Vivement la fin du prêt à porter idéologique !

La facilité consiste à se glisser dans du prêt à porter idéologique qui évite de s’échiner à se construire après analyse, méthode et patience son propre costume pour affronter la réalité du regard des autres. Dans le premier cas, en plus, on est certain de ne pas se louper et donc on assure son « look »pour un prix à payer convenable. Et pourtant… Par exemple, depuis que j’assume la tâche modeste de vice-président au budget et aux finances du conseil général de la Gironde, après 3 années de formation auprès de mon prédécesseur, j’ai pris conscience que les « idées toutes faites » sont les plus dangereuses. Surtout quand on doit, d’une manière ou d’une autre, porter au total de ses fonctions bénévoles ou indemnisées de manière directe, plus de 2 milliards d’euros (ce n’est pas une erreur!). Vu de loin, il suffit d’aboyer avec la meute pour affoler le bon peuple. Trop d’impôts, trop de coupes budgétaires forcément injustes, trop de laisser-aller dans la gestion quotidienne, trop de mansuétude à l’égard des banques (les banquiers ça n’existe pas!), trop de passivité face aux mesures gouvernementales, trop de dureté dans les discours… Bref, rien ne saurait convenir à celles et ceux qui abordent les finances locales avec les poncifs portés par les faibles d’esprit. Par exemple, quand on parle de la dette et des emprunts, les critiques sont toujours les mêmes, et elles deviennent agaçantes, car malgré toutes les explications elles reviennent en boucle.
D’abord, il existe une confusion terrible entre deux dettes totalement différentes : celle des ménages, de l’État qui consiste à emprunter pour faire face à des dépenses de fonctionnement non pérennes (eau, gaz, électricité, réparations, loyers, carburants, véhicules… ou remboursements d’une dette!), et l’autre qui correspond à des investissements d’intérêt collectif tant pour une collectivité que pour une famille (infrastructures, bâtiments, achats fonciers…) pour finir par constituer un patrimoine ! Rares sont les contribuables rouspéteurs, exigeants, râleurs mesurent la différence, et surtout la dangerosité de l’évaporation des milliards d’une dette ne servant qu’à boucler les fins de mois et qui conduit inexorablement au surendettement ! Qui sait que tous les enseignants, les juges, les policiers, les employés des Préfectures ou des services de l’État sont rémunérés dès le début octobre par le renouvellement des emprunts ! On peut discourir sur toutes les estrades, sur tous les plateaux de télévision, devant tous les pupitres, cela ne changera rien à cette réalité : la dette de fonctionnement prend une tournure catastrophique si elle n’est pas jugulée. L’État fait de la « cavalerie » légale, car c’est lui qui se fixe les règles, alors que c’est totalement impossible pour une commune, un conseil général ou une région ! Mais qui le sait, qui le comprend, qui l’admet ?
Par ailleurs, les relations avec les banques sont immédiatement suspectes… par référence à quelques imprudences lourdes commises par des élus ayant cherché, bien que majoritairement de gauche et même d’extrême gauche, le risque qui leur permettrait d’expliquer que l’on allait obtenir des taux « avantageux », ce qui les dédouanait apparemment de « liaisons réputées dangereuses » avec les financiers ! Facile, trop facile, dérisoirement facile de déclamer des propos généraux moralisateurs quand il est indispensable de trouver les fonds nécessaire pour maintenir l’investissement et donc l’emploi de proximité dont, par ailleurs, on défend dans la rue le maintien !
La vérité, s’il y en a une, c’est de se prémunir contre l’esclavage financier en trouvant tous les outils dont on dispose dans la société présente pour ne pas dépendre des… banquiers. Il faut absolument, dès que l’on peut, les prendre à leur propre jeu, ce que ne peut pas faire l’État, car il n’a plus les moyens de choisir. Il guette ce que l’on veut bien lui proposer ! Diversifier sa dette devient un luxe que les collectivités (mais malheureusement pas les entreprises!) ont encore en mains si elles le veulent. Les prêts classiques ou bonifiés (taux fixe d’une durée conforme à la durabilité de l’investissement), l’accès au marché obligataire, et désormais une autre piste, le recours…à l’épargne de proximité, plus fiable, plus utile dans l’investissement créateur d’emploi que dans les coffre-forts des banques ou replacée dans des opérations hasardeuses ou fatales ! La croissance supposera une volonté collective de sortir des sentiers battus et de toutes, le prêt à porter idéologique. Cela suppose une révolution culturelle pour les politiques et les citoyens : aux premiers de créer un environnement favorable et de reconnaître le rapport de causalité entre le niveau du risque pris par les investisseurs et leur juste rémunération; aux seconds de retrouver un attrait pour leurs entreprises. Les collectivités territoriales, dans cette optique, doivent absolument donner l’exemple, et l’erreur du gouvernement actuel, c’est de ne pas l’avoir compris ! Il fallait revoir, par exemple, le niveau de remboursement de la TVA pour celles qui créent, avancent, agissent, mais pas diminuer les dotations si elles servent à investir ! Même si c’est choquant à exprimer : la France est un pays riche de son épargne, et en particulier de son épargne financière (livret A, LDD et assurance-vie) mais c’est silence radio, car c’est tabou ! Le seul patrimoine financier (hors immobilier) des ménages est évalué à 3.800 milliards d’euros, dont 1.300 milliards pour l’assurance-vie. Celui de l’État (toujours hors immobilier) se chiffre à 850 milliards d’euros. Soit un total d’actifs pour la maison France (hors entreprises) de 4.650 milliards. Face à cela, la dette des ménages est de 1.300 milliards, dont les trois quarts de crédits immobiliers. Et celle de l’État de 1.600 milliards. Nous avons donc un solde largement positif. Cette épargne est bien loin d’un capitalisme obscur et incontrôlable. Elle est éthique et sociétale, pour autant qu’elle se pratique à travers des produits d’investissement simples et lisibles et des modalités de transaction compréhensibles par tous, dans un cadre clair. C’est un moyen de financer des investissements publics qu’il est inévitable d’explorer, surtout avec le système bancaire véritablement mutualiste ! L’indépendance repose sur le choix et surtout sur le détachement des postures caricaturales !

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Cet article a 2 commentaires

  1. FOURNY

    Tout a fait
    L emprunt est un outil de développement et pas forcément une tare il suffit de l utiliser a bon escient

  2. maillard

    La region auvergne a reussi a lever des fonds aupres de la population pour porter et soutenir des projets porteurs de richesses de developpement des territoires et d emplois. A regarder de plus pres.

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