Enfin un Président qui entend et répond !

Une grande première pour moi : me retrouver, pour mon 18ème Congrès des Maires de France, sur scène parmi la trentaine de premiers magistrats membres du bureau national, conviés à accueillir le Président de la République ! Autant l’avouer, je suis heureux de cet honneur que je ne dois qu’à mon investissement durable dans le suivi des problèmes rencontrés sur le terrain par mes collègues girondins. Ils m’avaient donné une majorité lors du vote pour la présidence de leur association girondine, avant qu’elle soit estompée par diverses manœuvres électorales que j’ai renoncé à dénoncer. A quelques mètres derrière François Hollande, je savoure la différence incommensurable avec la situation de l’an passé où, depuis la salle, j’avais assisté au discours sarkoziste, tenu devant un auditoire de militants transformés en élus locaux. Cette fois, le contrôle a été plus strict  avec bracelets au poignet… Résultat : aucun enthousiasme, mais une attention constante pour des propos pédagogiques tenus devant plusieurs milliers de vrais maires et présidents de groupements de communes. Bizarrement, alors qu’il était attendu sur au moins quatre sujets clés (la décentralisation, les rythmes scolaires, la fiscalité et le mariage pour tous), le chef de l’État a été très applaudi, ce qui renoue avec une écoute réelle des élus locaux. Aucune digression belliqueuse, mais une constante : « je sais de quoi je vous parle, car j’ai exercé les mêmes fonctions que vous ! » Le terrain était miné par diverses déclarations ministérielles, dont on peut considérer qu’elles mettaient une fois encore en péril les équilibres nécessaires en cette période délicate. i

Quelques heures auparavant, j’avais été averti que le Président de la République annoncerait que la réforme des rythmes scolaires s’étalerait « sur deux ans », faisant droit à une demande unanime du bureau de l’AMF. Il s’est déclaré « d’accord » avec ceux qui avaient demandé un délai. Les communes volontaires pourront mettre en place dès la prochaine rentrée 2013 l’aménagement des temps scolaires dans le primaire, les autres pourront attendre « la rentrée 2014 ». Un crédit de 250 000 millions d’euros sera ouvert pour les premières communes volontaires.Cette réforme a, en effet, des incidences financières, chiffrées par certains élus à 650 millions d’euros par an, les communes organisant le temps péri-scolaire (et le transport scolaire) qui serait allongé de trois heures, alors que les ressources des communes stagnent. Le débat lors de la réunion de l’amicale des Maires du canton de Créon avait toute sa légitimité samedi matin, puisque ses conclusions ont confirmé la nécessité de ces mesures. Là encore, derrière lui, j’avoue avoir été fier d’avoir mis en place, avec Martine Faure Députée, et Françoise Cartron Sénatrice, cette matinée de débat, qui nous a permis de « remonter » les réalités du terrain !

Sur le mariage pour tous, après que deux élus aient voulu, sous les huées, lancer un débat de société lors du rapport d’activité de l’AMF, François Hollande a reconnu « la liberté de conscience » aux maires, dont certains refusent de célébrer des mariages entre personnes du même sexe, si la loi le prévoyant est votée. Il ne recule pas sur le principe, mais il veillera à ce que la loi soit appliquée via éventuellement des délégations à des élus locaux désireux de pratiquer ces unions. Dans toutes les communes de France, un simple arrêté ponctuel du Maire permet de déléguer son pouvoir d’officier de l’État civil sans le moindre problème. Il pourrait en être ainsi, et on peut même imaginer que les mariages refusés dans une commune soient assurés dans une autre commune… sur constat de carence par l’autorité de tutelle. Force resterait à la loi ! Le Président a en effet estimé que « les débats » sur le « mariage pour tous » sont « légitimes », il a rappelé que les maires « auront, si la loi est votée, à la faire appliquer ». Une position claire, logique et, je le crois, tolérante ! Au passage, sur ce sujet il a donné une leçon indirecte au gouvernement en liant concertation et réalisme.  « Il faut écouter les partenaires que sont les maires et prendre en compte la spécificité des situations (…) Réussir une réforme, ce n’est pas diviser, mais réunir un maximum d’adhésion ». Certains Ministres faisaient vraiment la tronche ! Se sont-ils sentis visés? Je n’en doute pas un seul instant !

Sur les dossiers  financiers, il a été encore plus réaliste et direct : pas de marges de manoeuvre et obligation de se serrer la ceinture sans mise en place de règles .

L’effort de redressement « sera aussi demandé aux collectivités locales, puisque la dotation sera stabilisée » en 2013, a déclaré le président. Cela équivaut, selon l’AMF, à « une baisse réelle de 2% ». Et pour la période 2013-2015, le gouvernement a déjà dit qu’il envisageait 2,250 milliards d’économies supplémentaires dans les dotations étatiques. S’il faut réaliser des économies, il ne faudra le  » faire que dans la concertation ». Selon lui, « il y a des doublons », et il faut « mutualiser nos moyens, sans remettre en cause les services publics ». Et à cet égard, il a changé du ton sarkoziste en affirmant qu’il n’était « pas venu faire la morale » aux collectivités. « Ce ne sont pas elles qui sont responsables de l’augmentation de la dette depuis une décennie, c’est l’État ». Il aurait pu ajouter pour son fonctionnement, alors que les collectivités appliquent la règle d’or de l’équilibre budgétaire.

Alors oui, j’étais fier de me trouver sur scène derrière lui, car on sortait du spectacle ostentatoire pour revenir au dialogue modeste et paisible. C’est ma vision de cette République sincère, transparente et tolérante dont nous avons tant besoin.

 

 

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Cet article a 2 commentaires

  1. Cubitus

    En ce qui concerne le mariage pour tous et contrairement à vous, je considère qu’il s’agit bel et bien d’une reculade voire de démagogie pure et simple. Hollande brosse dans le sens du poil. En effet, dans un mariage, le maire n’intervient pas en tant que tel mais comme agent de l’État dans le cadre de sa fonction d’officier d’état-civil. Que penser de quelqu’un chargé par sa fonction de l’établissement d’un acte juridique qui refuserait d’appliquer la loi ? Que n’entendrait on pas si un fonctionnaire, pretextant sa liberté de conscience, refusait d’accomplir une tâche entrant dans ses compétences qui lui est confiée !

    J’espère bien que, si une telle disposition était introduite dans la loi à venir, elle sera invalidée par le Conseil Constitutionnel pour rupture du principe d’égalité devant le service public (un agent public refuse d’exécuter un acte en raison de l’orientation sexuelle) et que, si ce n’était pas le cas, le Conseil d’État sera amené à la déclarer non conforme en vertu du principe de stricte neutralité des agents publics. Possibilité de délégation ou pas, la délégation n’étant prévue que pour les cas d’empêchement et non de conscience.

    Car dans le cas contraire, ce serait laisser aux maires la liberté d’appliquer ou pas la loi selon leur sensibilité politique, religieuse ou autre. La porte ouverte à l’arbitraire et au n’importe quoi.

    Ceux qui répugnent à célébrer des mariages homosexuel devraient se rappeler la phrase célèbre de Gambetta : « se soumettre ou se démettre » et l’appliquer.

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