2012 : année des généralités faciles érigées en vérités

Les sociétés sont mouvantes et forcément en évolution constante. Elles le furent sous l’influence de concepts politiques généraux au cours des deux derniers siècles ou autour de valeurs nouvelles plaçant l’Homme au coeur des préoccupations. Ces mouvements profonds ont pris beaucoup de temps et surtout ont provoqué des « séismes » ravageurs. En fait, « millimètre par millimètre », « individu par individu »… les esprits se formatent pour donner ce que l’on appelle l’opinion dominante. Si, durant la première partie du XXème siècle, cette modification a été portée par le savoir, d’abord avec l’instruction publique puis ensuite par l’éducation populaire, elle n’appartient plus à ces deux domaines. L’évolution médiatique a totalement changé les critères car désormais ce sont les télévisions (et de moins en moins malheureusement la presse écrite) bientôt dépassées par internet, qui sculptent uns société approximative dans tous les domaines. Le « système » consiste simplement à donner partout et tout le temps ce que les publics captifs veulent entendre, voir ou imaginer ! En 2012, on aura franchi un échelon supplémentaire dans ce domaine avec un nouveau paramètre : la « répétition » en boucle de « vérités » préfabriquées. Sur les supports dits en « continu », on ressasse des infos brutes qui finissent par devenir des vérités générales alors qu’elles ne sont, très souvent, que des visions fragmentaires d’une société. L’importance de ces faits, parfois plus ou moins avérés, vient de leur « répétition » et pas nécessairement de leur impact sur la vie sociale collective. Cette tendance à la « généralisation » découlant d’un « élément » a pris une nouvelle dimension en 2012. Il est aisé, à partir d’une comportement, d’une décision, d’une impression, d’une révélation, de donner une vérité universelle et de nier ainsi de manière catastrophique la vérité des personnes.
« Les salariés », « les patrons », « les enseignants », « les policiers », « les juges », « les automobilistes », « les élus », « les députés », « les commerçants », « les viticulteurs », « les médecins », « les infirmières », « les curés », « les assistés », « les journalistes », « les Ministres », « les enfants », « les élèves », « les militants », « les malades », « les banquiers », « les impôts », « les arabes », … il faut absolument s’adresser à des masses et les stigmatiser collectivement puisque les médias sont réputée prendre en compte le plus grand nombre. C’est catastrophique pour une société qui est désormais envahie par des stéréotypes, relayés à l’envi sur les nouveaux supports Internet. Pour certaines catégories, on en arrive même à la limite du supportable.
Les élus « tous pourris », les enseignants « tous fainéants », les juges « tous indulgents », les policiers « tous racistes », les curés tous « pédophiles », les chômeurs tous « assistés », les journalistes tous « malhonnêtes », les députés tous « trop payés », les commerçants tous « voleurs », les viticulteurs « tous pauvres », les salariés » tous licentiables », les patrons « tous des voyous », les impôts « tous trop lourds », les arabes « tous terroristes » et les Français « tous des veaux »… On installe lentement dans l’opinion dominante des vérités faciles, des généralités rassurantes, des opinions toute faites découlant de présentations sommaires, faciles, et souvent erronées, de cas particuliers. Ce ne sont pas les exceptions qui sont marginales par rapport à la règle, mais désormais il faut s’habituer à ce que les règles découlent des exceptions !
Pas une heure en 2012 sans que ce constat ne soit illustré par un exemple concret. Il suffit de tendre l’oreille pour voir grimper cette nouvelle donne sociale. Les sondages, en mesurant de supposées positions « globales » majoritaires, entretiennent cet étrange sentiment que celui qui campe sur des valeurs, sur des principes, devient vite marginal et… coupable ! En politique c’est perdu. J’en sortirai avec un sentiment profond d’injustice car plus personne ne croit en la sincérité d’une position.
La crédibilité individuelle s’est encore effritée en 2012 de manière significative. On assiste à un véritable glissement vers une défiance de tout le monde à l’égard de tout le monde en une période où la solidarité devrait constituer la valeur prioritaire permanente, alors qu’elle ne s’exerce que dans le cas où on est en difficulté !
La France n’est devenue qu’un vaste billard ou des milliers de « boules » se disputent l’espace avec la complicité plus ou moins voyante des médias. Chacune est tour à tour, selon les aléas de l’actualité, poussée vers le trou noir des coins.

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Cet article a 2 commentaires

  1. facon jean françois

    Bonjour,
    Un bien triste constat que je regrette de partager avec vous.
    « Trop souvent nous nous contentons du confort de l’opinion sans faire l’effort de penser. » JF Kennedy.
    Je souhaite à nous tous pour 2013 de faire l’effort de penser et de ne plus avaler l’infâme brouet médiatique sans aucun doute(s) ni question(s).
    Bonne année à toutes et tous

  2. SANZ

    Votre énumération commençant par « Les élus « tous pourris », les enseignants « tous fainéants », les juges « tous indulgents », les policiers « tous racistes », les curés tous « pédophiles », les chômeurs (…) » etc m’a fait rire. C’est tellement grotesque et en même temps je partage avec vous ce sentiment détestable pour cette pseudo réalité répétée en boucle par les industries culturelles de masse.
    Mais si ça m’a fait rire (même jaune comme on dit), tout n’est pas perdu, n’est-ce pas ?
    Noëlle SANZ
    PS : en ce qui me concerne, la découverte suivie de vos écrits, Cher Elu, me permet de vous dire avec confiance que je crois en la sincérité de vos positions.

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