Lorsque l’on voudra bien faire un bilan objectif des multiples réformes annoncées à grand renfort de communication durant le mandat de l’UMP, on s’apercevra que toutes les « montagnes médiatiques » on accouché de « souris réelles ». Plus aucune d’entre elles ne correspond à sa présentation. Aucune d’entre elles n’a atteint ses objectifs et plus encore, aucune d’entre elles n’a pas été néfaste pour la gouvernance générale du pays. Il serait véritablement utile que le candidat du PS fasse réaliser par un organisme indépendant un simple tableau avec 3 entrées : annoncé, voté, réalisé et conséquences. Il en va ainsi de la réforme territoriale qui devait, selon ses promoteurs, rationaliser le « mille-feuilles » territorial.
Dans tous les départements, après plus de deux ans d’injonctions, de palabres, de propositions, de contre propositions, de milliers d’heures de discussions, les schémas départementaux de coopération intercommunale ont débouché sur des catalogues de mesures qui auraient toutes pu être prises par une simple concertation menée avec les élus locaux, pas si irresponsables et débiles que veulent bien l’affirmer les grands penseurs issus des grands corps de l’État. Une preuve manifeste de la vanité de ce gouvernement et de son mentor, qui a lancé des « réformes » uniquement pour démontrer au bon Peuple qu’il s’agitait en permanence dans le bon sens. Bien évidemment, il se trouvera des « fans intégristes » toujours prêts à transformer une grenouille réformatrice en bœuf modificateur, mais… absolument aucune mesure n’améliorera, nulle part, le service rendu aux populations. Au contraire, dans bien des cas, elle va simplement encore plus déconnecter le citoyen de la proximité de gestion de son quotidien, auquel il est viscéralement attaché.
En augmentant la surface de certains territoires, en noyant le pouvoir local dans des entités ingouvernables de plusieurs dizaines de représentants, en éloignant les lieux de décision, on a tout simplement, sur certains espaces, signé la mort par consentement d’élus abusés, de la démocratie participative locale. On aura, à terme, la même réaction des habitants que celle que l’on enregistre pour cette Europe, lointaine, abstraite, placée sous le signe de la gestion matérielle, et déconnecté de tous les rapports humains si précieux. Celles et ceux qui étaient déjà les plus faibles ont payé l’addition d’une réforme, uniquement conçue comme un alibi à la reprise en main, partiellement avortée, par les représentants de l’État, sur les élus locaux. Que voulez-vous que pèse, à l’échelle des enjeux actuels, une cellule « humaine » de 1 000 ou 2 000 habitants ? Et que penser de celle qui n’en fait que quelques centaines ou quelques dizaines ? En fait, le « système » a admis sans barguigner que l’on puisse disposer des structures, sans qu’à aucun moment les habitants se soient prononcés sur leur sort.
Qui peut assurer, en Gironde, qu’un Maire non élu sur les bases de la réforme, quitte une intercommunalité dont les services sont à deux ou trois kilomètres, pour aller rejoindre une autre intercommunalité dont les services sont à… 25 kilomètres de là ? Sur quelles bases, à part des calculs politiciens, et surtout sous la contrainte d’une loi aussi inefficace que finalement inutile? En fait, les Schémas départementaux de coopération intercommunale « croupions », car basés sur le plus petit dénominateur commun, illustrent à merveille le mandat écoulé de ce Chef d’un État qui décrète toujours à contre sens et en dépit de toutes les mises en garde de gens qu’il méprise profondément.
Dès les prémices, j’ai condamné cette loi sur la réforme territoriale. Dès le début, j’ai condamné l’autre loi sur la réforme fiscale des collectivités. Toutes deux auront coûté très cher à la Nation, à cause des compensations vers les collectivités de la TP prises sur les impôts des ménages, ou pour la mise en branle des services de l’État, pourtant submergés, pour faire des schémas, inutiles en fin de compte.
Dès le début, j’ai réclamé que des référendums d’initiative locale soient organisés pour valider les « contraintes » mises sur les communes par des révisions abusives des intercommunalités. Dès le début, j’ai souligné que les « métropoles » ou les « communes nouvelles » constituaient des foutaises compliquant le paysage institutionnel en un moment où il n’en n’avait pas besoin. A de multiples reprises, j’ai rappelé que la réforme fiscale aurait trois effets pervers : le transfert sur le pouvoir d’achat des ménages du manque à gagner des collectivités ; la mise sous tutelle des collectivités par des dotations fixées par l’État ; la baisse des investissements qui conduirait au chômage tout le secteur du BTP… Nous y sommes, et sur ces trois points les faits sont irréfutables, mais dans le fond, rares sont les citoyennes et les citoyens qui cherchent à comprendre. Personne ne s’indigne vraiment chez les élus « apolitiques de droite », ravis de ces réformes en public, et au moins « mal à l’aise » en privé. Ils n’ont même pas la moindre idée des conséquences des tripatouillages auxquels ils se sont livrés. Ils n’ont aucune estimation, pour les contribuables, des coûts de leurs décisions. Or ils ont mis en péril leur propre devenir ainsi que les services destinés à leur population. Tout ça pour des réformes qui n’ont que des visions idéologiques.
La seule certitude, c’est que si personne ne se bouge en 2012, dès 2013 c’est une certaine idée de la République qui partira en lambeaux, car le temps des arrangements sera terminé et les compromissions de 2011 légitimeront tous les coups tordus ! Retenez ça : 2013, pas 2012 !
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Le langage employé par le pouvoir pour s’adresser aux Maires de France n’a d’égal que l’ordonnance du docteur, que seul est capable de lire le pharmacien.
Nous nous en sommes toutes et tous remis à l’appréciation de nos Maires pour valider les réformes, comme matelots idiots incapable de prendre la barre du navire si le capitaine venait à se blesser.
Il faut avoir travaillé sur de petites unités pour comprendre ou se trouve la marche avant, la marche arrière, et comment fonctionne le gouvernail …
Il semblerait que tous les petits navires n’ont plus la coque à la mer, mais sont posés de force sur le pont d’un immense porte conteneurs qui fait route où bon lui semble.
Il ne nous reste plus que les chaloupes de secours, ou d’abordage (!) pour espérer un peu sentir à nouveau la houle et les embruns.
Tant pis pour le confort froid des cales du navire amiral, j’y préfère ma liberté, et il semblerait que je ne sois pas seul !
Tant pis pour le drapeau, une myriade de petits pavillons noirs finiront bien par faire une troupe, et une nation !