Encore une coup terrible pour la vie politique française

L’élection à la tête de l’UMP va, dans le fond, réhabiliter celle qui vient d’avoir lieu au sein de PS. En effet, la nuit du dépouillement risque d’être chaude puisqu’une fois encore le résultat n’aura aucun lien avec les prévisions des sondages… ce qui démontre une fois encore la qualité de de type d’exercice sur des élections politiques internes. Bien évidemment, les commentateurs avisés ont trouvé que le PS était « divisé » après la large victoire d’Harlem Désir. De multiples reportages saignants avaient été consacrés aux méthodes condamnables dans certaines fédérations lors du duel entre Martine Aubry et Ségolène Royal, donnant une image détestable de la démocratie interne. Dès demain matin, à n’en pas douter, les mêmes censeurs vont se pencher sur le déroulement du scrutin présidentiel du parti restant éminemment Sarkoziste. Le camp Copé va porter réclamation à la commission interne de l’UMP pour le 2e bureau du XVIe arrondissement de Paris. Il y aurait finalement eu une erreur dans le nombre d’émargements dans la 1ère circonscription de Nice. Il y aurait 988 votants et non 590. L’écart entre le nombre de suffrages exprimés et le nombre de signatures ne serait plus que de 90… Une paille qui dénote des habitudes particulièrement rassurantes dans ce département. Les réclamations sont aussi vives dans le camp d’en face. Les partisans de l’ancien Premier ministre signalent à leur tour des irrégularités dans l’Oise, le Gers et la Seine-et-Marne, le département de Jean-François Copé. Bref, ce n’est guère brillant, puisque l’écart sera finalement très réduit entre les deux prétendants. Les seuls vainqueurs du jeu auront été les huissiers sympathisants, qui ont passé leur dimanche à contrôler, dans divers bureaux, le déroulement du scrutin. A ce jour, je n’avais encore jamais vu pareils auxiliaires du suffrage direct officier dans des partis politiques, et ce n’est guère flatteur pour l’exercice de la démocratie ! Présence qui n’est guère rassurante sur la démocratie réelle dans les partis politiques.

Bien évidemment, tout se terminera avec un appel à l’unité et une réconciliation sous la boule de gui, qui  permettra de concrétiser les vœux de réussite adressés à l’autre. C’est habituel, mais ce n’est absolument pas durable, car la dérive idéologique laissera forcément des traces. L’U.D.I de Borloo doit se frotter les mains et l’UMP lui offre désormais un boulevard, car il est certain que des militants issus du Gaullisme historique vont souffrir dans les prochains mois. C’est en revanche une bonne nouvelle pour le F.N, puisque la démultiplication des thèmes « lepénistes » aseptisés ne va certainement pas s’interrompre de sitôt. Au nom de quelle majorité parlera le nouveau Président ? Quelle sera sa légitimité idéologique ? En fait, le gouvernement actuel ne devrait pas se réjouir trop vite de cette pagaille extrême dans le seul parti d’opposition républicaine car incontestablement Marine Le Pen va être largement bénéficiaire à terme de l’incapacité qu’ont les structures « traditionnelles » de réguler leurs querelles claniques.

Dans le fond, les récentes échéances internes présentées par certains comme « lamentables » sur le plan démocratique ont évité cette ridiculisation de la vie politique partisane. Une majorité sur un texte généraliste doit générer une majorité sur une personne. C’est, encore une fois, dans la logique de la V° République, parce que le débat a porté uniquement sur des références individuelles autour d’un « chef » que l’UMP s’est vautrée. Il en a toujours été ainsi dans les partis dans lesquels le culte de la personnalité a occulté le débat sur les valeurs. Souvent, ce type de comportement, valable dans bien des démocraties, conduit lentement à la décadence car elle transforme les citoyens en consommateurs de « vedettes » supposées. Il faut ajouter pour être honnête que les médias renforcent largement ce phénomène puisque, pour vendre leur soupe, il leur faut des « noms » à placer en haut des affiches. On a franchi un nouveau cap !

Avec la manière dont se termine cette campagne entre « amis » UMP de 30 ans, on devrait se lamenter plutôt que se réjouir à gauche. Le discrédit sur les partis politiques grandit dans tout le pays, et les « militants » de proximité vont finir par se faire rares surtout chez les jeunes. Comment peut-on leur vanter les vertus d’un engagement sincère quand à la fin ils assistent à un tel spectacle. Ils s’exprimeront autrement, ailleurs et par d’autres votes ou, plus certainement, ils reprendront à leur compte le fameux slogan « tous pourris » sur lequel prospèrent les vrais adversaires de la démocratie. Ils ont un boulevard devant eux !

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Cet article a 2 commentaires

  1. Brousse claude

    J’ai participé à une primaire,d’abord critiquée, puis reconnue démocratiquement et unanimement reconnue.
    Hier, je n’étais pas convié à voter. Tant mieux. Mais qui aurais-je choisi entre Couillon et Flippée.

  2. suzanne marvin

    : la seule réponse clairvoyante est dans le dernier paragraphe de cette lettre…..

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