Critiqué sur sa gauche, raillé sur sa droite, mal soutenu par son propre camp, désorienté par le manque total d’expérience de quelques-uns de ses membres, balloté par les évolutions monétaires le gouvernement de Ayrault doit chaque jour écoper les cales du navire France qui prend l’eau de toutes parts. Il lui faut en plus le faire à la petite cuillère pour ne pas affoler ou réveiller les passagers qui rêvent encore d’une croisière paisible vers des jours meilleurs. Ils n’imaginent pas, en effet, qu’à un moment ou à un autre il soit envisageable qu’ils soient contraints de gagner les canots de sauvetage qu’ils pensent réservés…aux autres ! La situation doit être extrêmement inconfortable, d’autant que durant 10 ans la gîte vers la droite a considérablement détruit le paquebot… mais comme tout le monde l’a oublié, il faut poursuivre le travail de redressement dans la douleur.
Le problème, c’est qu’à droite les solutions restent toujours les mêmes, avec un discours se contentant de ressasser que ce que fait l’équipage n’a aucun intérêt et ne servira à rien. Il n’y a aucune autre idée que celles qui sont portées dans des pays en proie à des crises encore plus fortes qu’en France. Au contraire, toutes les pseudos solutions proposées s’effondrent face aux réalités du libéralisme dont les dégâts deviennent visibles et affolants. L’UMP n’a en tête que le pseudo modèle allemand, dont on sait qu’il donne des signes de faiblesse de plus en plus évidents. On attendra les résultats des élections italiennes pour juger… de la réaction d’un peuple soumis à la récession après qu’on lui ait appliqué l’austérité. Mais le pire coup vient de venir de Londres, où le fringant Cameron portait encore les espoirs de ce monde du profit qu’avait, on l’oublie trop, illustré de manière fracassante une certaine Margaret Tatcher ! C’est, en effet, une grande première depuis mars 1978… Le Royaume-Uni vient de perdre son triple A auprès de Moody’s. L’agence de notation ramène ainsi le royaume de sa Gracieuse Majesté au niveau de bien des États européens, un vrai camouflet pour le prestigieux modèle financier britannique et la place financière londonienne… qui avaient l’arrogance facile. Ils étaient les modèles d’une gouvernance basée sur les prescriptions du FMI et ils tournaient le dos à une Europe continentale pervertie par l’interventionnisme d’État ! Les sourires narquois se sont brutalement figés.
L’Union européenne vient d’accréditer l’hypothèse d’un scénario de creusement de la dette publique britannique à 95,4% du PIB en 2013 (97,5% en 2014). Son déficit public est évalué à -7,4% du PIB 2013 (-6% en 2014), en ligne avec les estimations du FMI (-7,3% du PIB en 2013) et bien loin derrière la France (-3,7% de déficits publics). Dans ce contexte, le Royaume-Uni pourrait subir d’autres dégradations dans les prochains mois. En décembre 2012, Sandard and Poor’s avait prévenu… L’agence américaine pourrait priver le Royaume-Uni de son triple A, en cas de dégradation de ses performances… L’agence française Fitch, qui a une perspective ‘négative’ sur le pays, pourrait également revoir sa copie. Bref, il faut attendre avec attention les commentaires des caciques de l’UMP, et un peu plus de modération dans les avis de ceux qui prétendent que le gouvernement socialiste et Verts est dans une pure logique d’austérité. Au contraire, le gouvernement résiste à la pression internationale visant à maintenir le déficit à 3 % et recherche des solutions pour faire évoluer différemment les prévisions encore et toujours pessimistes de la Commission européenne. Cette dernière applique sempiternellement les mêmes recettes à des situations pourtant évolutives.
Il y a eu pourtant un très léger infléchissement des censeurs européens ultra-libéraux, que l’on peut considérer comme un germe de doute dans des esprits formatés.. Dans le même temps, la Commission devient beaucoup plus indulgente après ses décisions fracassantes antérieures, comme si désormais elles n’étaient plus applicables. Il n’est plus question de sanctions, comme cela est maintenant prévu dans les textes, en cas de dérapage budgétaire d’un État membre. Par ailleurs, le Commissaire européen aux Affaires économiques, n’exclut pas d’accorder à la France un délai supplémentaire, pour étaler son retour vers les fameux 3 % de déficit jusqu’en 2014. La Commission examinera cette possibilité au printemps, quand la France aura présenté… son programme de réformes pour les années à venir. La première serait que les Bleus interrompent la spirale défaitiste qui entraine l’opinion publique française en infligeant aux Anglais une baisse de leur évaluation sur les terrains de… rugby !
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Personne n’a oublié que la droite a géré la pays pendant dix ans. Mais la gauche profonde ne comprend pas ce gouvernement plus à l’aise avec les patrons – qui n’en ont jamais assez – qu’avec les salariés qui se font menacer puis casser la gueule par les hommes du ministre de la police qui se pause en vrai héritier de Jules Moch ou Gustav Noske, le pire de la social démocratie…