Perdez vos illusions : le plus dur reste à faire !

Nicolas Sarkozy laisse derrière lui une France en décrépitude pour ne pas dire en ruine. C’est désormais une certitude, et le constat que fera rapidement la Cour des Comptes sur la situation devrait être pire que prévu. En fait, on va s’apercevoir que depuis des mois le pays vit d’expédients et que, dans une proportion moindre que la Grèce, nos bilans n’ont jamais été très rigoureux. Écrire que Michel Sapin et la cellule financière autour de François Hollande s’attendait à autre chose serait mentir. En fait, la campagne des législatives sera encore une vaste imposture, puisque l’UMP va tenter par tous les moyens, et notamment la fausse polémique des alliances avec le Front national, de masquer sa responsabilité dans ce fiasco social et économique. Il est devenu impossible de parler « politique » dans ce monde où l’on triche en permanence avec les réalités, pour se contenter des apparences médiatiques. Alors on oubliera l’essentiel pour discutailler sur des accords électoralistes qui existent au niveau local à droite, mais que l’on niera nationalement. Une sorte de double jeu qui occupe l’espace médiatique et qui devrait inquiéter tous les démocrates. L’américanisation voulue par l’ex-président va poser concrètement un problème terrible de citoyenneté.

L’UMP va chercher (et ça se voit déjà localement) à minimiser l’enjeu des élections législatives. Pour y parvenir, elle va surfer sur l’ignorance majoritaire chez les électrices et les électeurs du rôle du député. L’omniprésident, qui était en mesure de décider de tout, de tout faire, de tout régir, de réagir à tout, de tout régler, de tout réformer à la hussarde, de pouvoir tout accorder à ses amis, et de mépriser tout ce qui était contre lui, a occulté le rôle réel du Parlement et du gouvernement. On le sent dans les rencontres populaires. « Pouvez-vous nous dire ce que François Hollande va faire sur ça, sur ci ? » « Quand va-t-il supprimer tels textes ou telles dispositions ? » « Quelle proposition va-t-il faire en faveur de l’enseignement ? De la santé ? De l’environnement ? ». Les questions sont toujours du même style… et sur un mode de pensée erroné. François Hollande ne va…rien faire ! En effet, sous la Vème République, en dehors de ses droits régaliens (chef des armées, garant de l’unité nationale, présidence du Conseil des Ministres), le Chef de l’État doit se contenter d’impulser l’action gouvernementale dans l’intérêt général. Il n’a aucun pouvoir législatif ou organisationnel. Les députés UMP avaient, par exemple, toute latitude pour s’opposer aux foucades présidentielles, car rien n’a pu être mis en œuvre durant 5 ans sans leur soutien ! Il s’installe un mythe politique dangereux : s’être débarrassé de Sarkozy suffit à arrêter la totalité de la casse terrible des 5 dernières années ! Faux… archi-faux : pour changer réellement il faut, certes, rendre son métier protecteur d’avocat à Nicolas Sarkozy, mais surtout renvoyer dans l’opposition où à leurs études les Fillon, Guéant, Baroin, Morano, Pécresse, Kosiusko-Morizet,  Bertrand, Mariani, Longuet, Estrosi, Bachelot,  et toute la cohorte des élus UMP qui ont prétendu que la politique sarkozyste était profitable au pays. Ils vont désormais proposer de faire tout ce qu’ils n’ont pas fait ou tout ce que leurs « amis » n’ont pas voulu faire !

Sur tous les sujets, ce sont eux qui ont demandé la rédaction de textes, de règlements, de lois, de décrets qui ont mis la France dans les sables mouvants de la crise. Ils sont responsables au moins autant que leur idole élyséenne ! Sur la réforme territoriale, la demande exprimée en réunion publique revient sans cesse : « François Hollande et les socialistes vont-ils abroger le conseiller territorial? » La réponse est claire : oui s’ils ont la majorité à l’assemblée nationale ! Et seulement dans ce cas. Autrement, tout continuera sur la base antérieure, et la catastrophe sera au rendez-vous. Les arrêtés pris par des Préfets zélés deviendront applicables; et la machine infernale poursuivra son chemin ! L’UMP, malgré les déclarations fracassantes, ne renoncera jamais à appliquer ses théories sur la « privatisation outrancière ». Et en plus, malgré toute sa volonté de mettre ses actes en conformité avec ses promesses, la majorité présidentielle aura besoin de temps pour modifier la route du paquebot France évoluant au milieu de la tempête européenne. Donner une majorité à la gauche, c’est impératif, et ça passe par un vote massif en faveur des candidat(e)s… Toute voix revenant à l’UMP ou au FN, c’est un pas en arrière sur le chemin de l’espoir.

Or, entre celles et ceux qui ont déjà renoncé à faire l’effort de revenir vers les bureaux de vote et celles et ceux qui n’ont pas assimilé quel est le rôle d’un(e) Député(e), il faut craindre une effondrement de la mobilisation. Il est admis qu’elle touchera davantage la Gauche que la Droite, soucieuse de prendre sa « revanche » et donc, la « motivation » sera, une fois encore, la clé du scrutin. Le vote pour un député est un véritable vote politique qui doit reposer sur une volonté ferme soit de maintenir une majorité dont il est impossible de ne pas connaître les méfaits durant 10 ans, soit de construire une nouvelle majorité dont on sait qu’elle abordera différemment les difficultés ! Certes, on peut douter, ressasser les sempiternelles rancunes, abonder les discours poujadistes sur les parlementaires, et se laisser endormir au moment où il faudrait se révolter, faire ce que Mélenchon appelait la révolution citoyenne, et renvoyer l’UMP vers son destin. Il y a urgence ! La France a choisi le chirurgien qu’elle jugeait le plus apte à effectuer les opérations indispensables, mais il serait dramatique de ne pas lui accorder l’équipe pluridisciplinaire sans laquelle rien ne sera possible ! Le 10 juin c’est la retour en arrière ou l’avancée vers l’espoir… il est urgent que le Président clarifie les choses car le plus dur reste à faire !

 

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Cette publication a un commentaire

  1. Nadine Bompart

    Ça, c’est le rôle des députés en campagne, expliquer ce qui ce joue vraiment.
    Si la Droite veut en faire un prêchi-prêcha local, lui faire barrage en opposant un discours sur le fond, un vrai discours de politique.
    On est pas obligé de tomber dans ses pièges…..
    Mélenchon est candidat à Hénin-Beaumont, face à la le Pen!!!
    Ça c’est de la politique….. programme contre programme, face-à-face des idées et des solutions à proposer, du moins c’est ce que lui va faire! Quand à elle….

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