Au fait qu'est-ce-que le "changement" ?

La réponse à un sondage repose le plus souvent sur une « impression », un « sentiment », une « répétition » de positions dominantes antérieurement ressassées par les médias, mais rarement sur une analyse objective, réfléchie, des situations. C’est ainsi, et les résultats servent souvent aux commanditaires à conforter l’objectif qu’ils avaient en demandant l’enquête d’opinion. D’ailleurs, il est très rare que l’on ne retrouve pas derrière la publication une arrière-pensée destinée soit à conforter la ligne éditoriale (sous-entendu : nous avons raison d’être ainsi!) antérieure. On voit mal Le Figaro commander une opération de ce genre si elle démontrait que la Gauche a conquis le cœur de son lectorat. Sur bien des sujets, les choix sont véritablement préétablis. On vous explique que Hollande est « impopulaire » ce qui permet inévitablement d’avoir des taux élevés dans les mesures des « instituts » commerciaux désireux de ne pas mécontenter leur clientèle ! Bien évidemment, cette approche est exactement la même quand le « payeur » est de gauche (mais c’est rare!) ou concerné politiquement par les questions posées. L’énorme déficit d’éducation citoyenne dont souffre la France renforce ces pratiques autour d’un nom et d’un « mot » issus du monde politique. En fait, les « consommateurs » sont conviés à apprécier un « produit » comme un autre et à donner leur appréciation sur l’emballage, la couleur, le parfum ou l’attirance. On en arrive de plus en plus à évaluer le rapport « qualité-prix » hors du contexte dans lequel il évolue.
C’est ainsi qu’une majorité large et croissante de Français – 73 %, + 2 points en un mois – ne perçoit pas de « changement » depuis l’élection de François Hollande, qui perd un point de satisfaction par rapport à avril, dans le baromètre Clai-Metro-LCI (tiens donc) réalisé par OpinionWay (toujours eux!) . Alors que les Français étaient 67 % en mars et 71 % en avril à estimer que depuis la victoire du candidat socialiste à l’Élysée il y a un an, « les choses ne changent pas », ils sont 73 % en mai. 26 % (- 3) sont d’un avis contraire et 1 % ne se prononcent pas. Quand on réfléchit un tant soit peu, tout repose sur une question préalable : « qu’est-ce que le changement ? Comment l’évalue-t-on sur 11 mois ? Quelle est la définition du changement en politique ? Pour ma part, j’avoue humblement que depuis un an j’ai le sentiment qu’il n’y a pas eu un changement mais des changements indiscutables qui peuvent me satisfaire partiellement, totalement ou nullement, mais ils existent bel et bien.
D’abord, le premier changement c’est que je vois moins souvent (c’est encore à vérifier) le Président de la République courir dans tous les coins, confondre agitation et efficacité , affirmer tout et son contraire et plus encore écraser tout le monde de sa supériorité méprisante, ignorer les principes démocratiques … On peut bien évidemment reprocher ce que l’on veut à Hollande, mais pas de se comporter de cette manière ! Lors d’une discussion personnelle avec un officier de l’Élysée ayant « servi » les 3 derniers présidents, il convenait lui-même que l’occupant actuel du fauteuil présidentiel était à l’opposé de son prédécesseur et presque trop proche des gens ! Il n’est pas certain que les sondés pensent ainsi puisque ce qui peut être une qualité se transforme en aspect négatif dans un pays encore imprégné des notions de pouvoir absolu à la Mitterrand ou à la de Gaulle !
Le « changement » c’est quoi alors ? Surtout pas la politique, puisque toutes les femmes et les hommes politiques ont été patiemment discrédités par des cas particuliers transformés en généralités accablantes.
Les sondages le confirment : toutes les cotes de popularité sont en baisse, mais on ne focalise que sur celle du Président. Les leaders de l’opposition : Alain Juppé est premier dans ce tableau, à 43 % (- 3), suivi du député UMP François Fillon (40 %, – 1) et de l’UDI Jean-Louis Borloo (37 %, – 2) poursuivent une glissade parallèle. On ne parle même plus de Copé, de Morizet, de Lemaire ou de Bayrou, qui n’existent pas ou très peu dans les appréciations sondagières. La confiance en eux est également affectée par cette crise profonde dans la capacité des politiques à changer le cours des événements imposés par un contexte européen ou mondial. Hollande paye la tourmente dans laquelle sont plongés depuis 3 ou 4 ans les « politiques » de premier plan, à la suite des erreurs dévastatrices commises par certaines individualités. Tout en haut, il sert d’exutoire à tout le monde !
Après la crise financière, la crise économique, la crise sociale, on aborde la « crise globale de confiance » pire que toutes les autres ! Et pour tous les élus passés devant le scrutin uninominal local : celui qui représente l’autorité, qui prend position, qui agit, est beaucoup plus sanctionné que celui qui ne s’expose jamais et ne décide de rien ! Peu importe ce qu’il fait ou dit ! L’addition est pour lui !

Cet article a 2 commentaires

  1. batistin

    Dans la Marine, il est de bon ton de ne pas pêcher par omission.
    Ainsi, lorsque le capitaine demande dans une forte colère
    « Mais qui est le maître à bord ? »
    il est alors fortement conseillé de répondre deux choses, une pour la gloire et l’autre pour la survie:
    « Vous chef … Et le bateau ! »

    Ce qui sous-entend, vous l’aurez compris, que sans capitaine, pas de matelots, sans matelots, pas de capitaine, mais surtout, surtout, sans bateau, plus personne !

    Voici le secret d’une bonne équipe, quand tout le monde prend soin de l’outil de travail, quand le respect mutuel des taches de chacun est chose admise, quand le dernier des moussaillons tient entre ses mains la vie de tout l’équipage.
    En effet, autrefois, ce que nous appelons un « ciré » contre la pluie, était tout bonnement de la toile, du tissu, enduit avec grand soin de graisse par les moussaillons de bord qui avaient comme charge l’entretien des tous les « cirés » du bord.
    Ce qui leur conférait finalement une importance équivalente à celle du capitaine en charge de trouver le bon cap.

    Voici pourquoi la phrase de Kennedy « Ne demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, demande ce que tu peux faire pour ton pays » n’évoque en moi aucune connotation partisane.

    Il ne s’agit que de ne pas mourir de froid dans un ciré mal graissé,
    il ne s’agit que de ne pas couler emportés par des chamailleries.
    Il n’y a de bon bateau que par la force du respect mutuel.

  2. J.J.

    Au fait, qui paye les sondages depuis que ce n’est plus l’Elysée ?

    Bizarre, vous avez dit bizarre ?

Laisser un commentaire