Étrange contraste que celui qui s’empare tout à coup du milieu médiatico-politique. Les connivences deviennent de plus en plus évidentes puisque aucune information sur le sujet de la fameuse « moralisation » de la vie sociale n’est neutre. En fait, en se présentant comme les chevaliers blancs de l’intégrité, alors qu’ils ne font que reprendre des éléments que leurs collègues sont allé dénicher par un travail acharné et soutenu, les commentateurs de l’actualité toute faite se drapent dans une dignité collective qui leur va bien mal. Le vrai problème, c’est que l’accusation va sans cesse dans le même sens… puisque toute mise en cause des professionnels est impossible par les politiques non dotés du droit d’enquête. Il y a pourtant eu dans le passé et il pourrait y avoir bien des éléments angoissants sur le fonctionnement d’un milieu médiatique loin d’être au-dessus de tout soupçon. La différence essentielle repose sur les situations respectives : un journal au sens large peut s’offrir un politique et il en sortira grandi, alors que l’inverse est totalement impossible.
Par qui sont en effet sanctionnés les manquements à la déontologie professionnelle des « informateurs » objectifs ? Qui réclame la publication des patrimoines des grands donneurs de leçons que sont les éditorialistes commentateurs des plateaux « repas » (il faut bien manger!) des télévisions ? Comment sont financés les médias et sont-ils soumis à des pressions des porteurs de carnets de chèques leur permettant de survivre ? Qui a vraiment enquêté sur le fonctionnement interne d’une rédaction et sur les ordres donnés par des hiérarchies aux ordres ? A-t-on vu un journal dénoncer les manquements graves d’un autre journal ou d’une chaîne de télévision ?
En fait, depuis quelques années, on fabrique souvent l’information que souhaite le grand public, comme ces restaurants qui achètent des plats « industrialisés » tout prêts! Mettre du sang (beaucoup de sang!) des larmes (de crocodiles) et beaucoup d’approximations au menu garantit un courant de sympathie et donc un Audimat supérieur à celui des autres. Les ingrédients sont les mêmes d’un support à l’autre, mais chacun les pimente à sa façon afin de ne pas être accusé de plagiat, ou de perdre la dynamique créée par une télévision ou un magazine de renom. Mieux, il arrive que le changement de recette soit totalement artificiel, afin que le « résultat » paraisse meilleur que le concurrent dont on n’est même pas certain de la qualité…des produits. On tente le tout pour le tout pour sauver ce qui peut l’être encore, avec des scoops éventés souvent obtenus par la délation de gens bien intentionnés qui ne veulent aucun bien à celui qu’ils dénoncent en secret. Dans le film « le promeneur du champ de Mars », dont les dialogues ont une actualité brûlante, Mitterrand dit que « l’on n’assassine plus maintenant dans les corridors comme pour le Duc de Guise ! ». Le processus est beaucoup plus sophistiqué mais tout aussi efficace, et il nécessite moins de courage. On continue à tuer ses adversaires et plus encore ses « amis » grâce à la complicité de porteurs de plumes, de micros ou de caméras cachées.
Comment, par exemple, un quotidien comme « Libération » pouvait-il rester à la remorque de Médiapart ? Inimaginable. Insupportable. C’est une question de standing, et donc on y est gaîment allé avec une rumeur (qui sera ou ne sera pas confirmée…). Elle a été démultipliée et reprise en boucle comme une rumeur « condamnée » ou au moins critiquée par les autres médias, mais en étant inlassablement ressassée durant 36 heures, elle a allumé un feu dont on sait que la fumée est toxique pour l’opinion dominante déjà convaincue. Au cas où se serait vrai, il vaut mieux pour Libération avoir une longueur d’avance sur Médiapart…et donc balancer le « bébé vérité » avec l’eau sale du bain ! Peu importe, personne n’en tiendra rigueur, car demain une autre polémique chassera les manquements.
Le journalisme selon Serge Dassault, financeur du Figaro est en effet assez simple : « dites ce que je veux entendre, écrivez ce que je ne peux pas écrire et diffusez ce qui justifie les motifs de mon financement ». Il a été rejoint par Bernard Tapie… Condamné en Belgique pour « corruption », en instance de l’être pour « achat de votes », le premier nommé va garantir l’indépendance des enquêteurs de son journal. Quant au second, personne ne peut douter de sa volonté de garantir des infos sur sa situation fiscale ancienne et passée. Les enquêtes en cours sur la « gloire » du FMI, ou sur les protections élyséennes, bénéficieront d’un traitement particulier. La démocratie en sortira grandie et la morale aussi. Le grand déballage actuel ne doit pas concerner seulement le secteur de la politique avec une chasse aux sorcières instrumentalisée par des gens loin d’être au-dessus dd tout soupçon. A-t-on cloué au pilori tous les possesseurs d’une carte de journaliste quand Poivre d’Arvor avait honteusement triché ? En janvier 1996, il est condamné en appel dans le procès Michel Noir-Pierre Botton (pas des socialistes!) pour recel d’abus de biens sociaux à 15 mois de prison avec sursis et 200 000 francs d’amende. Dans le livre Confession, mon ami Serge Raffy affirme qu’un an plus tard, « sans qu’on en trouve le moindre écho dans la presse, cette peine sera effacée de son casier judiciaire par une cour lyonnaise composée de trois magistrats » dont l’un d’entre eux avait jugé PPDA. Il était alors journaliste au sommet de sa notoriété, et depuis, il y en a eu tellement d’autres… Lui a-t-on demandé de publier son patrimoine ?
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J ‘ai lu 2 fois << les étalages de la morale "pour bien imprimer . c'est tellement remplie d'exemples immorales " magouilles en tous genres ""de vraies caméras cachées pour le coup qui arrangent chacun tour à tour et qui laissent pour la lectrice assidue que je suis , un profond dégoût et l'envie de vomir devant tous ces donneurs de leçons ou tous ces chiens affamées avide de lapidation quand ce n'est pas dans leur Camp.
Quelle idée que cette mise au jour des biens des hommes politiques ? Pourquoi eux?Quel rapport entre leur patrimoine et leur mission (sauf bien sûr pour ceux qui s’engagent et se maintiennent coûte que coûte pour le préserver) ? Mettre ce patrimoine sur la voie publique, c’est nous entraîner, vers le voyeurisme, vers une pente qui n’est pas celle de l’honnêteté recherchée, c’est nous salir (j’exagère un peu !). Les tricheurs seront les tricheurs. Qui voudra s’engager dans le combat politique au prix de déballages de tous ordres ? Les médiocres et les ambitieux !
La confiance serait-elle totalement perdue? Confiance en la parole donnée. Peut-on organiser une société sans confiance? Oui sous une dictature.
Le problème, c’est l’enrichissement hors la loi ou celui de ceux qui savent si bien profiter de la loi pour la détourner à leur avantage. Du coup, regardons du côté des conflits d’intérêt, des « passe droits copinage ». A quand le non cumul des mandats ? Quand enfin reparaîtront à la une des média d’autres sujets avant que l’écoeurement se généralise encore + ?
Il y a plein de généreux, Qui pense aux jeunes, à l’élan de la jeunesse ? Vivement que soient mis en avant ceux trouvent, donnent d’autres orientations que ce remue ménage peu ragoûtant.
M-C
Libé a fait très fort : ils lâchent une supposition sur un homme politique en vue, basée sur une rumeur projet d’enquête de Médiapart qui le dément concernant un hypothétique dépôt dans un paradis fiscal. Pas le moindre élément de démonstration, pas le moindre fait à relater, pas le moindre début de suspicion de quoi que ce soit. Bref, si ma tante en avait…Vraiment du journalisme d’investigation à la petite semaine qui se contente de reprendre les infos attribuées à tort à un de leurs confrères sans même avoir pris la peine de les vérifier.
Voilà comment se fait l’information aujourd’hui, des ragots, des rumeurs, des ouï-dires.
Mais dans l’opinion des masses qui oublient de réfléchir par eux mêmes, masses partisanes ou abruties, ce qui n’est, il faut bien le dire, qu’une vulgaire élucubration de journaleux en mal de sensationnel devient une certitude. Fabius est fortuné, il est forcément suspect, c’est un homme politique, il est forcément malhonnête, il est de gauche (du moins il s’en revendique), il est coupable.
Lorsque de Gaulle disait que les Français étaient des veaux, il ne croyait sans doute pas si bien dire.
Je précise que je n’ai aucune sympathie particulière pour Fabius dont le nom restera toujours, pour moi, lié au scandale du sang contaminé. Je ne sais si cette rumeur est fondée ou pas, mais quand je vois de telles absurdités, une telle légèreté venant de la part de l’un des plus grands quotidiens nationauxl et comment il collecte l’information, je trouve ses insinuations révoltantes et je m’interroge sérieusement sur sa compétence et sur sa crédibilité. C’est même pas du copié-collé, c’est de la pure supputation spéculative.
La morale ? c’est tout simplement publier son patrimoine pour montrer qu’on est plus blanc qu’un « cierge de pâques »…
On se croirait dans un jeu de télé réalité…
Bonjour,
parfois les PPDA en herbe se font mordre cruellement par la justice.
Dans son jugement le 5 avril, le tribunal correctionnel de Valence avait condamné le collectionneur de 43 ans, originaire de Pierrelatte (Drôme), à six mois de prison avec sursis et 3000 euros d’amende, dont 2000 avec sursis pour importation de serpents dangereux, contrevenant à la législation française. Mais, fait inédit, il avait également infligé trois mois d’interdiction d’exercer au journaliste, pour s’être rendu complice de l’importation des deux espèces interdites trouvées au domicile du collectionneur : une vipère du Gabon et un black mamba, deux serpents parmi les plus venimeux.
Mais pour l’avocate du journaliste, Fanny Colin, la condamnation de son client « est complètement disproportionnée. C’est comme si on lui collait trois mois ferme de prison » (sic!).
La morale est sauve … Non ?
Hier soir aux infos de la « 2 »,Pujadas interviouvait Jean Luc Mélanchon.
– Etes vous prêt à déclarer votre patrimoine ?
– Bien sûr, je l’ai bien fait 10 fois, je peux bien le refaire une onzième, ça ne me pose pas de problème.
– Mais, là, tout de suite, êtes vous prêt à le faire ?
Après cette question que j’ai jugée un peu provocante, la discussion s’est perdue dans des arguties jusqu’à ce que J. L.Mélanchon demande :
– Mais vous, monsieur Pujadas, êtes vous prêt à le déclarer, votre patrimoine ?
J’ai senti que chacun avait mis du sien pour que l’entretien ne dégénère pas, car il me semble que monsieur Pujadas, qui a esquivé la question, n’était plus très à son aise….
Et Mélanchon de conclure :
– Pourquoi seuls les hommes politiques devraient-ils faire preuve de leur honnêteté ?
La presse et les journalistes sont-ils au dessus de tout soupçon ? (je rapporte de mémoire en gros et à la hache, je n’ai pas noté les propos exacts).