C’est la stupéfaction dans le monde du sport : voici que les fameux « experts » ont démontré qu’ils avaient des ressources cachées. C’est tout simplement « barjot », trop fort, à moins que l’appât pour les pièces « bronzées » ait été trop fort pour ceux qui se prennent pour des « costauds ». On avait pu constater, après leur victoire aux Jeux olympiques, qu’ils avaient le « melon », oubliant parfois qu’il y avait des limites à la célébrité. Pour avoir fréquenté durant deux décennies le monde du sport, j’avoue ne pas être outre mesure surpris par cette dérive financière dans un sport de haut niveau, considéré jusque là comme immaculé. Dans la mesure où l’aune de la réussite se juge au montant des contrats, il est purement naïf de penser que le fric n’a pas perverti la belle incertitude sportive ! Elle n’existe plus depuis belle lurette, et tout les journalistes savent que ce milieu est rongé par le dopage, le pognon et les compromissions, tant les enjeux financiers ont pris le pas sur le jeu !

Au rythme des révélations, les illusions s’envolent, mais le non-dit restera la règle en la matière, au nom du sacré saint principe « peu importe le flacon pourvu que nous ayons l’ivresse ». Les « croyants » étant largement supérieurs aux « pratiquants », les médias se contentent de fermer les yeux, au prétexte qu’il n’y a jamais de preuves… et quand elles arrivent, les exploits ont été vantés. Avez-vous par exemple remarqué que ce qui va devenir le « scandale » des handballeurs montpellierains est bien antérieur aux J.O. de Londres et arrive bien après que le triomphe olympique ait été célébré. Les légions d’honneur sont encore toutes fraîches et les primes sont au mandatement. Il est temps de briser les images des héros… sans risque pour le tableau des médailles.

En fait, en adossant par lâcheté républicaine (les fonds publics pour le sport sont insuffisants) l’amélioration des équipements et une partie du système des clubs sur les paris, on a mis le ver dans le fruit. Il faut en effet rappeler que les fédérations, via le Centre national de développement du Sport (CNDS), émargent indirectement sur les paris sportifs…Étrange situation que celle qui fait que plus les gens dépensent auprès de la Française des jeux, organisatrice du loto sportif, et plus ils augmentent les recettes parallèles de l’État… incapable de faire face à ses obligations ! On en est rendu à une telle dépendance du monde sportif au CNDS que l’on sait que 450 millions d’euros ont été engagés sous l’ère Sarkozy pour un budget annuel ponctionné sur les paris de 230 millions ! Il faut donc encourager les gogos à jouer, toujours jouer davantage sur des matches, sur des scores, sur des buteurs, sur des classements… On a augmenté la pompe à fric en toute conscience ! J’ai récemment déjeuné avec madame la Ministre des Sports en compagnie du président de l’Association des Maires de France, et j’ai bien entendu ses fortes craintes sur la dépendance du monde sportif vis à vis du système des paris ! Je comprends mieux maintenant sa farouche volonté de réformer d’urgence certains fonctionnements, et surtout ses propos sibyllins sur des « affaires possibles ».

Pour Valérie Fourneyron, celle qui est née autour du match de handball Cesson-Montpellier appelle de nouvelles dispositions rapides pour encadrer les paris sportifs. Une information judiciaire, ouverte depuis… le 1er août (le titre olympique a été décerné le 12 août) , vise à la fois des faits « de corruption active et passive » mais aussi des faits « d’escroquerie et de recel d’escroquerie« , aux dépens de la Française des Jeux (FDJ). Ces faits ont conduit la Ministre, femme solide et de valeur, à avancer la création d’une « déclaration de soupçons » : « s’il est établi qu’une personne dispose d’une information qui permet de mettre en doute la sincérité d’une compétition, et qu’elle ne la divulgue pas, elle doit être sanctionnée« . Elle estime également qu’il y a « une réflexion à mener sur les types de paris autorisés » qui se sont « multipliés » (gain d’un set, score à la mi-temps, nom d’un buteur..), facilitant ainsi les trucages. On parle beaucoup cette semaine du handball mais il y a tant de sport individuels dans lesquels le trucage est possible, qu’il est difficile de croire dans la fiabilité de certains résultats. La médiocre affaire Cesson-Montpellier s’ajoute à une très longue liste de faits répétés à travers le monde, et désormais, aucune discipline n’est à l’abri, faisant que les affaires se sont multipliées sur tous les continents et souvent à une échelle internationale mafieuse : Asie, Europe de l’Est, Italie, Amérique du Sud pour les plus marquantes.

La ministre reconnaît que le véritable enjeu est lié aux sites étrangers, moins surveillés. « Il ne faut pas oublier que 90 % des paris sur les compétitions françaises sont effectués depuis l’étranger« , rappelle au JDD la Ministre. Il se cache derrière le sport tellement de fric que plus aucune compétition ne peut être à l’abri d’un trucage. Comment déceler une faiblesse ou une série de maladresses sur un court de tennis ? Comment être certain qu’un cycliste se livre à fond ? Comment éviter que des footballeurs préfèrent se défoncer pour une prime de Champion’s league plutôt que pour un banal bonus de championnat ? Comment sait-on qu’une blessure dans une compétition est réelle ? Rien n’est parfait et rien ne sera irréprochable, et l’appât du gain sera toujours supérieur à la valeur de l’éthique. Le monde du sport reprochera surtout aux handballeurs d’avoir été très maladroits… car la ficelle était un peu grosse et visible. Un peu comme l’avaient été les protagonistes d’un certain Valenciennes-OM de sinistre mémoire. Mais au fait, rappelez moi le score surprise du match de ce jour entre les deux clubs ?

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