Un match pas aussi inégalitaire qu'on le prétend

L’intérêt du congrès de l’association AMORCE, regroupant à Metz les élus, entreprises et techniciens qui œuvrent dans les domaines des déchets et de l’énergie, c’est qu’il offre une comparaison entre le paradis européen allemand et l’enfer supposé de cette France mal en point. La qualité est réputée teutonne, la fiabilité serait Outre Rhin, l’efficacité s’impose sous la férule de Merkel, et mieux, la prospérité serait liée à un libéralisme de bon aloi contrastant avec le socialisme dépensier et outrancier au pouvoir à Paris. Le seul véritable problème, c’est que sur des sujets précis, quand on compare des systèmes sociaux, on s’aperçoit vite qu’il y a les apparences et la réalité. Et forcément, on ne participe pas à l’opinion dominante qui veut qu’au-delà de la ligne bleue des Vosges on se retrouve au nirvana. La véritable différence c’est que les allemands ont eu, au fil des années, après la réunification, la volonté de prendre des décisions que nous avons remis aux calendes grecques, car la gouvernance française consiste souvent à mécontenter le moins de monde possible, rangeant ainsi les valeurs fondamentales du vivre ensemble, avec les milliers de rapports inutiles, sur les étagères de l’oubli. Par exemple, les Allemands seraient beaucoup plus en avance que nous sur le traitement des déchets…: exact, mais à 140 euros par habitant quand, par exemple sur Créon, le prix moyen est 50 euros moins cher ! Ils paient moins d’impôts directs, mais ils casquent dur pour tous les services qui fonctionnement selon le principe, nouveau chez nous de « sociétés de services communes » (Société publique locale en France) ce qui n’influe pas sur l’endettement de l’État ou des collectivités, car elles ont classées dans le secteur concurrentiel par l’Europe. Ils affichent des statistiques mirobolantes en matière d’enfouissement (0 tonnes d’ordures ménagères enfouies)… mais ils considèrent qu’une tonne triée antérieurement est un déchet ultime, alors que nous jouons sur des critères plus sévères, plus transparents et plus proches de la réalité. Chez eux, l’incinération est la méthode prépondérante… Chez nous, elle est combattue en permanence. Quand on regarde bien, l’Allemagne n’est que  quatrième  au plan européen et la France huitième, avec un écart peu évident ! Sur l’énergie, c’est pareil : pas question en Allemagne d’intervention publique dans ce secteur. Ce sont les particuliers et les entreprises qui investissent dans le secteur des énergies renouvelables. Eoliennes sans problème, solaire en parcs massifs, biomasse en série, méthanisation au maximum… et à l’arrivée, une avance considérable en matière de développement des énergies alternatives. Les subventions en matière de rénovation énergétique sont trois fois plus élevées en Allemagne, et les prêts bancaires se situent à 45 000 euros. La différence se fait sur des décisions de ce type, qui démontrent qu’ils ont le sens des priorités ! Il y aurait tant à dire de ce match « France-Allemagne », devant un public intéressé, et qui peu à peu, au fil de la journée découvrait que l’écart repose davantage sur la méthode que sur les résultats, sur le pragmatisme d’un côté du Rhin et sur les états d’âme de l’autre ! En fait, le bilan n’est pas aussi contrasté qu’on le pense médiatiquement. D’ailleurs, un journaliste spécialisé présent convenait sans problème que la comparaison était beaucoup moins évidente qu’elle n’apparaît dans l’opinion publique ! Un autre exemple : l’écart de coût du travail n’est pas aussi élevé qu’on le dit, entre les industries allemande et française. Le coût horaire du travail est de 35,5 euros en France, et de 34,4 euros en Allemagne. Pas de quoi justifier une différence colossale de performance à l’exportation. Celle-ci viendrait avant tout de la différence de gamme (encore une fois le fond et pas la forme): l’industrie française est trop spécialisée dans les produits de moyenne gamme, les Allemands vendent des biens à plus forte valeur ajoutée, sur lesquels ils peuvent beaucoup plus facilement imposer leurs prix. Il en est de même pour tous les services, où ils imposent des références et s’adaptent très vite aux normes croissantes d’une Europe coercitive avant d’être conciliatrice. Si l’on regarde les choses de près, les industriels Allemands bénéficient en outre de coûts de production bien plus faibles qu’en France. Cela peut paraître surprenant : l’industrie est une grosse consommatrice de services et donc nourrit une bonne part de son économie. Les achats de services représentent 60 à 80% de sa valeur ajoutée. Or le coût du travail dans les services a beaucoup baissé en Allemagne, à la suite de la déréglementation du marché du travail au début des années 2000. Aujourd’hui, l’écart de coût entre les deux pays, pour le secteur des services, atteint 25%. Et c’est là que l’on retrouve les éléments dans le secteur des déchets et de l’énergie. Dommage que peu d’élus soient présents dans ce congrés, surtout fréquenté par des techniciens ou des administratifs, car politiquement il envoie à la décharge beaucoup d’opinions toutes faites. Notamment celle qui voudrait que les services publics à la française soient ruineux et inefficaces !

Cette publication a un commentaire

  1. Bonjour,
    au sujet des déchets l’ exemple des Espagnols cité par l’ex sénateur Dominique Braye au sujet des usines Tri Mécano-biologique des Déchets dites TMB.
    Dominique Braye a ensuite rapporté les propos que lui ont tenus des élus Espagnols, à l’occasion d’un récent voyage du groupe d’études sur les déchets du Sénat en Catalogne. « La méthanisation est pour nous un passage obligé pour faire accepter l’incinération. Faites tout sauf de la méthanisation. Nous étions écologistes, nous sommes devenus pragmatiques », auraient déclaré ces élus. Or, a ajouté Dominique Braye, « ils ont 20 ans d’expérience » dans la méthanisation( TMB).
    Revenant sur les usines françaises(TMB), Dominique Braye a conclu : « J’aimerais avoir le bilan officiel d’exploitation pour connaître le taux réel de valorisation. »
    De mon modeste point de vue, en matière de déchets il faut que les décideurs Français deviennent comme leurs voisins PRAGMATIQUES. Il faut arrêter de rêver en écoutant les sirènes des industriels vantant l’incomparable bond technologique des TMB.
    TMB = Toute la M…e est Brassée, de la méthanisation OUI mais pas avec ordures mélangées aux plastiques aux médicaments et autres polluants chimiques.
    Bonne journée

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