Le pire est bel et bien devant nous

Depuis des semaines, les grands d’Europe font semblant de se préoccuper du sort d’une zone euro qui n’existe plus… ou qui au minimum est dans un tel état que, comme sur tous les sujets essentiels, on lui conserve les apparences de l’existence. Le duo « Merkozy », qui a mis sa fausse connivence en sourdine, n’a plus aucun poids sur la fameuse solidarité européenne. Chacun de son côté prépare un éclatement pour l’été 2012, qui serait encore plus rapproché s’il ne fallait pas encore tenter de sauver le soldat Sarko, et les marchés financiers, toujours aussi influents, anticipent cette décision. Notre « président-candidat » tente le tout pour le tout en déclinant des propositions totalement décalées avec la réalité de celles qui ont conduit la France à une distance pour le moins dangereuse du précipice.
Tout l’aréopage UMP, nationalement ou localement, se cache pour éviter d’avoir à justifier l’injustifiable, et concentre ses attaques sur les propositions socialistes et leur porteur. Voici même Guéant qui s’arrange pour associer le FN et « socialistes » dans des propos savamment concoctés pour tenter de raboter les déclarations antérieures, très mal jugées par les « modérés » qui peuvent encore se laisser attraper par le piège à promesses du joueur de poker politique qu’est devenu le chef de l’État français ! Pendant ce déluge de leurres, comme les déploient les militaires pour troubler les radars intelligents, on occulte le problème de la crise désormais souterraine, mais qui ressurgira dans les prochains mois avec d’autant plus de violence que les barrages mis en place se révèleront inutiles.
Qui a par exemple noté et commenté les déclarations du ministre allemand de l’Intérieur, Hans-Peter Friedrich, ayant pour sa part plaidé, dans un entretien publié samedi par l’hebdomadaire Der Spiegel, pour une sortie de la Grèce de la zone euro. Cette annonce n’est pas innocente, et il est certain que la grande copine de notre « candidat et ex-président » n’a pas réprimandé celui qui lance un ballon d’essai ! « Je ne parle pas d’exclure la Grèce (…) mais de parvenir à créer des incitations pour un retrait qui ne puissent pas être déclinées », avait-il affirmé, jugeant « qu’en dehors de l’Union européenne monétaire, les chances de la Grèce de se régénérer et de devenir compétitive sont assurément plus grandes que si elle reste dans la zone euro ». C’est clair, les Allemands ne souhaitent plus vraiment maintenir cette zone euro que bien des politiques de tous les horizons nous avaient vendue comme un véritable rempart contre les avatars des marchés financiers. Ils vont tout faire pour qu’elle soit « régionalisée » et « diversifiée ». D’ailleurs, il existe des indices forts en faveur de cette hypothèse, qui démontrerait que les efforts mortels faits par le peuple grec ont uniquement servi au sauvetage de… leurs prêteurs et qu’ils n’ont servi qu’à retarder une échéance qui aurait mis en péril la crédibilité des banques ! Il fallait seulement leur donner le temps de modifier leur stratégie en plaçant les « billes » récupérées en Grèce dans des lieux plus sûrs !
Du côté du FMI, on se prépare également. Notre rutilante Christine Lagarde reste discrète, car si elle parlait, elle mettrait en fâcheuse posture celui qui l’a faite princesse du monde de la finance. Les autres s’expriment à sa place. Les pays de la zone euro, selon le FMI, devront réexaminer en mars la solidité de leurs structures de soutien. Il s’agira d’une « contribution essentielle dans la réflexion en cours sur la mobilisation de ressources pour le FMI », a dit un responsable. « Nous examinons les options disponibles pour nous assurer que des ressources pour le FMI soient mobilisées en temps utile. » Selon un autre responsable du G20, les rédacteurs du projet de communiqué final ont intensément débattu de la nécessité de qualifier la décision de la zone euro d' »essentielle » ou d’ « importante ». La nuance est de taille… et la France peut être rassurée, son Président a donné des consignes à Baroin : « importante » suffira car « essentielle » sonnerait le tocsin.
En France, on a tout oublié : 5 ans de réformes strictement idéologiques prônées par des ultra-libéraux venus du Club de l’Horloge. Patrick Artus, professeur à Paris I et économiste déplore un traitement « stupide » du cas grec, « une absurdité totale » : « Il aurait mieux valu donner le problème au FMI dès le départ. Ça aurait coûté moins cher ». S’il est optimiste à court terme, il est pessimiste pour l’avenir. « Ce que nous faisons aujourd’hui tue la croissance de la zone euro à long terme ». Il craint une double baisse des investissements : de la part des entreprises, qui ne veulent pas s’endetter, et de la part des États, qui réduisent les investissements en recherche et développement. Ainsi qu’une erreur de casting avec les banques, car « ce n’est pas leur métier de financer les États ». « Ce qui nous sauve aujourd’hui », insiste-t-il, « aura des conséquences horribles demain ». Vous voici prévenus… mais apparemment, dans les chaumières où vivent terrés les retraités légitimistes, il y a encore du boulot !

Cette publication a un commentaire

  1. Nadine Bompart

    Il n’y a pas que le soldat Sarkosy à sauver, élection en 2013 en Allemagne!
    Quand à l’avenir, avec un PS qui s’abstient au vote du MES au Parlement…….!
    La Grèce sortie de l’euro ? C’est une évidence, et depuis longtemps!!!!
    La seule bonne nouvelle ? La « gauche de la gauche » réuni aujourd’hui plus de 40% des intentions de vote. S’ils arrivent à se regrouper, ils remporteront l’élection, et plus celle-ci est reportée, plus ils progressent!!!
    Une remis à plat totale du pays, hors zone euro, voire même hors Europe, passant par un audit public de la dette est leur seule chance de s’en sortir!!!!
    Puissions-nous un jour les suivre…..

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