Le temps est vraiment venu de changer d'air en pédalant

La France vend chaque année plus de vélos que de voitures. Avec 3,2 millions de cycles vendus en 2011, elle se place au troisième rang des pays consommateurs de vélos dans le monde, après l’Allemagne et le Royaume-Uni. Pour autant, le marché français du cycle est dans une situation paradoxale avec une consommation élevée et une pratique faible au regard d’autres pays, même si elle progresse aujourd’hui, s’agissant du vélo mode de déplacement, dans beaucoup d’agglomérations. Le prix de vente reste également faible par rapport à un pays comme l’Allemagne.
La Rencontre du 4 avril, à l’assemblée nationale, des Parlementaires membres du club pour le vélo, permettra de mieux connaître les fabricants et équipementiers du cycle français, le marché, l’évolution des produits et de la demande, du particulier aux entreprises et aux collectivités locales, l’actualité d’une activité industrielle et commerciale qui regroupe aujourd’hui 12 000 emplois en France. Ce sera l’occasion de s’intéresser, pour les plus motivés d’entre eux, au fameux « made in France » dont nous aurions tant besoin pour donner un peu d’espoir aux millions de chômeurs qui se désespèrent. Même sans être « nationaliste », il faudra un jour ou l’autre considérer que, si la mondialisation à son intérêt, elle constitue un véritable problème pour des filières industrielles européennes. Durant des années, le vélo a été par exemple un fleuron de la France. Aux côtés du Tour qui mobilisait les foules, il y avait la place pour un tas de marques originales, aux noms évocateurs qui attiraient les adeptes de la « bécane ».
Alcyon, Lapierre, Terrot, Manufrance, Gitane, Mercier… autant de noms qui fleurent bon les images sépia des « Miroir Sprint » ou celles en noir et blanc des photos de l’enfance. Désormais, ils ont été oubliés, mais la vente de bicyclettes n’a jamais été aussi florissante. Il est donc indispensable de maintenir une filière pour fournir aux cyclistes sportifs, avec 2 ou 3 000 euros, une « monture » digne de leurs exploits. Le dernier vélo de Look coûte entre 3700 et 6500 euros selon l’équipement. Certains vélos de route du peloton tournent autour de 10.000 euros et ceux de contre-la-montre sont encore plus chers. En fait, c’est devenu, pour certains passionnés, un produit de grand luxe dont on juge la qualité au poids ou au matériau ! Le CNPC, Conseil national des professions du cycle, qui réunit les acteurs professionnels du cycle en France sera présent à la rencontre que je présiderai avec Denis Baupin à l’Assemblée nationale, en tant que Président du Club des villes et territoires cyclables. Les constructeurs de cycles, d’équipements et accessoires pour cycles, les distributeurs de cycles, de composants et d’équipements de cycles, sous leur marque ou dans le cadre de la concession d’une marque internationale pour le territoire français, les fédérations de réseaux de distribution, les organismes de formation vélo et laboratoires d’essai seront présents pour ce qui devient une véritable filière ayant besoin d’un coup de pouce ! Il est vrai qu’en France, pays de la « bagnole » triomphante, il est difficile pour d’autres industries liées au déplacement de survivre. Des aides de toutes sortes ont été inventées pour soutenir Renault, Peugeot, Citroën, pour finalement profiter aux importateurs étrangers au nom de la « concurrence libre et non faussée ».
Les différentes pratiques du vélo mériteraient un signe fort du gouvernement, à cours d’initiatives pour défendre le « made in France ». Outil de déplacement citoyen car il ne pollue pas, permet d’économiser des produits pétroliers, favorise une meilleure santé, n’occupe pas un espace public coûteux, il mériterait un signe politique fort. Au cours de la décennie écoulée, méprisées et surtout méconnues, les entreprises françaises sont passées à travers des gouttes grâce à leurs laboratoires performants et à la recherche de matériaux nouveaux. Les pays asiatiques pédalent jusqu’aux portes de l’Europe et de la France et veulent absolument inonder le marché qu’ils savent prometteur en raison des inévitables évolutions sociales. D’autre part, aucun soutien de l’État n’est accordé à la filière du vélo à assistance électrique, alors que l’automobile a bénéficié de multiples avantages notamment financiers. Le temps est venu de changer d’air !

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Cet article a 3 commentaires

  1. david

    moi je me sers quotidiennement de mon vélo pour aller au travail et pour mes activités bénévoles. Et je suis toujours bien minoritaire. C’est toujours ça de co2 qui ne sera pas rejeté dans l’atmosphère, c’est bon pour la santé et cerise sur le gâteau : j’ai acheté mon vélo d’occasion. Si ça peut contribuer à ne pas favoriser leur « croissance » de merde, eh bien j’en suis fier. Dommage à ce propos que le système de location de vélos de ma ville est très très décevant car absolument pas fiable, toujours émaillé de problème, car si ça fonctionnait, ce serait génial.
    Vive les vélos produits en Europe, à mort le mensonge de la ridicule « concurrence libre et non faussée » car il n’y a jamais cette situation idyllique en pratique. Si les asiatiques sont concurrentiels c’est bien parce qu’à un moment du processus il y a un doping social et/ou environnemental. Mais c’est ça le libre-échange : pas de prise en compte pour le social pas de préoccupation pour l’écologie, bref c’est l’ignorance des coûts cachés et le court termisme.

  2. J.J.

    Bien des villes avaient leur constructeur de vélo, petites industries florissantes et génératrices d’emplois.
    A l’époque notre prof de géo, malgré sa corpulence respectable et malgré les côtes sévères (certaines à 12%) ne se déplaçait que sur son « cyclo », de la marque locale « Royal Codrix », que nous avions surnommée irrespectueusement « Royal Ferraille ».
    Mais je vous parle d’un temps….

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