Mettre beaucoup d'énergie à préparer la transition vers la citoyenneté

S’il est un débat décisif pour l’avenir, ce n’est toujours pas celui qui fait rage au sein de l’UMP. D’ailleurs, peut-on encore appeler ce qu’il s’y passe « un débat », alors que cela relève des guerres picrocholines qui font fureur sous la plume de Rabelais dans Gargantua. Le personnage de Picrochole , éternellement en colère, sempiternellement prêt à guerroyer et qui se lance dans d’impossibles conquêtes, doit avoir une carte dans ce parti en ébullition. En fait, la seule véritable préoccupation qui devrait agiter les esprits devrait être celle de la manière dont va évoluer la situation préoccupante de l’avenir énergétique de la France. Il s’agit d’imaginer de manière concrète comment on  pourra collectivement assurer un profond changement des « habitudes » ? L’enjeu majeur du « parlement » mis en place réside dans sa capacité à bâtir des solutions résistant aux pressions constantes des lobbies économiques. Et dans ce domaine, ils sont puissants, efficaces, et surtout mobilisés depuis bien des années. Ce ne sont pas des murs de l’argent qu’ils ont bâtis mais des remparts protégeant férocement des citadelles de profits immenses !

Le débat sur la transition énergétique a comme objectif d’évaluer objectivement les besoins du pays d’ici 2025, et les options pour y répondre, avec sur la table certains sujets qui fâchent, comme le nucléaire ou les gaz de schiste. Ils risquent pourtant d’occulter le fond du problème, constitué par la capacité qu’aura le pouvoir politique à vaincre les réticences des habitudes !

Ce pari citoyen conduit les 112 membres des sept collèges (État, collectivités, associations, patronat, syndicats, élus et chambres consulaires) à mettre en place une méthode d’échanges et de concertation pouvant faire émerger des pistes de mise en œuvre des objectifs annoncés par François Hollande : ramener la part du nucléaire dans la production électrique de 75 à 50% d’ici 2025, fermer Fessenheim fin 2016, développer les énergies renouvelables, et toutes les sources d’économie possibles, notamment dans le bâtiment. Des annonces faciles mais qui nécessiteront un vrai courage politique, car forcément, elles vont se traduire par bien des mécontentements. On en reviendra inévitablement à une redéfinition impartiale de l’intérêt général, qui ne saurait être la conjonction des… intérêts particuliers !

Comment va réagir l’opinion dominante, conditionnée par les pubs, les poncifs, le prêt à porter idéologique revendicatif ou les exagérations pseudo-scientifiques ? Quelles seront les réactions des « pétroliers » quand on parlera d’être moins dépendant des énergies fossiles, dont le coût renchérit, d’émettre moins de gaz à effet de serre (4 à 5 fois moins en 2050) et plus généralement consommer moins d’énergie ? Je suis bien placé pour affirmer que, même si ces pistes sont évidentes, elles ne seront pas très populaires… En effet, dès que j’évoque un « plan national vélo » pour écorner tant soit peu la prééminence de l’automobile, je suis raillé, vilipendé et pire, vite discrédité ! Il faut beaucoup de travail pédagogique pour expliquer que c’est un élément parmi beaucoup d’autres et qu’il n’y a aucune idée loufoque dans le développement du vélo pour les déplacements de proximité, ravageurs en terme de consommation. La puissance de tous les autres lobbies est telle que la bicyclette apparaît comme un épiphénomène. Il en va de même pour bien d’autres initiatives. Or il est évident que ce ne seront que des actions ajoutées les unes aux autres qui assureront la transition ! Pas une mesure, mais des mesures dans tous les secteurs.

Il sera également indispensable d’amorcer ce qui constitue pour moi le pilier de la rénovation sociétale en France. La Gauche s’honorerait à poser clairement un enjeu : transformer les électeurs consommateurs passifs en électeurs citoyens acteurs . Vaste programme, mais combien essentiel. Les citoyens, aujourd’hui simples consommateurs d’énergies doivent devenir les coproducteurs des énergies consommées. Ils ne peuvent plus se contenter, pour une partie d’entre eux, de critiquer toutes les techniques actuelles, de détruire ou d’arrêter ce qui fonctionne, de se contenter d’incantations… car, ressassées depuis des décennies, elles n’ont pas changé grand chose.

Le débat doit absolument inverser la pensée actuelle. Il est inimaginable que celles et ceux qui l’animent partent des besoins et surtout pas de la production et de l’offre industrielle qu’ils se contenteraient de répartir autrement. D’abord, il leur appartient de réfléchir à notre façon de vivre dans 30 ou 40 ans. Des économies d’énergie considérables auront été accomplies dans les logements, puis les transports. La mobilité aura diminué du fait du télétravail. L’alimentation aura été modifiée en limitant les gaspillages et en rééquilibrant notre consommation de protéines animales et végétales. Et c’est ce mode de vie qui déterminera nos besoins en énergie et non l’inverse ! On sera loin de la voracité énergétique actuelle, ce qui suppose déjà un bel effort de réflexion, sortant des « y a qu’à… » ou des « faut qu’on », trop souvent employés dans les grands débats !

Cet article a 5 commentaires

  1. Marae

    Bonjour;

    « … La Gauche s’honorerait de poser clairement un enjeu : transformer les électeurs consommateurs passifs en électeurs citoyens acteurs . »…

    Sans doute; une vraie Gauche! Les ceusses aux commandes sont bien trop contents de nous trouver comme nous sommes pour être tentés de changer quoi que ce soit!

    Cordialement

  2. Vanmeulebroucke Guy

    Bonjour,

    Et si en matière d’énergie nous commencions à la base….Ce n’est pas évident mais logique dans la mesure ou au minimum le déchet zéro n’étant qu’une vue utopique de l’esprit ne serait-ce que pour nos petits ou gros besoins naturels.
    Ici et là,certains projets sont de plus en plus contestés,sans doutes à justes raisons!

    Un commentaire récent sur un sujet qui fait l’actualité au Pays Basque en passant par La Rochelle,comme quoi les affaires sont les affaires.
    Cordiales salutations.

    La méthanisation fait partie des techniques de valorisation des déchets-produits résiduels qu’ils soient d’origines humaines ou animales, mais,concernant les déjections animales mélangés par ailleurs aux sous-produits agricoles entre-autres relève d’une réglementation très stricte tant pour le traitement que pour l’épandage.

    Le Conseil Régional participe d’ailleurs au développement de la méthanisation à la ferme,pour des projets individuels et collectifs dans ce domaine et nos chers élus disposent des services publics et para-publics locaux spécialisés en la matière mais semblent l’ignorer, peut être.Les voyages forment la jeunesse paraît-il et l’on sait ce qu’il advient de ceux effectués par BTG pour des projets dits d’intérêt collectif,dont les dindons de la farce seront les usagers-contribuables et l’argent à la poubelle voire même servant à polluer quelques surfaces agricoles ici et là.Que fera ton de ce méga purin ???…..

    Que fera-t-on de ce méga purin ???
    Mais là, alors que nous ne sommes pas capables de mettre en œuvre une véritable gestion globale sur le plan local ,envisager d’importer* trois fois plus de déchets que nous en produisons et du « lisier de porc » par dessus le marché,ils sont forts,très forts…. Une certaine odeur de fric se dégagerait-elle de ce projet ???Il est vrai qu’entre un projet public archaïque et rétrograde à la charge des contribuables et un projet privé il y a une marge,quoi que,(financement ???subvention ???aides diverses ??? exonération ???). Sauf que si nos taxes finissent à la poubelle,la contribution que nous payons sur les factures d’edf,elle,elle n’est pas perdue pour tout le monde !

    En attendant que nos chers élus se décident à mettre en place une équipe de développeurs économiques, nos enfants et petits enfants s’adonneront sans doute aux joies de la plage et du…jardinage,en ramassant peut être…les algues vertes !

    *650 000 tonnes ???

    Port : la Ville étudie le projet néerlandais – SudOuest.fr
    http://www.sudouest.fr/…/port-la-ville-etudie-le-projet-neerlandais-893275...
    il y a 1 jour – Mme le maire a ensuite évoqué le projet d’un industriel néerlandais. Celui-ci a candidaté pour l’installation d’une usine de méthanisation de ..

  3. J.J.

    Le Le pétroliers sont pétroliers parce que le pétrole fait leur fortune.
    Le jour où ils auront trouvé le moyen de se goinfrer ( et si ils subodorent qu’il y a du fric à se faire, ils y arriveront) avec le vélo( on peut rêver ?), le solaire ou tout autre énergie propre, ils deviendront des inconditionnels de ces progrès….
    Le fric, vous dis-je….

  4. Christian COULAIS

    « Les citoyens, aujourd’hui simples consommateurs d’énergies doivent devenir les coproducteurs des énergies consommées ». Et oui dès aujourd’hui TOUT est possible, même de produire local pour consommer local !
    Le vendredi 23 novembre s’est déroulé l’A.G. de l’association ENERCOOP Aquitaine qui a pour but de préfigurer la SCIC ENERCOOP Aquitaine, fournisseur d’électricité 100% renouvelable dans la région. Les partenaires potentiels de la futur SCIC sont issus tant des milieux écologistes et des énergies renouvelables que de l’économie sociale et solidaire et des collectivités.
    Coordonnées : ENERCOOP Aquitaine yohann.didier@enercoop-aquitaine.fr

  5. facon jean françois

    Bonjour,
    Petit problème de cohérence relevé par la commission du sénat dans le rapport fait au nom de la commission des affaires économiques, déposé le 22 novembre 2012.Le rapporteur constate que l’évolution des taux de TVA en 2014 va impacter le budget chauffage des ménages et engendre quelques incohérences. » Votre rapporteur pour avis constate ainsi que le taux de TVA applicable au bois énergie, ressource renouvelable qui contribue à l’indépendance énergétique de chaque territoire, pourrait passer de 7 % à 10 %, alors qu’un combustible fossile tel que le gaz naturel serait peu impacté par la réforme puisqu’il bénéficie à la fois d’une légère baisse de taxation sur l’abonnement et d’une légère hausse sur la consommation. Pour mémoire, le bois énergie représente 46 % de la production primaire d’énergies renouvelables ».
    Le problème de l’énergie est un problème complexe. Il ne sera pas résolu par la méthode yaka.
    Malgré les efforts pour améliorer l’efficacité énergétique des logements ( RT2012 pour les logements neufs et rénovation des logements anciens) la consommation d’énergie électrique continue sa croissance.
    Pour les courageux, le bilan complet sur l’énergie électrique est ici http://www.rte-france.com/uploads/Mediatheque_docs/vie_systeme/annuelles/bilan_previsionnel/bilan_complet_2012.pdf#page=30.
    Pour les écolos, je propose de couper le chauffage et de se réchauffer l’hiver en tournant en rond tout en répétant sans cesse  » stop au nucléaire, stop au nucléaire… », réduisez aussi les féculents, le méthane rejeté augmente l’effet de serre ;-)) .
    bonne journée

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