en Europe, Francois, eh oui c’est ca la vérité; le catholicisme est en voie de disparition en France. Déjà occupe toi de toutes les casseroles que traÎne le Vatican; tu n’as aucune légitimité démocratique, au fait comment dit-on en latin « cause toujours tu m’intéresses » ? :-))

  4. San Kukai

    @Roue libre

    Désolé, je n’ai pas été suffisamment explicite. J’ai juste essayé de retourner la phrase du chef du Vatican en permutant certains mots. En d’autres termes :

    Qu’auraient dit les catholiques si, en vertu du principe de réciprocité, le Président de la République avait demandé devant une assemblée de cardinaux la prise en compte par le Vatican d’« une certaine vision de la personne et de sa dignité en vue du bien commun », selon nos valeurs républicaines ?

    De la même façon, qu’aurait-on entendu si une délégation de parlementaires français était allée voir le prédicateur sunnite Youssef Al-Qaradaoui et que celui-ci s’était prononcé sur l’abrogation de lois françaises selon les principes de l’islam ?

  5. J.J.

    …Et l’on oublie toujours de remettre en mémoire, aucun bémol, aucune réserve, à propos de la COLLUSION de ce pape nouvellement arrivé comme par miracle, avec LES TORTIONNAIRES DE L’ECOLE DE MECANIQUE DE LA MARINE ARGENTINE de sinistre mémoire, et sa COLLABORATION avec les COLONELS qui organisaient les vols de la mort…

    Humanisme, bonté, compassion, fraternité, mon c…., comme aurait déclaré avec élégance Zazie.

  6. Cubitus

    Le pape qui se mêle de mariage, c’est comme si un végétarien m’expliquait comment faire cuire mon steak.

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