Les vapeurs de l'alcool dissimulent la triste réalité !

alcool-bar_376Ce matin, comme c’est le cas depuis 30 ans, distribution de « Créon hebdo » dans les commerces de proximité du centre ville. Une tournée qui est décalée au samedi matin, car j’ai de plus en plus rarement le temps de le faire le vendredi soir… mais qui demeure un formidable moment de prise de contact avec la réalité. Elle permet à travers les rencontres, les échanges et les observations, de mesurer, d’une semaine à l’autre, la réalité de la vie. La désillusion s’accroît, une certaine angoisse monte et le pessimisme plombe l’ambiance… Atmosphère ? Atmosphère ? Créon a bel et bien une gueule d’atmosphère car, qu’on le veuille ou non, les stigmates d’une société en déshérence sont perceptibles dans beaucoup de détails : automobiles abandonnées sur des espaces de stationnement pourtant interdits et gênants pour le marché, bouteilles vides posés sur le mobilier urbain, destructions diverses des massifs floraux, misère désormais présente dans le quotidien d’une petite ville… Le café, dans le bar, n’a plus le même goût et ouvrir le journal n’a plus rien de réjouissant. La déformation sociale est telle que le « négatif » est perceptible partout et que toutes les conversations se concentrent sur les événements désastreux d’un monde de violence, de tricheries, de malversations, d’échecs, de faits subalternes. C’est ainsi, et sous les couverts de la Place de la Prévôté, le contexte n’est plus le même pour moi qui l’effectue avec une certaine appréhension.
Ce matin, en quelques minutes, j’apprends que la sculpture de la « cagouille créonnaise », qui symbolisait la création de la « commune libre » du quartier de la Gare il y a soixante ans, a été mutilée par quelques noctambules désœuvrés, et au bout de quelques mètres, je croise la route d’un jeune errant, paumé mais ivre, qui est arrivé là par on ne sait quel moyen. Créon ne parlera bientôt que de ça, car la vox populi fera inévitablement un rapport de causes à effets. Et elle n’aura pas tort, tellement la situation empire de jour en jour. 400 000 hospitalisations en un an liées à l’alcool ont en effet été constatées par les statisticiens des urgences, soit un bond de 30% en trois ans. La triste réalité, que personne ne veut voir et dont personne ne veut se préoccuper dans une société bien pensante, qui se penche sur des problèmes marginaux, mais qui oublie l’essentiel de ses défauts pour se donner bonne conscience. Ce sont les chiffres alarmants d’un rapport de la Société française d’alcoologie. Comas éthyliques, hépatites, cirrhoses, mais aussi troubles psychiques dus à l’addiction, les causes sont malheureusement nombreuses et présentes dans le quotidien des familles et des jeunes. On est loin, très loin de l’absurdité des contrôles d’alcoolémie au volant, car le pourcentage des « cas » avérés n’a rien à voir avec la réalité des situations, surtout chez les adolescent(e)s sur lesquels aucun dépistage n’est possible puisqu’ils ne mettent en danger que leur propre vie !  Le rapport révèle, par exemple, que les séjours à l’hôpital liés à l’alcool sont deux fois plus nombreux que ceux causés par le diabète ou les maladies cardiovasculaires. L’alcool est devenu la première cause d’hospitalisation en France. Plus grave encore, les séjours courts de moins de deux jours, qui concernent généralement des personnes qui ne sont pas encore alcooliques mais qui sont sur le point de basculer, ont progressé de 80%. Et que l’on ne me raconte pas les conneries habituelles : ils ne sont pas ivres morts après avoir bu lors d’un repas du vin de Bordeaux millésimé ! Ces courts séjours concerneraient de plus en plus les jeunes et les femmes. 
« On voit de plus en plus de jeunes qui se présentent aux urgences très fortement alcoolisés, qui vont rester 24 heures, parfois deux jours, pour dégriser », constate le médecin gastro-entérologue au CHR d’Orléans. On les trouve aussi dans les services de réanimation. Avec « des conséquences déjà très graves sur la santé, au niveau du pancréas ou foie. Des cirrhoses qu’on ne voyait pas à l’âge de 25 ans, mais beaucoup plus tard ». Le phénomène de la fin de semaine (vendredi soir surtout!) envahit les plus petites villes sous l’œil impuissant et désabusé des « autorités » de tous poils qui prétendent que le liberté individuelle permet tous les excès de ce type, pourvu que l’on ne monte pas dans ou sur un véhicule motorisé ! L’ivresse sur la voie publique n’est qu’un concept désuet par rapport au trafic de drogue que les âmes sensibles inventent devant tous les collèges ou les lycées !
La consommation d’alcool aurait provoqué la mort de 49 000 personnes en France en 2009. Soit 9 % de l’ensemble des décès. De plus, les auteurs de l’étude précisent que la fraction des décès attribuables à l’alcool était plus importante chez les personnes jeunes et d’âge moyen (22% des décès chez les 15-34 ans et 18% chez les 35-64 ans) que chez les plus âgés (7% chez les 65 ans et plus). Conclusion: 1 décès sur 5 chez les jeunes est lié à l’alcool.
Sous les arcades, mon poivrot me suit et me poursuit. Il apprend que je suis le Maire et donc, forcément, il est étonné de constater que je ne le repousse pas. L’étrange duo que je forme avec lui intrigue ou dérange. Je presse le pas pour arriver à la mairie où il abandonne le dialogue, n’osant pas entrer. En fin de matinée, j’irai assister à la présentation d’un extrait d’un film documentaire en préparation : « Une campagne d’avance » qui analyse un festival fait par les jeunes pour toutes celles et tous ceux qui sont ou sont restés jeunes. Une merveille ! Un instant privilégié ! Enfin un bol d’oxygène revigorant… dont personne ne parlera sous les arcades ! Au fait, combien rapportent les taxes sur les alcools forts ? Alors, un documentaire qui ne parle ni des lions, de girafes, de baleines, de l’autre bout du monde, des beaux paysages , de cul ou de pognon, on s’en fout!

Cet article a 2 commentaires

  1. david

    Les lions et les girafes sont de plus en plus menacés et s’acheminent tristement sur la liste rouge de l’union Internationale de la Conservation de la Nature comme victimes de la destruction de leurs biotopes, comme les amphibiens, les 36 autres félins sauvages, les canidés sauvages, les oiseaux, les requins, les lémuriens, les singes, les…mais là non seulement on s’en fout aussi mais on continue nous les Européens à importer des produits issus de la mise en coup réglée des forêts primaires. D’ici 2020, plus d’ourangs outans ni de tigres à cause de la destruction des forêts pluvieuses d’Indonésie. Les médias préfèrent parler longuement de Cahuzac et de Sarkozy, c’est toujours ça de blabla et d’agitation de petits journalistes sans envergure, pourvu que tout continue sinon de quoi vont parler Barbier ou Joffrin ?

  2. Christian Coulais

    Une campagne d’avance….un avant-goût très prometteur d’un film qui retrace, avec la participation de tous les acteurs locaux, bénévoles, élus, artistes, public, l’évolution et l’ancrage au coeur de la Cité d’une manifestation jubilatoire, Le Festin, qui brasse dans les Arts et la Culture pour tous, les générations avec joie et bonne humeur.
    Au Max Linder, la salle n’était pas comble, le cercle des participants, amis et autres acolytes.
    Mais les ados et pré-ados que le sujet concerne ou même les détracteurs que le sujet agace, n’étaient pas là !

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