Il y avait la foule au « cocktail dînatoire » offert, juste en face du casino, à plusieurs centaines de participants par une grande banque, dont les caisses régionales doivent, selon le sujet du jour, sauver les « banques européennes ». C’est une habitude historique : rassembler le maximum de « sociétaires » via un buffet haut de gamme offert, après une assemblée générale durant laquelle on affiche une santé resplendissante..Le casse-croûte d’antan a été remplacé par du haut de gamme beaucoup plus en phase avec l’image qu’il faut donner. Il est vrai que, dans ce genre de rencontre, tout le monde connaît tout le monde, puisque les postes dont cooptés et que la participation est extrêmement institutionnelle; et il est toujours intéressant de flâner en écoutant les conversations. Je m’y sens étranger, mais c’est probablement assez normal car je ne suis pas à l’aise dans ces situations où je dois effectuer de la représentation « politique » dans un monde où je suis ignoré et vécu comme un intrus.
Tout le personnel rivalise de sourires et d’amabilité. Il en a l’habitude. Il ne faut surtout pas confondre les « banquiers » et les employés de banque de proximité. En fait, il faut savoir que l’on ne voit plus les vrais « banquiers », car ils se font discrets. Eux ne sont jamais en contact avec le gars qui rame pour que la fin du mois ne débute pas le 15 ou avec l’artisan qui attend le règlement des clients pour honorer les factures de ses fournisseurs. Ils prennent, dans des conférences de direction, les décisions stratégiques en ayant les regards vissés sur la courbe des profits. Leurs décisions échappent la plupart du temps aux » administrateurs » même élus par un système pyramidal qui sert à garantir que le pouvoir n’échappera pas au sérail de dirigeants aux trajectoires soigneusement préparées. Eux expliquent à la base que tous leurs efforts sont tournés vers l’économie « réelle », alors que souvent, au sommet, ils se sont laissés emporter par la virtualité des bénéfices rapides affichables auprès de sociétaires.
Jamais le niveau de l’épargne n’a été aussi élevé en France depuis… 1983, et les produits bancaires trouvent preneur sans difficulté. Mais jamais le niveau des prêts n’a été aussi faible. Les consignes sont simples : plus aucun risque sur le crédit de telle manière que les profits soient au maximum et, nouvelle donne, « sécurisés ». En définitive, c’est devenu la consigne clé dans le monde bancaire !
Une sorte de « messe de masse » placée sous le magistère de Jean-Marc Sylvestre, journaliste en « ménage » comme on dit dans le milieu, illustrait cette situation paradoxale actuelle des milieux financiers. Ils crient famine au plan gLobal, étranglent l’économie réelle, musèlent les investissements des collectivités au nom du manque de liquidités (mais où passe l’épargne massive ?) et, devant un public subjugué, ils affirment que jamais en 2011 la situation n’a été aussi florissante au plan local.
Le directeur de la Bankoa, filiale basque du Crédit agricole, affichait la satisfaction d’être exposé sur seulement 3 % au risque de l’immobilier alors que l’Espagne a été ruinée par cette spéculation. « Nous sommes en très bonne santé car nous restons dans la proximité » expliqua-t-il devant un auditoire conquis. Il souligna au passage que « notre gouvernement (NDLR : gouvernement espagnol de droite) avait bien fait de modifier en profondeur le code du travail (…) Demain il y aura une grève générale très suivie… contre ces mesures, mais elles étaient indispensables ». Inutile de préciser que les « banquiers » ne se gênent absolument pas pour faire irruption, quand ils le veulent, dans le monde social ou politique en répétant, quel que soit leur pays, que bien entendu… ils ne font pas de politique et qu’il faut les laisser libres de gérer comme ils l’entendent leur « entreprise ». Or en Espagne, la crise repart de plus belle, et nul ne peut assurer que l’effondrement du système ne se produira pas avant l’été ! Son homologue de Parma, elle aussi filiale italienne du Crédit agricole, était plus nuancé. « Nous ne sommes ni sauvés, ni condamnés. Le gouvernement Monti a simplement redressé l’image du pays saccagé par le personnel politique (NDLR : Berlusconi !) mais nous restons encore le 4ème pays au monde pour notre niveau d’endettement. Pour notre banque, tout va bien… »
Leur vision de la France est forte. Le message est subliminal : regardez ce que le gouvernement de Droite espagnol et le « technicien » Monti ont fait avant le vote aux présidentielles en France. Sauf que Monti met fortement en cause le duo Merkozy qu’il rend responsable des difficultés de la zone euro. « Cette histoire commence en 2003, lorsque l’euro n’était encore qu’un bébé. C’étaient alors l’Allemagne et la France qui étaient laxistes concernant les déficits publics et les dettes», a-t-il expliqué lors d’un discours prononcé à Tokyo. Le « banquier » a raconté que le Conseil européen avait alors décidé de ne pas pénaliser les deux principales économies de la zone, contrairement aux mécanismes de sanction prévus au départ contre les États non vertueux. «Le Conseil européen, alors dirigé par l’Italie qui en occupait la présidence tournante, (…) a dit que contrairement à la proposition de la Commission européenne (…) l’Allemagne et la France ne seraient pas inquiétées malgré leur déficit dépassant les 3% du Produit intérieur brut», a-t-il souligné. Et les femmes et les hommes dans tout ça ? Ils payent socialement très cher le laxisme du politique à l’égard des « banquiers », les vrais, ceux qui n’ont que l’obsession du profit ! Ils existent. Je les ai aperçus !
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Evident que les banquiers, étant vraisemblablement « de droite » ne font pas de politique !
Tout le monde sait bien que seuls les affreux gens de gauche font de la politique.
A droite, on fait du management et de la gouvernance, monsieur !
Bonjour,
Alors que les syndicats Espagnols manifestent pour sauver ce qui peut être sauvé du code du travail, les banksters se font surprendre avec les doigts dans la confiture. extrait du blog de Georges Ugeux:
« Le scandale qui secoue la City de Londres et le monde financier mondial semble de plus en plus serieux. Seuls des articles sporadiques de spécialistes ont mis en évidence une fraude dont il est encore difficile de connaitre l’ampleur et la gravité.
Le LIBOR n’est autre que le London Interbank Offered Rate. Il s’agit du taux auquel les banques se prêtent entre elles. Il est donc étroitement lié au financement et au fonctionnement de l’un des plus grands marchés au monde : le marché interbancaire, dont la taille est estimée a 90.000 milliards de dollars…Les conclusions sont tellement graves que l’on s’attend à ce que, d’un jour à l’autre, plusieurs traders et banques impliqués dans ce scandale soient poursuivis pénalement… » et une partie de sa conclusion:
« Il y a une certaine hypocrisie dans la manière dont les banques (qui ont toutes fait savoir qu’elles coopèreraient avec les autorités) tentent de faire peser le poids d’une fraude systémique aux seuls traders. Une fraude d’une telle ampleur implique non seulement la connaissance, mais l’approbation des hauts dirigeants des institutions concernées… »
Tirez sur les lampistes, voila une nouvelle fois un bon moyen pour les banksters de sauver l’essentiel… du contenu des coffres.
Bonne journée
L’invitation des représentants de collectivités territoriales fait partie des opérations de lobbying mises en oeuvre par les grands secteurs d’activité. La réciproque est d’ailleurs également vraie.
Mais pourquoi diantre se rendre à une manifestation organisée par un acteur économique dont on désapprouve la politique ? Masochisme ?
J’espère qu’au moins la bouffe était bonne…
Bien. Très bien même.
Mais rappelez-moi quel est le programme du PS contre tout ça ??????
Rien! Nada! Nothing!
Séparer la partie « banque de détail » et la partie « banque d’investissement », c’est-à-dire spéculative, au sein des mêmes groupes, sans changer le principe des méga-banques générales, c’est de la poudre aux yeux!
Même Obama a fait mieux, c’est dire….
Cela restera des « entreprises privées » qui sont là pour faire du profit, point barre.
Résistance!!!!!