Les défilés avec pancartes préfabriquées destinées à stigmatiser le « mariage pour tous » ont été largement médiatisés et ce d’autant plus qu’ils ont incontestablement plus mobilisé que ceux qui défendaient le projet gouvernemental. C’est seulement un avant-goût, car il est incontestable que dans notre pays ont mobilise aisément « contre » mais jamais « pour ». C’est toujours la même procédure dans tous les domaines : on récupère tous les mécontents, sans lien réel entre eux, sauf qu’ils sont… « anti » quelque chose ! Sur le sujet du « mariage », on a vraiment l’impression d’une récupération manichéenne d’une évolution sociale inéluctable. A Créon, je célèbre quasiment toutes les cérémonies, durant lesquelles je lis les « droits et devoirs respectifs des époux. A près de 300 reprises, je me suis acquitté de cette démarche officielle de quelques minutes, dont la signification ne m’est jamais apparue transcendante. Et oui, je l’avoue, j’ai parfois eu envie de faire jouer ma clause de conscience. Seuls les gens engoncés dans du prêt à porter idéologique peuvent admettre que l’union officielle, administrative, stéréotypée d’un homme et d’une femme n’a pas plus de valeur que bien d’autres cérémonies institutionnelles.
Quel idiot ou quel intégriste peut assurer que lorsque le fameux « oui ! » a été prononcé une famille est née ? Malheureusement, j’ai souvent trahi ma conscience en effectuant des mariages peu compatibles avec la morale ! Dans une dizaine de cas en 18 ans j’ai signalé au Procureur de la République mes doutes sur la réalité de l’union que j’avais à célébrer entre gens « croyants » de toutes les religions. Et j’ai toujours eu par écrit la même réponse : célébrer le mariage car la loi vous oblige à le célébrer ! Ensuite, une bonne moitié d’entre eux s’est rendue à l’église ou à la mosquée pour terminer honorablement ce qui ressemblait à une pièce de théâtre !
Je me sens aussi coupable d’avoir mis des enfants et des femmes en danger, dans des mariages pour lesquels je savais pertinemment que l’homme frapperait, ou avait déjà frappé son entourage ! Ma conscience, quand ensuite j’interviens dans ces « ménages », où je vois la terreur dans le regard des gosses et où je vois les pleurs de l’épouse quelques années plus tard, est ébranlée ! Et que dire des mariages « arrangés » pour des intérêts divers, qui existent encore dans une société du fric roi… Impossible de le croire, mais j’assure que ça existe encore pour donner une plus belle allure au vignoble ou à l’entreprise ou une… carte de séjour ! Si vous trouvez des Maires qui prétendent n’avoir jamais eu un doute, méfiez-vous ce sont des gens aveugles !
Si le seul fait de « marier » suffisait à garantir une vie familiale heureuse aux enfants, je ferais autant de pub pour ce moment « magique » que l’on en fait à Las Vegas ! L’équilibre psychique, l’éducation ou le bonheur d’une fille ou d’un garçon n’ont aucun lien avec le sexe de ceux qui l’accompagnent sur les chemins de la vie. Ou alors, il faut obliger les « femmes seules » à se remarier, car leur progéniture est en danger. Un divorce où l’on s’écharpe, on se haït jusqu’à, par exemple, laisser un gosse sur le trottoir devant la brigade de gendarmerie, sous prétexte que papa a du retard pour le récupérer est-il moins traumatisant qu’un foyer dans lequel les parents de même sexe s’entendent, partagent, échangent et vivent en harmonie ?
C’est contre ces saccages de la vie enfantine qu’il faudrait manifester. Le Conseil général de la Gironde a en charge plus de 3 000 enfants, majoritairement issus de mariage entre personnes des deux sexes… Ils sont souvent dans des « familles » d’accueil, ou dans des « foyers » spécialisés, sans que la société soit angoissée sur leur avenir.
En définitive, les « mariages » ou les « remariages » ne sont que des actes officiels, qui permettent d’ouvrir des droits sociaux et rien d’autre. Plus de 70 % d’entre eux se sont terminés par un échange des alliances en mairie et plus de 40 % ont été célébrés en présence de moins de huit personnes… dont 2 témoins. Il m’est même arrivé d’effectuer deux mariages à la suite avec 4 personnes grâce à l’inversion des témoins et des époux ! Ensuite, chaque religion a le droit de faire ce qu’elle veut en matière de « consécration » de cette décision appartenant à deux personnes désireuses simplement d’essayer de bâtir un avenir commun.
Que feraient ces gens bien pensants qui défilent pancartes en mains si demain ils apprenaient que leur fils ou leur fille est homosexuel ? Font-ils jouer leur clause de conscience ? Se suicident-ils immédiatement ? Le bannissent-ils durablement de leur maison ? Le renient-ils définitivement au nom de leurs principes ? L’enferment-ils férocement ? Quel connerie… et quelle souffrance pour celles et ceux, jeunes ou moins jeunes qui ont fait un autre choix ! Mais dans le fond, la liberté n’a jamais été défendue par les réactionnaires de tous sexes !
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Le premier qui s’est marié, il ne savait pas ; mais le deuxième, il est inexcusable. (Sacha Guitry)
Pour couper l’herbe sous le pied de tous les prêtres, rabbins, imams, popes gourous et autres esprits plus ou moins bornés, il faudrait abolir le mariage dit civil ( et désigner cette union par un autre terme) , qui n’est qu’un reliquat d’une soit disant tradition chrétienne ou religieuse.
Le mariage actuel est en réalité un contrat civil passé entre deux citoyens et seulement un contrat civil.
Ce sont les religieux qui lui ont donné ce caractère pseudo- sacré.
Donc, les personnes qui désirent créer une communauté légale de bien et décident de vivre ensemble devraient faire enregistrer cet acte officiel et solennel en mairie.
Il leur serait ensuite possible de se rendre dans un quelconque lieu de culte pour des raisons spirituelles, ou tout simplement pour se donner en spectacle, ce qui est souvent le but non avoué du mariage dit religieux.
Cependant la grande différence entre le mariage religieux et le mariage civil est que le premier ne peut être « défait que par un dieu » et selon les circonstances. En l’occurrence , on s’‘accommode au mieux de son absence obstinée.
Une autre différence, et de taille, c’est qu’aucun ministre d’un culte n’a le droit de procéder à un mariage religieux si on ne lui a auparavant présenté un certificat de mariage dit civil !
Commentaire de J.J.transmis par mail
Par contre, il ne peut être mis un terme à l’union civile qu’avec l’intervention de la justice des hommes : c’est une rupture légale de contrat,dûment enregistrée, qui n’a rien à voir avec un engagement plus ou moins spirituel, distendu et imaginaire.
Dernière remarque : de quel droit les religieux et leurs adeptes viennent-ils se mêler d’une affaire purement civile et profane ?