La première pierre du mur de l'argent est posée

Ah ! Angela Merkel, quelle bonne copine… qui prend soin des intérêts de la France. Le libéralisme, qui constitue son pain quotidien, continue à peser sur l’avenir des pays voisins. Le président-candidat, qui ne cesse de prédire un avenir effroyable sous la gouvernance de la Gauche, a oublié de dire que les spéculateurs l’ont devancé en se positionnant mieux que les agences de notation. Ils ont en effet déjà entamé l’attaque contre la dette française, qui ressemble de plus en plus à un bac de béton attaché aux pieds de François Hollande. Le « marché » a, en effet, lancé une bombe à retardement qui parie sur l’incapacité d’un pays à trouver des financements convenables de ses remboursements, puisqu’il faut obligatoirement emprunter pour payer les emprunts !
Ces contrats à terme, dits « futures » dans le jargon des financiers, ont au départ pour objectif de répondre au souci des investisseurs de se couvrir contre une trop forte variation des prix. Ainsi, un agriculteur qui craint une baisse des prix du blé après la moisson va vendre sa récolte au prix du marché à un instant T, mais plusieurs mois avant la délivrance réelle de l’objet. L’acheteur, qui mise de son côté sur une hausse des prix, ne le paiera que beaucoup plus tard, à la date du terme, ce qui permet d’espérer un excellent rendement. Le système est strictement spéculatif.
Ce n’est pas une nouveauté que la bourse de Francfort a lancé, puisque le « produit a eu son heure de gloire dans les années 90 en… France avec des contrats à terme sur la dette. A l’époque, les obligations du Trésor français évoluaient en parfaite harmonie avec le Bund allemand, et les investisseurs pouvaient donc se couvrir contre une variation des taux français en achetant des « futures » sur la dette allemande. Mais avec la crise et l’augmentation des taux français, il est devenu intéressant de relancer cet outil, en pleine crise de la dette publique. En fait, c’est un pari appelé l’Eurex que la bourse de Francfort a décidé de lancer le 16 avril prochain, soit une semaine pile avant les élections présidentielles, car c’est la semaine durant laquelle les « Spéculations » vont aller bon train, même si les carottes sarkozystes paraissent cuites. C’est donc une tactique parfaitement montée, qui va permettre à des investisseurs de se gaver en quelques heures sur le principe des dettes européennes.
La France est considérée comme une source de profit, dans le contexte actuel, puisque tous ceux qui n’ont pas de dette souveraine pourront en acheter sur ces bases. Selon les analystes spécialisés, leur apparition sur les marchés financiers – comme en 2008 en Italie par exemple- ne s’est d’ailleurs jamais traduit par une plus forte volatilité des cours… et donc n’a en rien amélioré la situation. Certains investisseurs pourraient surtout être tentés de jouer l’écart de taux entre la France et l’Allemagne qui est actuellement important. C’est ce que l’on appelait autrefois la solidarité Merkozy !
En fait, il y aurait une fois encore une intervention ferme des autorités de régulation pour, au moins, reporter la date de cette émission d’un produit financier spéculant sur la dette d’une pays européen. Tout le monde s’en fout, car tout le monde sait à l’étranger que Sarkozy va être obligé de faire ses valises. Le Medef qui honteusement, lamentablement, est devenu plus sarkozyste que la majorité des élus de l’UMP, a ses relais dans les milieux financiers. Il s’agit de donner raison à cette phrase qui tourne autour de la notion de « chaos » dès l’élection de François Hollande. Si le « chaos » ne se crée pas tout seul, les marchés l’organiseront, et surtout lui donneront son importance… L’Europe gangrenée par la logique du profit spéculatif ne va pas admettre le pied de nez que pourrait lui faire le Peuple français. D’ailleurs, celles et ceux qui conservent un brin de logique se souviendront de la manière dont les dirigeants de Droite ont tordu le cou au référendum sur le traité constitutionnel européen. Là, ils utiliseront une autre procédure pour étrangler toute velléité de modification des modalités actuelles de l’économie virtuelle.
C’est après le 6 mai que va vraiment se jouer le changement. La constitution de la majorité parlementaire sera essentielle, et dans le fond, pour la réussite du changement, les législatives prendront une importance capitale. J’espère sincèrement que les électrices et le électeurs le comprendront et prendront le pouvoir… On verra alors qu’elle est le véritable engagement à gauche, car le Président sans un soutien réel, concret, continu des militants aura bien du mal à abattre « le mur de l’argent », une expression qui traduisait, dans les années 20, après la Grande guerre, l’opposition des milieux bancaires et financiers à toute réforme économique et sociale en France. Cette expression fut pour la première fois employée par Edouard Herriot, alors qu’il était chef du gouvernement du Cartel des Gauches en 1924, afin d’expliciter l’hostilité des milieux bancaires et financiers, dont la méfiance aggravait les difficultés financières que connurent son gouvernement (fuite des capitaux, dévaluation du franc, trésorerie publique quasi-nulle, etc). Je suis certain que cela vous rappelle quelque chose maintenant…

Cet article a 4 commentaires

  1. Marae

    Bonsoir, ou bonjour
    À lire et relire tous les billets, articles,…, qui traitent de la « Finance », je reste pantois: qui fait quoi dans le Monde?
    Il est temps de prendre un peu (beaucoup?) de recul sur TOUT ce qui nous est « vendu » depuis … toujours?…, et analyser d’où vient toute cette « comédie économique » dont ON nous rebat les oreilles – en sachant que ON est un pur produit de cette comédie!
    Le Capitalisme – industriel ou financier – serait-il aussi « naturel » qu' »universel »?
    On peut en rire et se gausser, mais, pour faire un « grand ménage », il faut toujours commencer par un coin: après l’Amérique du Sud, la France en 2012…
    Une bonne continuation à toutes et à tous
    Cordialement

  2. Nadine Bompart

    Jean-Marie, vous savez que je vous aime beaucoup, mais là…vous êtes gonflé!
    Venir nous ressortir le référendum sur le traité Européen, alors que l’appareil socialiste militait pour le « oui » et qu’ils n’ont rien fait pour empêcher Sarko de le faire passer via le Traité de Lisbonne…..
    Bien sûr que les spéculateurs vont nous tomber dessus, c’est prévu depuis longtemps, c’est même logique, selon leur logique à eux.
    Mais Hollande « abattant le mur de l’argent’, là, carrément, je rigole…!
    « Audit citoyen de la dette », comme en Amérique du Sud, et re-financiarisation de l’économie Nationale par la BCF, c’est la seule solution si vous voulez abattre les spéculateurs!!!!
    Je n’ai pas vu de telles choses dans votre programme…..

    1. Chère amie,

      Je ne suis pas « gonflé » car en ce qui me concerne j’ai fait campagne pour le non et j’ai voté non… au traité européen et je n’ai donc pas de raison de me considérer comme coupable de quoi que ce soit. La députée dont je suis le suppléant en plein accord avec moi a voté publiquement contre les dispositions européennes. Enfin, ce n’a jamais été « mon » programme mais celui de François Hollande que je soutiens par lucidité, réalisme et efficacité, puisque mon seul objectif reste que la Gauche revienne au pouvoir.
      Pour le reste, je ne juge jamais l’action politique à priori et je constate que vous le faites allègrement. Je regarde seulement ce que Sarkozy (et plus largement, car on l’oublie trop, l’UMP avec ses ministres et ses députés) a fait et ce que la Gauche unie fait sur le terrain au plus près des gens… Les envolées lyriques n’engagent que ceux qui les vendent et j’en suis friand ! La situation est tellement grave que j’essaie pour ma part d’être libre et pragmatique à gauche ! Et c’est dur, mais je ne suis pas mécontent de ma résistance à l’usure !

  3. Nadine Bompart

    Si, « à gauche », ils pouvaient tous être comme vous…..

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